Correspondance Ethzard Cassagnol
Fonds-Verrettes, 18 févr. 2013 [Alter Presse] - - - A Fonds-Verrettes et dans ses localités, la coupe systématique des arbres continue de servir d’expédient pour les riverains, observe l’agence en ligne AlterPresse.
Frappés durement par les cyclones, les habitants s’acharnent sur la nature.
Paradoxalement, le bois coupé représente la rançon des pertes agricoles encourues.
Phénomène de plus en plus complexe, le déboisement prend plusieurs formes dans la zone frontalière de Fonds-Verrettes.
Il est, par exemple, le fait du remplacement de certaines cultures par d’autres, jugées plus rentables. De cette manière, les caféiers sont, depuis quelques années, des cibles privilégiées.
L’abattage des caféiers, par des habitants de Fonds-Verrettes, a pour but principal l’accaparement de terres agricoles pour la plantation de produits maraîchers, considérés comme plus rentables, depuis la chute du prix du café, ces dernières années, sur le marché international.
Désastre environnemental et suicide collectif de manière effrénée
Les terres, remplacées par les cultures de pommes de terre, de choux, ou de maïs, font de grands torts à l’environnement, creusant des ravins, emportant les sols, ensablant les terres en aval.
La destruction des caféiers a des répercussions sur la culture de la banane, laquelle disparait progressivement, relève Fanel Sanozier, un habitant de la zone.
La pratique du déboisement s’opère particulièrement dans les localités, situées sur la ligne frontalière de Fonds-Verrettes, à l’image de Majon, Palmis Tanpe, Trois marres, Ma sitwon, Mabriyòl, Gwo Ma, Bwa Nègès, Madouble, Boukan Fèdinan, Chapoten, Boukan Chat.
« La fabrication du charbon est la principale activité de la population de la frontière, depuis le passage des cyclones Isaac et Sandy. Quand il y a patrouille sévère des soldats dominicains, la zone sombre tout-à-coup dans une faim terrible », signale un paysan de la localité Ma Sitwon, qui a tenu à rester anonyme.
« Nous n’avons pas d’autres moyens pour vivre. C’est la seule façon (pour nous) de nous organiser et de trouver un mieux-être à notre famille », ajoute t-il.
Les habitants marchent plus de dix (10) kilomètres en terre dominicaine pour abattre des arbres, témoigne, pour sa part, un habitant de BouKan Fèrdinan.
« C’est toujours sous la menace des soldats dominicains que les paysans coupent les arbres et parfois même transportent les arbres en terre haïtienne pour fabriquer le charbon », d’après cet habitant.
La présence des soldats dominicains n’est pas toujours efficace. Car, la coupe des arbres continue des deux côtés de l’île.
La sécheresse actuelle à Fonds-Verrettes serait la conséquence du déboisement effréné dans la zone frontalière, estiment plusiuers paysans interrogés par AlterPresse.
Adieu la forêt…
Un autre arbre n’est pas épargné par le déboisement.
Il s’agit des pins.
Les racines de pins, dessouchées, sont exploitées pour accaparer les parties grasses, lesquelles sont destinées à l’allumage du feu de bois et du charbon de bois dans des demeures haïtiennes.
Les souches exploitées, qui se rencontrent dans les marchés locaux, gagnent aussi les différents marchés publics de Port-au-Prince
Un homme peut déraciner 3 à 4 souches par jour, selon la taille, pour les vendre au marché, témoigne Roger Dormilus, un paysan de la zone de Gros Cheval.
« C’est la misère, causée par le passage des deux derniers cyclones (Isaac et Sandy) de l’année 2012, qui a provoqué ce phénomène », croit Dormilus.
Qu’il s’agisse de la zone d’Oriani, de Gros Cheval, de Boukan Chat, de Tisous, Twou Wòch, du morne La Selle et de toutes les localités de la foret des pins, on rencontre régulièrement des individus qui exploitent, d’une manière désordonnée, les racines de pins grasses.
La coupe anarchique des pins, l’incendie de vastes surfaces, des terres accaparées pour l’agriculture, la construction anarchique de maisons, l’exploitation du sable pour la construction de maisons, de citernes et de routes, font déjà de grands torts à Mapou, à Fond Verrettes et à Jimani en République Dominicaine.
Quand il pleut, les eaux de ruissellement - qui viennent de la zone de Bwa Nègès, inondent toujours des plantations à Laflori, une zone agricole à la frontière dominicaine.
Cela énerve des Dominicains, affirme Caristal Caristil, un habitant de Bwa Nègès.
Des Dominicains, qui manifestent leur désapprobation, essaient d’agir....
Côté haïtien, c’est le silence.
La population nationale, décapitalisée après les intempéries de 2012, ne demande pourtant que des alternatives. [ec kft rc apr 18/02/2013 8:50]