P-au-P, 29 janv. 2013 [AlterPresse] --- Alors qu’Haïti assure, depuis ce mois de janvier 2013, la présidence de la Communauté caribéenne (Caricom), le rectorat de l’Université d’État d’Haïti (Ueh) et le comité de mise sur pied d’une académie de la langue créole appellent le chef de l’État, Michel Martelly, à demander que le Créole, plutôt que le Français, soit l’une des langues officielles de l’organisation régionale.
Martelly a, paradoxalement, demandé en 2011 que le Français soit, à coté de l’Anglais, une langue officielle au sein de la Caricom.
Mais, pour le rectorat de l’Ueh et le comité de mise sur pied d’une académie de la langue Créole, ce choix n’a aucun fondement.
« En réalité, il n’y aurait aucun problème si Haïti propose le Français comme langue officielle de la Caricom, parce qu’il s’agit de l’une des langues officielles du pays. Mais avec qui Haïti va-t-elle communiquer en Français à l’intérieur de la Caricom ? », se demandent les deux institutions dans une lettre ouverte transmise à AlterPresse.
En effet, si l’Anglais a été choisi comme langue officielle c’est bien en raison du nombre de pays membres qui l’utilisent. Les deux entités soutiennent que le Créole doit arriver en second, puisqu’il est parlé par 61% de la population de la Caricom.
En revanche, Haïti est le seul pays de l’organisation à avoir le Français comme langue officielle.
Le choix du président Martelly « au lieu d’apporter la fierté et des avantages au pays, créera plutôt de la confusion entre Haïti et les autres membres de la Caricom », concluent le rectorat et le comité de mise sur pied d’une académie de la langue Créole.
Haïti, Sainte Lucie et la Dominique, qui ont le Créole en partage, s’étaient entendues le 30 avril 2012, lors d’un atelier à Port-au-Prince, pour former un bloc créolophone, rappellent le rectorat et le comité de mise sur pied d’une académie de la langue Créole.
Les pays membres de la Caricom s’étaient mis d’accord pour parler leur langue nationale, dans un document de principe adopté le 14 janvier 2011.
Le rectorat et le comité de mise sur pied d’une académie de la langue Créole affirment avoir déjà précisé leur position au chef de l’État dans une correspondance en date du 20 novembre 2012.
Martelly n’y a pas donné suite.
Haïti assure la présidence de la Caricom depuis le début de l’année 2013.
C’est le moment où jamais de donner au Créole haïtien, utilisé par environ 13 millions de personnes dans le monde, la place qu’il mérite, soulignent les deux institutions. [kft gp apr 29/01/2013 09:40]