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Haïti-Éthanol : Inquiétude chez les producteurs de sirop et de clairin au Plateau Central

Correspondance Ronel Odatte

Hinche, 18 déc. 2012 [AlterPresse] --- Les producteurs de sirop et de clairin au Plateau Central lancent un cri d’alarme aux autorités gouvernementales en vue de stopper le commerce illégal d’éthanol sur le marché local.

Dans les communes de Cerca-la-Source, de Thomassique, de Hinche et Maissade le prix du baril de sirop de canne-à-sucre et du clairin a considérablement baissé.

Monfiston Jean, responsable d’une guildive à Maissade, déplore cette situation qui, selon lui, pourrait conduire au découragement des producteurs.

Aujourd’hui, le prix du baril de sirop de canne à sucre est à son plus bas niveau. Pour l’heure, il se vend à 2,000.0à gourdes (US $ 1.00 = 43.00 gourdes ; 1 euro = 60.00 gourdes aujourd’hui) contre 3,000.00 gourdes auparavant. C’est aussi le cas du clairin qui se vendait à 300.00 gourdes le gallon, mais qui, aujourd’hui, est passé à 245.00 gourdes.

A Marmont (deuxième section communale de Hinche), les producteurs de sirop menacent d’abandonner leurs activités si le gouvernement n’adopte pas les mesures appropriées contre les contrebandiers.

« Le commerce illégal d’éthanol nous a plongés dans une situation infernale », explique Jacques Monpremier, vendeur de sirop de canne.

« Au cours de ces deux derniers mois, j’ai enregistré des pertes énormes. Les barils, qui m’ont couté 2,200.00 gourdes l’unité, je les revends à 2,000.00 gourdes. Maintenant je suis désemparé », déplore t-il.

Partout, dans le haut Plateau Central, producteurs, vendeurs de sirop et de clairin élèvent la voix pour dénoncer la contrebande à outrance d’éthanol sur le marché.

A Hinche et à Maïssade, certains d’entre eux menacent de descendre dans les rues si rien n’est fait pour stopper ce commerce illicite d’un produit toxique qui vise à détruire la production locale, disent-ils.

Dans les zones frontalières de Cerca-la-Source et de Thomassique, des habitants interrogés par AlterPresse accusent les ressortissants dominicains d’être de connivence avec des Haïtiens et de faire entrer illégalement l’éthanol sur le sol national en passant par Tilori, Sabana Cruz et Barranque (communes de Cerca-la-Source et Thomassique).

Le gouvernement compte adopter des mesures proportionnelles en vue d’empêcher les contrebandiers de poursuivre leurs activités, indique le secrétaire d’État à la production animale, Michel Chancy, en visite à Hinche le vendredi 14 décembre 2012.

« La lutte contre la contrebande n’est pas uniquement une affaire du gouvernement, mais concerne aussi les planteurs de canne-à-sucre et les producteurs de clairin », souligne Chancy qui invite la population à coopérer.

En automne dernier, protestant contre l’offensive de l’éthanol sur le marché haïtien, les producteurs de clairin dans le Nord ont appelé l’État à leur offrir un encadrement pour éviter leur disparition, à cause de la commercialisation de l’éthanol.

Les associations du secteur ont dénoncé, entre autres, le mépris de l’État, qui ne prend pas en compte les problèmes de la filière de la canne-à-sucre.

La filière n’est pas protégée, ni ne bénéficie de crédits, susceptibles d’encourager les producteurs, se plaignent-ils.

Par ailleurs, début 2011, une douzaine de personnes avaient trouvé la mort après avoir absorbé du clairin à base de méthanol dans la zone de Fonds-Baptiste, au nord de Port-au-Prince, alors que plus d’une vingtaine avaient perdu la vue ou se retrouvaient paralysées.

Une investigation du consortium Ayiti Kale Je (AKJ) a découvert qu’aucune enquête de l’État n’est en cours pour dénouer la chaîne des responsabilités dans cette tragédie.

Également, la production et la vente de clairin continuent sans aucune réglementation. [ro kft gp apr 18/12/2012 14:45]