P-au-P, 5 fév. 2013 [AlterPresse] --- L’International Crisis Group appelle le gouvernement actuel à poursuivre le dialogue avec les secteurs politiques, sociaux et économiques du pays en vue d’un consensus national, indispensable pour l’avancement d’Haiti et de meilleurs rapports avec la communauté internationale.
« Sans un pacte national, Martelly risque malheureusement de signer l’échec de sa présidence et Haïti de subir l’abandon de la communauté internationale », augure l’organisme international de prévention et de résolution de conflits, dans un rapport publié sur son site le 4 février 2013.
Le gouvernement doit adopter des compromis en rejetant les rivalités pour que les institutions puissent fonctionner efficacement, recommande l’International crisis group, invitant le pouvoir à renoncer à la confrontation comme stratégie de résolution de conflits.
Il convient d’identifier une institution ou un mécanisme national de confiance comme le groupe œcuménique « Religions pour la paix », pour fournir, avec un partenariat international, des directives sur les règles de lancement d’un processus de dialogue global et d’établissement de mécanismes efficaces mettant en œuvre ses conclusions, conseille t-il.
L’attitude intransigeante des trois représentants contestés du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (Cspj) à l’institution électorale [Patrick Métellus, Yves Benoit Jean-Marie et Salnave Exantus] a porté la « Plateforme religions pour la paix » qui faisait office de médiateur entre les différents pouvoirs à se retirer dans la recherche d’une issue à cette crise de légitimité.
L’apport de la plateforme dans ce processus de médiation avait permis d’aboutir à la signature, le 24 décembre 2012, d’un accord entre l’exécutif et le parlement sur la création d’un « Collège Transitoire du Conseil Électoral Permanent » devant réaliser les prochaines joutes électorales.
La situation de crise du Conseil a entraîné, le 9 octobre 2012, l’élection de 3 nouveaux représentants du Cspj [Léopold Belanger, Applys Félix et Marie Carole Floréal Duclervil] sans pour autant régler la situation des 3 premiers membres déjà installés.
Le Cspj continue de chercher une solution pour tenter d’obtenir la démission des 3 premiers représentants contestés.
l’International crisis group préconise la prise en compte des élections comme point de départ en se mettant d’accord sur les conditions d’un processus électoral libre, juste, transparent et donc crédible, scellées dans un pacte accepté par tous les partis.
Ce pacte doit inclure le président de la République, Michel Martelly, le premier ministre, Laurent Lamothe, la législature et l’institution de supervision des élections, précise t-il.
Les retards persistants enregistrés dans l’organisation d’élections libres et équitables pourraient bien être, dans l’immédiat, le plus grand des défis à relever, souligne t-il.
Afin d’amorcer le changement promis, Martelly devra consolider l’accord fragile conclu à la veille de Noël 2012 afin qu’une institution électorale crédible organise rapidement les élections sénatoriales partielles, municipales et locales, maintes fois repoussées, fait remarquer Crisis Group.
Ces élections locales, municipales et sénatoriales partielles devaient avoir lieu en novembre 2012.
Récemment, le Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations-Unies (Onu) a souhaité « la tenue d’ici à la fin de 2013 d’élections libres, régulières, sans exclusive et crédibles » signalant qu’elles entretiendraient « la stabilité politique » tout en créant « un climat propice au développement socioéconomique ».
En plus de mettre fin à l’imbroglio autour des élections, il faut des réformes supplémentaires en vue d’éviter l’immobilisme politique durant le mandat de Martelly, avertit l’International crisis group.
En vue de diminuer les tensions politiques entre les pouvoirs exécutif et législatif, le président Martelly doit faire preuve de respect de la constitution en évitant les actions comme les nominations directes aux postes publics qui exigent une élection et annuler toute nomination qui viole cette règle, souhaite t-il.
La nomination de nouvelles commissions communales avait soulevé la grogne des partis d’opposition et des organisations citoyennes qui jugent illégales ces dispositions.
L’International crisis group appelle les partis politiques à adopter des initiatives pour consolider les groupes parlementaires en blocs stables, construits autour de politiques plutôt que d’intérêts individuels.
De son côté, la communauté internationale doit s’engager à soutenir la mise en œuvre d’un accord national entre les Haïtiens pour répondre aux défis de développement et de gouvernance, à condition qu’il soit fondé et sur le dialogue, le compromis et le consensus politique, préconise l’International Crisis Group.[emb kft apr 05/02/2013 11 :05]