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Haïti-Rentrée parlementaire : Le président Martelly dit vouloir passer de l’assistanat à l’investissement

P-au-P, 14 janv. 2013 [AlterPresse] --- Le président Michel Martelly réaffirme sa volonté de relever son « pari difficile » de passer de l’assistanat à l’investissement tout en annonçant les grands chantiers et défis de 2013, lors de son discours traditionnel prononcé à l’occasion de la rentrée parlementaire ce lundi 14 janvier.

Obéir à la Constitution et œuvrer à la bonne entente entre le Législatif et l’Exécutif, c’est sous ce signe que Martelly inscrit son intervention réalisée quelques minutes seulement après un concert de sifflets qui a chassé son premier ministre Laurent Lamothe, venu présenter son bilan au parlement.

Trois ans après le seisme, avec un processus de reconstruction moribond et une année 2012 difficile entre insécurité et scandales politiques, le chef de l’Etat a reconnu que la « situation du pays exprimée à travers des statistiques alarmantes […] interpelle notre conscience de citoyens haïtiens, de responsables tout court ».

Mais pour lui et non sans un grain d’optimisme, ses dix neuf mois au pouvoir constituent une aune pour mesurer « la vigueur de [son] engagement ».

« Notre ambition en 2013 est de continuer à mieux faire pour affronter les défis qui se présentent devant nous », déclare Michel Martelly, d’une voix posée qui tranche avec le personnage que sa carrière de musicien, et ses premiers mois comme président ont habitué le public.

Martelly pose ses mises

« L’économie haïtienne devrait se maintenir sur une trajectoire de croissance modérée », annonce le président qui dit miser en 2013 sur les secteurs de la construction, du tourisme et les services commerciaux.

Il annonce aussi de nouveaux investissements dans l’hôtellerie, la poursuite de travaux d’infrastructures touchant l’aéroport des Cayes (Sud), des routes, des logements sociaux et le secteur sanitaire. Martelly mise sur le parc industriel de Caracol dans le Nord qui, selon lui, « permettra un rebond de nos exportations ».

Il s’attend au vote de certains projets de loi déjà déposés au parlement, accords et conventions internationaux pour « adapter la législation et la mettre en phase avec les besoins de développement du pays ». Ceci « doit devenir une priorité », martèle t-il.

Il appelle ainsi à un « pacte de responsabilité réciproque pour que soit voté un maximum de lois ayant rapport à l’entreprenariat et à l’investissement dans des délais raisonnables ».

« La tâche à accomplir est immense et va au delà des capacités d’un seul homme », dit-il.

La ronde des défis

Ayant déclaré 2013, année de l’environnement, Michel Martelly fait également de celui-ci « la plus grande vulnérabilité du pays ». Et c’est aussi « le résultat de politiques menées au cours de plusieurs décennies qui nous ont portés à financer des emplois chez nos partenaires commerciaux pendant que nous attendons les ressources de l’aide internationale et des transferts des Haïtiens expatriés pour payer les biens venus de l’étranger que nous ne produisons plus », critique Martelly.

L’accent sera mis en ce sens sur la croissance économique, la compétitivité internationale et l’emploi. Le pouvoir Martelly s’attaquera aussi à la dégradation de l’environnement naturel par la remise en état des sols, et des travaux massifs dans les bassins versants pour surtout réduire la dépendance alimentaire du pays.

Valoriser le capital humain par l’instruction est un autre défi. A ce niveau, malgré les nombreuses critiques et des failles évidentes, le président entend s’accrocher à son programme d’éducation universelle, gratuite et obligatoire(Psugo). Il annonce entre autres « la construction massive d’écoles publiques » dans les sections communales notamment.

« Chaque habitant d’Haïti doit pouvoir recevoir des soins de qualité quelque soit son niveau de revenus », déclare t-il, annonçant la mise en place progressive d’un système de protection sociale axé sur la « carte rose » (couleur de son parti) déjà lancée en guise de première étape. Le processus doit aboutir d’ici 2017, indique t-il.

Réduire la pression démographique sur Port-au-Prince, en construisant deux autres ports, et en transformant celui de la capitale en « port touristique », représente une autre tâche colossale que Martelly inscrit dans sa « vision ».

Michel Martelly ne réduira pas non plus son agenda de déplacement à l’étranger, des déplacements qu’il considère comme autant d’actions pour « mettre Haïti sur la scène internationale ».

« Je continuerai inlassablement le renforcement de l’Etat de droit en veillant à la nomination des neuf juges du conseil constitutionnel et en respectant scrupuleusement l’indépendance des deux autres pouvoirs », énonce t-il comme promesse, à coté de celle d’assurer l’organisation des élections municipales et sénatoriales partielles cette année.

Michel Martelly lance enfin un appel à l’apaisement et la paix sociale, ainsi que la réconciliation nationale.

Le discours de Martelly au parlement n’a pas été interrompu par des applaudissements et les parlementaires lui ont de préférence lancé un avertissement en brandissant des cartons jaune. [kft gp apr 14/01/2013 15:20]