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Haïti-Duvalier : La justice doit dire son mot

P-au-P, 07 févr. 2013 [AlterPresse] ---- Des organisations nationales et internationales, dont la Concertation pour Haïti, la Plate-forme Haïti de Suisse, Amnesty International et le Collectif contre l’impunité, réclament le jugement de l’ancien dictateur haïtien Jean-Claude Duvalier pour crimes contre l’humanité.

L’ancien « président à vie » autoproclamé, qui a abandonné le pouvoir le 7 février 1986 et s’est enfui du pays, ne doit pas échapper à la justice et doit répondre de sa responsabilité présumée dans les crimes contre l’humanité, perpétrés pendant qu’il était au pouvoir, souhaite Amnesty International, dans un communiqué transmis à AlterPresse.

Duvalier doit être auditionné, ce jeudi 7 février 2013, date marquant le 27 e anniversaire de sa chute et la fin d’une dictature de 29 ans.

Plusieurs organisations craignent une tentative de blanchir Duvalier le jour même de son renversement à la tête du pays (1971-1986).

L’audience a déjà été reportée, le jeudi 31 janvier 2013, lorsque Jean-Claude Duvalier ne s’est pas présenté devant le tribunal. Cette audition à la cour d’appel, qui avait été prévue initialement le jeudi 24 janvier, ne pouvait pas se tenir en raison de la mort du juge Enock Voltaire.

Lors de cette nouvelle audience ce jeudi 7 février 2013, le tribunal se penchera sur une requête, introduite par des victimes et des familles de victimes, ayant pour objectif de faire infirmer une décision précédente, selon laquelle il n’y aurait pas d’enquête sur la responsabilité présumée de l’ancien dirigeant dans les crimes qui lui sont reprochés.

En janvier 2012, le juge d’instruction chargé de l’affaire, Carvès Jean, avait décidé de juger l’ancien président pour détournement de fonds publics uniquement, affirmant que les crimes contre l’humanité, qui lui sont reprochés, étaient prescrits aux termes du droit haïtien.

« Les normes internationales, en matière de droits humains, sont très claires pour les cas comme celui-ci. Aucune prescription ne s’applique aux crimes, tels que la torture, les exécutions, la détention arbitraire et les disparitions forcées », rappelle Javier Zúñiga, conseiller spécial auprès d’Amnesty International.

Les responsables présumés de ces crimes ne peuvent bénéficier ni de grâces ni d’amnisties, ajoute-t-il, précisant que les victimes doivent recevoir des réparations.

La justice haïtienne apportera la preuve de son professionnalisme et de son indépendance dans l’affaire Jean-Claude Duvalier, moyennant le respect de la procédure dans le cadre de ce recours, notamment en examinant, de manière approfondie, tous les éléments recueillis et en écoutant les témoignages de toutes les victimes, fait valoir Javier Zúñiga.

Des avocats, représentant les victimes, ont déploré plusieurs vices de procédure jusqu’à présent, notamment en ce qui concerne le fait que tous les demandeurs n’aient pas été notifiés de la tenue des audiences, souligne Amnesty International .

De leur coté, la Concertation pour Haïti et la Plate-forme Haïti de Suisse disent partager les craintes, relatives au non-respect des droits des victimes, exprimées en Haïti par le Collectif contre l’impunité (cf. communiqué du 3 février 2013).

Elles appuient l’appel du Collectif contre l’impunité qui estime impératif que la société haïtienne, les organisations de solidarité internationales et la communauté internationale, en particulier ses instances de droits humains, expriment leur soutien au difficile combat que mènent les victimes de la dictature Duvalier pour faire échec à l’impunité et au révisionnisme.

« Ce combat est celui de la construction d’un État de droit démocratique, où les libertés et les droits fondamentaux sont effectivement garantis, notamment par un pouvoir judiciaire impartial, indépendant, soucieux de l’intérêt général et donc de la vérité », signale le Collectif dans son communiqué.

Objet, depuis début 2011, d’une vingtaine de plaintes, dont la moitié pour crimes contre l’humanité, Jean-Claude Duvalier avait bénéficié d’une ordonnance écartant les poursuites contre lui.

Mais les plaignantes et plaignants ont fait appel, en février 2012, contre ladite ordonnance.[emb gp apr 07/02/2013 02:30]