P-au-P, 11 déc. 2012 [AlterPresse] --- Alors que le président de la république, Joseph Michel Martelly, fait le tour du monde et semble réaliser quelques « rêves d’enfance », le quotidien de la population haïtienne est ponctué de cas de viol, d’assassinat et d’insécurité générale, alors que le système judiciaire continue de susciter des doutes.
Martelly en pèlerinage au pays du soleil levant
Le vendredi 7 décembre 2012, en tournée au Japon, Martelly a eu un dîner d’affaires à Tokyo, où il a été invité par le représentant de la Banque interaméricaine de développement (Bid) en Asie, Yoshihisa Veda.
Martelly s’est fait accompagner du ministre des affaires étrangères, Pierre Richard Casimir, de celui du commerce, Wilson Laleau, et du co-président du conseil consultatif présidentiel pour le développement économique et l’investissement (Ccpdei), Gregory Mevs.
Encore une fois, le chef de l’Etat est en voyage pour dire « Haïti is open for business ».
Certains disent que le président ne fait que « répéter un slogan ».
D’autres avancent que ce ne sont que des voyages pour « réaliser des rêves d’enfance ».
Le pays est en déficit commercial…
Des experts haïtiens de l’université d’État d’Haïti (Ueh) ont révélé que le pays est en déficit commercial de 140 milliards de gourdes (US $ 1.00 = 43.00 gourdes ; 1 euro = 60.00 gourdes aujourd’hui) pour l’année 2011-2012.
Durant l’exercice écoulé, Haïti a importé pour environ 172 milliards de gourdes contre 33 milliards de gourdes de produits exportés.
Ces chiffres ont été communiqués au séminaire « les préférences commerciales et zones franches en Haïti », organisé par l’Ueh.
Josué Pierre-Louis doit se mettre à la disposition de la justice, selon l’Opc
Un communiqué de l’Office de la protection de la citoyenne et du citoyen (Opc), en date du 6 décembre 2012, fait écho des différents appels de personnalités et d’organisations invitant Josué Pierre-Louis, président du conseil électoral "présidentiel" contesté, à se mettre à la disposition de la justice. Ce, pour ne pas entraver le processus judiciaire.
Josué Pierre-Louis, haut fonctionnaire de l’État et très proche du pouvoir en place, est accusé d’agressions physiques suivies de viol sur la personne de Marie Danielle Bernadin.
La présumée victime de Josué Pierre-Louis, au cabinet d’instruction
Le 6 décembre 2012, Marie Danielle Bernadin, présumée victime de viol par Josué Pierre-Louis, a répondu, pendant plus de 5 heures, aux questions du juge d’instruction, Joseph Jeudilien Fanfan.
Des organismes de défense des droits humains et des féministes ont apporté leur soutien à la victime.
L’audition s’est déroulée dans le calme, si on omettait la visite dite « d’intimidation » du ministre de la justice, Jean Renel Sanon.
Le présumé violeur, Josué Pierre-Louis, n’a pas encore été entendu.
Le cas de l’étudiant assassiné Damael D’Haïti dans l’impasse
Les étudiantes et étudiants de l’Ueh ont encore occupé les rues de la capitale, le mercredi 5 décembre 2012, pour exiger le respect du droit à la vie et justice pour leur camarade D’Haïti, assassiné le samedi 10 novembre 2012.
Les manifestantes et manifestants ont également reproché aux autorités de ne pas favoriser l’autopsie du corps de l’étudiant, pour la poursuite de la procédure judiciaire.
Le lendemain, 6 décembre, la dépouille a été transférée, de la morgue de l’hôpital de l’Université d’État d’Haïti vers une morgue privée, par les parents de la victime, spécialement sa mère.
Mise en disponibilité, par le Cspj, du juge d’instruction qui a ordonné la libération du conseiller politique de la présidence Calixte Valentin
Le conseil supérieur du pouvoir judiciaire (Cspj) a mis en disponibilité le juge instructeur Fermeau Jude Paul, qui a ordonné la libération de Calixte Valentin, conseiller politique du président Martelly et présumé meurtrier du commerçant Octanol Derissaint.
Le Rnddh avait dénoncé, le 19 novembre 2012, la nomination expresse de ce juge par le ministère de la justice, dans l’objectif inavoué d’aboutir à la relaxation du présumé meurtrier.
« Le Police » ou La police ?
L’ancien délégué départemental du Sud, Gabriel Fortuné, révèle l’existence d’un groupe armé, constitué de repris de justice opérant dans le département pour le compte du gouvernement.
Se faisant appelé « Le Police » et détenant uniformes et armes, les membres de ce corps seraient payés par les ministères de la justice et de l’intérieur, informe l’ancien allié du pouvoir rose.
Ces révélations ont été faites, le 4 décembre 2012, sur les ondes d’une station de radio de la capitale.
Le secrétaire d’État à la communication, Guyler C. Delva, serait l’instigateur de la mise sur pied de cette force armée, illégitime et proche du pouvoir, affirme, dans la même lignée, le sénateur Jean-Baptiste Bien-Aimé.
Serait-on en train de vivre sournoisement la création de l’« armée rose », dont parlait le sénateur Jean Charles Moise ?
Une trinitéenne à la tête de la Minustah à la fin de janvier 2013
A la fin de janvier 2013, une diplomate, ressortissante de Trinité-et-Tobago , Sandra Honore, va prendre la tête de la mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah), annonce le ministère des affaires étrangères de ce pays caribéen.
Mariano Fernandez, actuel représentant spécial du secrétaire général des Nations Unies et chef civil de la Minustah, arrive à la fin de son contrat, qu’il n’a pas souhaité renouveler.
Qu’est-ce qui explique ce choix d’un diplomate d’un pays des Caraïbes pour diriger la Minustah dans ce contexte de négociation pour l’organisation des prochaines joutes électorales ?
Fernandez avait soutenu l’idée d’un conseil électoral permanent, alors qu’aujourd’hui (décembre 2012) exécutif et législatif se retrouvent plus proches d’un organisme provisoire ? [efd kft rc apr 11/12/2012 1:10]