P-au-P, 12 déc. 2012 [AlterPresse] --- Des personnes détenues à la prison civile (ci-devant pénitencier national) de Port-au-Prince font part de leurs frustrations par rapport à la justice haïtienne dans des œuvres picturales, lors d’une exposition de peinture à l’occasion du 64e anniversaire, le lundi 10 décembre 2012, de la déclaration universelle des droits humains, observe l’agence en ligne AlterPresse.
Cette exposition de peinture est le fruit d’un atelier de travail, réalisé avec les prisonniers grâce au concours de l’actuelle ministre déléguée chargée des droits humains et de la lutte contre la pauvreté extrême, Rose Anne Auguste.
A travers ces peintures, les prisonniers présentent leur critique de la justice haïtienne qui, selon eux, est branlante.
« La justice, un caillou aux chaussures de la liberté » est le titre d’un tableau réalisé par le détenu Jean-Claude Jean-Louis, qui stigmatise une justice dans ses petits souliers.
Il critique, dans son tableau, un processus de non réintégration du prisonnier dans la société, par le système judiciaire en Haïti.
Au lieu de cela, le système judiciaire tendrait à entraîner la personne détenue davantage vers la délinquance, exprime-t-il.
La présentation d’un feu brûlant et d’un revolver explique l’idée de cette dégénérescence, développée dans sa toile.
La justice haïtienne condamne sans preuve, dénonce, entre autres, Jean-Louis.
Dans sa peinture, l’argent est aussi présenté comme une force plus grande que la justice haïtienne.
De son coté, Richardson François prône, dans sa toile, une révolution de la justice contre les coupables d’injustice.
Cette révolution sera déclenchée par la nature en colère, anticipe François.
« Il y a des personnes qui ont passé plus de 7 à 10 ans sans jugement », condamne t-il, souhaitant une meilleure prise en charge des prisonniers qui sont aussi des êtres humains.
Pour sa part, James Pierre Fils, plaide, dans sa toile, pour l’amour qui est source de lumière et de justice.
« Le fait d’être en prison ne doit pas empêcher quelqu’un de participer dans les affaires du pays. Il faut qu’on sache qu’à l’intérieur du pénitencier national, il y a aussi la richesse du pays », indique la ministre Auguste à l’occasion de cette exposition.
Il est important que tout le monde connaisse les talents des prisonniers, souhaite la ministre déléguée aux droits humains et à la lutte contre la pauvreté extrême, qui croit que les prisonniers ont aussi le droit, même en prison, de participer dans les affaires du pays en devenant des ambassadeurs de la richesse culturelle du pays. [emb kft rc 12/12/2012 1:20]