P-au-P, 4 janv. 2013 [AlterPresse] --- Alors que le parlement tarde à se prononcer sur un avant-projet de loi relatif au placage, cette pratique reste la principale forme d’union en Haïti, loin devant le mariage prôné et réglementé par les gouvernements qui se sont succédé.
Seulement, l’absence de législation sur le plaçage porte atteinte aux droits de nombreuses Haïtiennes.
Dans une rencontre avec AlterPresse, l’avocate et assistante responsable de programmes au Réseau national de défense des droits humains (Rnddh), Rosy Auguste, juge « important que l’État érige le [plaçage] à l’égal du mariage ».
Souvent réduit au concubinage, qui ne représente que l’une de ses formes, le plaçage est aussi l’objet de nombreuses discriminations, qui rejaillissent sur les familles et sur les enfants.
Dans le plaçage, hommes et femmes produisent ensemble des biens. Mais faute de garantie légale, les héritages sont distribués arbitrairement, avec en général les femmes dans le rôle des grandes perdantes, explique l’avocate.
En raison de la tradition, et surtout de certains rôles sociaux attribués aux hommes, ce sont eux qui signent les papiers quand un bien est acheté, bien qui leur revient malheureusement de fait, ajoute t-elle.
Les femmes et le mariage...
La première loi sur le mariage remonte au code civil de 1825 qui traite la femme comme une mineure assujettie à la volonté de son mari.
Le mariage pour une femme, selon les premières lois haïtiennes sur la question, correspond littéralement à sortir sous la tutelle des parents pour se soumettre à celle de l’époux.
Une situation que tente de corriger la loi adoptée le 8 octobre 1982. Ce texte met en effet les femmes et les hommes sur un même pied d’égalité dans le mariage. Du coup, les femmes peuvent voyager, appartenir à un parti politique, être candidate, sans la permission de leur conjoint.
Elles peuvent aussi gérer leur propre héritage, c’est-à-dire les biens acquis en dehors du mariage, à l’image les legs familiaux.
Mais toutes ces libertés se heurtent tout de même aux barrières sociales imposées aux femmes soit par la tradition ou simplement le genre.
« On trouve des hommes gérant tout ce qui est finance de la maison, remettant ainsi aux femmes, les enfants et tout ce qui est propreté domestique, ce, même si les deux personnes travaillent », signale Rosy Auguste.
C’est comme une « double peine pour la femme », nous dit Me Auguste.
Dans cette même perspective, certains hommes prennent même l’initiative d’effectuer les transactions bancaires (dépôts) question de garder un œil sur la finance, toujours d’après les propos de Me Rosy Auguste.
La prochaine bataille dans la question des unions entre les citoyens et les citoyennes haïtiens, reste celle de la légitimation du plaçage, au regard de l’assistante responsable de programmes du Rnddh.
L’avant-projet de loi sur le plaçage a été déposé au parlement il y a un peu plus de cinq ans, le 11 décembre 2007.
Cette loi, si elle est votée, offrira un régime spécial d’administration des biens acquis durant le plaçage, mettant ainsi fin aux problèmes rencontrés par les femmes. Elle mettra aussi un terme d’une manière générale aux discriminations dont souffrent de nombreuses familles haïtiennes créées à partir de ce type d’union. [srh kft gp apr 04/01/2013 9 :15]