P-au-P, 08 févr. 2013 [AlterPresse] --- Sur le report sollicité par les avocats de l’ex-dictateur Jean-Claude Duvalier (1971 - 1986) - qui a boudé sa convocation (du jeudi 7 février 2013), mais a envoyé une lettre à la cour pour signifier les motifs de son absence -, le juge de la cour d’appel Jean Joseph Lebrun a fixé sa deuxième comparution personnelle à l’audience du jeudi 21 février 2013, dès 10:00 am (15:00 gmt).
Vers les 11:00 am (16:00 gmt), ce 7 février 2013, le dossier de l’ex-dictateur Jean Claude Duvalier a été mis sur le tapis, alors que, devant l’entrée principale du parquet de Port-au-Prince, des jeunes - en majorité munis de pancartes - réclamaient justice pour une famille ou un proche, victimes durant le régime des Duvalier (1957 - 1986).
A l’intérieur, il y avait la voix des avocats de Duvalier dans la première salle d’audience de la cour, tranchante, sans concession, refusant de donner la parole à la partie civile.
En exécution de l’arrêt, Me. Jean-Joseph Exumé, l’avocat de la partie civile, a demandé de fixer irrévocablement la comparution de Jean-Claude Duvalier à la prochaine audience de la cour, sous peine d’être contraint par corps.
Ils étaient plus d’une dizaine de victimes à assister à l’audience du 7 février 2013, date symbolique marquant le 27 e anniversaire de la chute du régime dictatorial.
« Le plus important c’est que, ce 7 février 2013, il y avait eu une convocation. Le collectif contre l’impunité, les organisations de défense des droits humains ainsi que les plaignants se sont présentés pour plaider leur cause, parce que ce sont eux qui ont perdu leurs familles, leurs mères, leurs pères, leurs sœurs et frères, leurs enfants, qui ont passé des années en prison », souligne Danièle Magloire, membre du collectif contre l’impunité.
Magloire en profite pour dénoncer la stratégie du conseil de la défense de Duvalier, consistant à contester la partie civile, à garder le monopole des discours, pour éviter de toucher le point important, à savoir les plaintes des victimes.
Justement, Denise Prophète, l’une des victimes, présente à l’audience du 7 février 2013, affirme sa détermination à continuer la lutte pour obtenir justice. Denise Prophète a été libérée le 21 septembre 1977, après quatre ans et sept mois d’emprisonnement au cours desquels elle a été torturée.
« (…) parce que, j’ai tellement souffert. Il faut que le peuple haïtien connaisse l’histoire, ce qui s’est passé. Jean-Claude Duvalier doit reconnaître les crimes abominables perpétrés sous son régime de violations de droits humains », affirme Prophète.
Contrairement à Jean-Claude Duvalier, objet de plaintes aujourd’hui, elle n’a jamais été entendue devant un tribunal. Après son arrestation, elle a subi des sévices de sbires du régime, à l’instar de milliers d’anonymes réprimés durant 29 ans de dictature. [jep kft rc apr 08/02/2013 10:45]