P-au-P, 12 déc. 2012 [AlterPresse] --- La plate-forme des organisations haïtiennes des droits-humains (Pohdh) tire, de nouveau, la sonnette d’alarme sur la réalité des personnes déplacées, dans les camps, 35 mois après le tremblement de terre du 12 janvier 2010.
« Un regard sur la situation des personnes déplacées dans les camps » a été le thème d’une conférence-débat, organisée le lundi 10 décembre 2012, au siège social du centre de recherche et de formation économique et sociale pour le développement (Cresfed) à Port-au-Prince et à laquelle a assisté l’agence en ligne AlterPresse.
« Ce thème a été choisi, parce que les plus mal lotis sont celles et ceux qui vivent encore sous les tentes et, parmi eux, celles et ceux qui sont confrontées aux carences liées à cette condition, qui vivent dans l’incertitude, le stress, l’intimidation et l’angoisse d’expulsion forcée », indique l’historienne Suzy Castor, directrice du Cresfed.
Près de trois ans après le séisme du 12 janvier 2010, quatre cent mille personnes (400,000) résident encore dans les camps, signale Oxfam.
21% de ces 400 mille personnes déplacées sont actuellement menacées d’expulsion.
« En Haïti, il manque un ensemble de droits... En principe, lorsqu’il y a des expulsions, il faut se questionner sur l’ensemble des choses pouvant amener à une expulsion », rappelle Robert Ricci, représentant du bureau du haut commissariat des Nations Unies aux droits humains.
Les personnes sinistrées du tremblement de terre de janvier 2010 sont souvent logés dans des abris dits provisoires, appelés « shelters », « de véritables poulaillers avec moins de 25 mètres carrés de superficie », signale Suzy Castor.
« Ces shelters sont, en général, pour toute une famille qui compte entre 4 à 5 personnes, sans compter les proches de la famille élargie, telle qu’elle existe en Haïti », poursuit-elle.
La reconstruction post-séisme se dessine sans la participation de la population, sans une vision réelle, dans un dialogue exclusif entre la communauté internationale et le pouvoir, a-t-on déploré durant les débats du lundi 10 décembre 2012.
Pour la Pohdh, revendiquer le droit au logement implique des luttes pour faire inclure les personnes les plus vulnérables de la société et pour faire respecter l’obligation de l’État de garantir une vie digne pour toutes et tous.
Malgré de grands efforts réalisés et certains résultats positifs, la situation post-tremblement de terre présente des aspects qui peuvent se transformer en conflit, craint Castor.
L’un des conflits majeurs, c’est celui du logement qui a toujours existé et ceci même dans les grandes villes, souligne-t-elle.
« L’État devrait prendre des dispositions pour assurer ses fonctions régaliennes dans les conflits opposant les personnes déplacées et les propriétaires terriens », préconise Antonal Mortimé, secrétaire exécutif de la Pohdh.
L’État devrait construire des maisons dans des environnements décents, tout en tenant compte des infrastructures.
De même qu’il faut entamer le processus de décentralisation et la rendre effective, il faut que l’État donne, à l’entreprise publique de promotion des logements sociaux (Eppls), des moyens de répondre aux obligations qui lui sont imposées, propose encore la plateforme de droits humains.
Il s’agissait pour la Pohdh, le lundi 10 décembre 2012, de célébrer les 64 années de l’adoption et de la proclamation de la déclaration universelle des droits humains le 10 décembre 1948.
La conférence-débat s’est déroulée de concert avec l’organisation non gouvernementale, Oxfam-Grande Bretagne (Oxfam Gb) et le haut commissariat des Nations Unies des droits humains.
L’occasion a été aussi de marquer les 21 années d’existence de la Pohdh.
Une exposition de photos de certains camps de fortune a également eu lieu. [jep kft rc apr 12/12/2012 1:45]