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Lettre ouverte à l’Ambassadeur du Brésil en Haïti

" Le président Lula, ancien syndicaliste d’idéologie social-démocrate et donc proche des couches pauvres de la population brésilienne est-il prêt à cautionner l’application de la politique néolibérale en Haïti, responsable de la misère et de la détresse du peuple haïtien que la force intérimaire viendra faciliter et renforcer. "

Lettre ecrite par le MODEP

Soumis a AlterPresse le 27 mai 2003

Monsieur l’Ambassadeur,

Après le départ d’Haïti du président Jean Bertrand Aristide sous la poussée de la mobilisation populaire le 29 février dernier, un processus d’occupation de notre pays est entamé par une force militaire multinationale sous commandement américain. Nous du MODEP, avons connaissance que, sous l’instigation du gouvernement français, le Brésil à l’expiration du mandat américain, prendra la tête de la force onusienne qui sera en Haiti au début du mois de juin.

Le Mouvement Démocratique Populaire (MODEP) dénonce ce projet et condamne l’appui que le Brésil compte apporter à la stratégie impérialiste élaborée par les grandes puissances en Haïti, en particulier les Etats-Unis et la France.

Le président Loula, ancien syndicaliste d’idéologie social-démocrate et donc proche des couches pauvres de la population brésilienne est-il prêt à cautionner l’application de la politique néolibérale en Haïti, responsable de la misère et de la détresse du peuple haïtien que la force intérimaire viendra faciliter et renforcer. Irait - il à l’encontre de la volonté du peuple brésilien lui-même dont un récent sondage a révélé que 70 %, par solidarité avec le peuple haïtien, sont hostiles au projet ?

Le Brésil peut vouloir se construire un certain leadership dans le Tiers - Monde, cela est légitime, cependant il a choisi une manière qui ne fait pas du tout honneur à sa diplomatie. S’il compte mettre à profit la passion du peuple haïtien pour son football comme monnaie d’échange à son intervention dans nos affaires internes ; celui-ci saura, le cas échéant, faire la différence entre son admiration pour quelques virtuoses du ballon rond et son attachement à la souveraineté nationale.

S’il met son projet à exécution, dans le cadre des manifestations de protestation que le MODEP entreprendra à côté d’autres organisations contre l’occupation, il ne fera aucune distinction entre une stratégie impérialiste de grande puissance et une stratégie impérialiste de seconde zone, tous les occupants seront considérés et traités comme tels. En tout cas, en se mettant à l’école de l’impérialisme, le Brésil, à travers ses dirigeants, doit se mettre à l’esprit qu’il est en train de créer un dangereux précédent en s’exposant, un jour, à en être victime, comme n’importe quel pays du Tiers - Monde.

Port-au-Prince le 15 Mai 2004

Pour la Coordination du Mouvement Démocratique Populaire :

Yves Barthélemy

Frantz Moise

Samuel Régulus