Correspondance Ronel Odatte
Hinche, 19 déc. 2012 [AlterPresse] --- Le proxénétisme ne chôme pas au Plateau central.
La prostitution s’infiltre jusque dans certaines sections communales. Et des jeunes filles, prises dans la spirale de la misère, basculent dans cette pratique où leur corps devient le territoire d’une lutte pour la survie, selon les informations rassemblées par l’agence en ligne AlterPresse.
Le phénomène garde encore mille et un masques dans ce département.
Hormis un club-bar restaurant, une maison de débauche qui fonctionne à toutes les heures du jour et de la nuit, au cœur de la ville de Hinche, tous les autres restent très discrets.
Souvent, comme à Thomonde, Thomassique et Mirebalais, la prostitution est pratiquée dans des domiciles privés.
« Je suis exploitée et humiliée, mais le destin ne me prépare à aucun autre choix que d’offrir mon corps pour quelques gourdes », témoigne, résignée, une jeune femme originaire de Thomassique, âgée de 22 ans, qui n’a pas voulu donner son nom, utilisant de préférence un pseudo « Micky ».
Micky et ses deux autres camarades, répondant au nom de Jacqueline et Susie, ont dû abandonner l’école peu après leur échec aux examens de 9e année fondamentale.
Tous les soirs, elles font le trottoir, mais leur endroit privilégié est la place Charlemagne Péralte. Leurs clients sont, pour la plupart, de jeunes hommes universitaires.
Le proxénétisme gagne du terrain également dans certaines sections communales du département du Centre.
Les sections Juanaria et Savannette Cabral (respectivement dans les communes de Hinche et de Thomonde) abritent des maisons de débauches qui fonctionnent à couvert, selon les données obtenues par AlterPresse.
Un autre phénomène très courant dans le Plateau Central, c’est le cas de sexagénaires et d’octogénaires qui exploitent de jeunes femmes de moins de 25 ans.
Limaille François, qui dirige l’Union des journalistes du Plateau central, demande aux autorités compétentes d’agir pour l’éradication du phénomène de prostitution dans le département.
Le commissaire du gouvernement par intérim près le parquet de Hinche, Moleon Richard, invite simplement les citoyennes et citoyens à le tenir informer des cas de prostitution.
Les victimes d’agressions sexuelles ou d’autres types d’abus ne doivent pas hésiter à porter plainte, exhorte le chef du parquet près le tribunal civil de Hinche.
En février 2012, l’ancien chef du parquet de Hinche, Noé Massillon Pierre-Louis, a fait procéder à l’arrestation de 9 personnes, dont deux femmes dans des clubs au centre de la ville de Hinche, dans le cadre d’une opération contre la débauche et la délinquance juvénile.
Depuis son départ, le parquet semblerait moins intéressé à combattre le phénomène qui tend à gagner en ampleur dans le département.
« Selon la Constitution haïtienne, l’État reconnait le droit de toute citoyenne et de tout citoyen à un logement décent, à l’éducation, à l’alimentation et à la sécurité sociale. Mais le non respect de cette prescription nous a conduits dans le désarroi », réalise la secrétaire de la Ligue pour la défense et le respect des droits humains au Plateau central, Pételine Petiton.
Plusieurs parents, interrogés par AlterPresse, lancent un cri d’alarme aux institutions nationales pour mettre fin au phénomène de la prostitution dans le Centre. [ro kft rc apr 19/12/2012 10:35]