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Haïti-Minustah : Progrès trop lents sous l’actuelle administration politique, dixit Nigel Fisher

A propos d’Haiti, une impression d’impasse prédomine au conseil de sécurité de l’Onu

L’impasse dans l’organisation des élections cristallise la déception des amis d’Haïti...

Nécessité d’une feuille de route pour les prochaines années...

P-au-P, 15 févr. 2013 [AlterPresse] --- « Les amis d’Haïti » (pays donateurs et autres bailleurs internationaux) sont déçus et préoccupés par les progrès lents du pays en matière politique et socio-économique, selon une intervention, en conférence de presse ce 15 février 2013, de Nigel Fisher, nouveau représentant spécial du secrétaire général des Nations Unies et actuel chef de la mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah).

Présent depuis plus de trois ans en Haïti, ayant une expérience dans le domaine du développement, de la sécurité et la résolution de conflit, le diplomate canadien Nigel Fisher a une certaine connaissance des acteurs du pays.

Déception de la communauté internationale

Préoccupation et une certaine frustration (sur la réalité en Haïti) sont les sentiments communs, auxquels le diplomate affirme être confronté.

« Il y a un an [en 2012], nous célébrions des succès, pour la création du pouvoir judiciaire, la publication des amendements constitutionnels et l’amélioration de la sécurité. Mais, aujourd’hui, l’impression générale - qui prédomine au sein des membres du conseil de sécurité et des amis d’Haïti - est c’est celle d’une impasse », renchérit Fisher.

Il fait référence notamment à un taux de croissance de 8%, annoncé par le gouvernement haïtien, alors qu’il est parvenu à atteindre pas plus de 2%.

Le problème est bien plus large, on ne peut pas toujours blâmer les investisseurs étrangers pour leur lenteur.

Fisher signale aussi une certaine indécision chez les « amis d’Haïti » et les investisseurs potentiels, en ce qui concerne la possibilité de faire des affaires dans le pays, souhait du gouvernement actuel.

D’autres amis d’Haïti ont manifesté leur préoccupation autour du traitement du pouvoir judiciaire, des dispositions institutionnelles attendues pour que la justice puisse faire son travail de manière indépendante et que les garanties de procédures soient respectées, ajoute Fisher.

« Il y a une question qui domine le discours et qui cristallise la déception des amis d’Haïti : c’est celle de l’impasse dans l’organisation des élections. Or, dans les Constitutions d’Haïti, les sénateurs (élus en 2006) doivent laisser leur poste avant la tenue des élections. Nous voila aujourd’hui à treize mois de retard, alors que les élites du pouvoir cherchent encore à retrouver un consensus », déplore le nouveau chef ad intérim de la Minustah.

Qualifiant d’ "un pas en avant" l’accord conclu, le 24 décembre 2012, entre les deux branches du parlement, le gouvernement, ainsi que le groupe "Religions pour la paix" ayant servi de médiateur pour le débat, pour la mise sur pied d’un collège transitoire du conseil électoral permanent, Fisher bémolise, en avançant que cet accord n’a pas encore fait ses preuves.

Aussi, encourage-t-il les trois pouvoirs de l’État à continuer sur cette lancée, en prenant toutes les dispositions qui leur permettront de s’entendre sur la nomination des neuf membres de l’appareil électoral.

Une feuille de route nécessaire

L’idée, pour l’instant, est de mettre en œuvre une feuille de route pour les prochaines années, laquelle devrait définir clairement un ensemble limité de priorités de la Minustah afin de promouvoir la stabilité et la sécurité, de renforcer l’état de droit, le respect des droits humains et de la bonne gouvernance.

Cette feuille de route établirait, de manière transparente, les conditions dans lesquelles la Minustah pourrait poursuivre la réduction de ses effectifs.

Ladite feuille de route devrait être incluse dans le rapport du secrétaire général de l’organisation des Nations Unies (Onu), qui sera examiné par le conseil de sécurité le vendredi 8 mars 2013.

De concert avec le gouvernement de Laurent Lamothe, la Minustah compte finaliser cette feuille de route durant la semaine prochaine, pour permettre d’évaluer ensemble les progrès.

A cet effet, Nigel Fisher fixe quatre priorités centrales pour cette feuille de route.

D’une part, c’est de renforcer la sécurité du pays, notamment en augmentant, en nombre, en qualité et en capacité, les agentes et agents de la police nationale d’Haïti (Pnh).

Ensuite, de renforcer l’autorité du conseil électoral (Fisher parle d’une institution électorale "permanente") pour qu’il assume une pleine responsabilité dans l’organisation et la tenue des élections futures.

Il s’agira également de renforcer la culture de l’État de droit en soutenant le renforcement des bases fonctionnelles et responsables, de soutenir plus largement les reformes administratives.

Finalement, dans le domaine de la bonne gestion publique, il conviendra de soutenir le renforcement des institutions de l’État à travers des réformes politiques essentielles et des mécanismes décentralisés. [jep kft rc apr 15/02/2013 14:30]