Prise de position collective d’organisations universitaires
Document transmis à AlterPresse le 10 décembre 2012
Les organisations, Cercle d’Etude en Litterature Gramscienne (CELG), l’Asosyasyon Kominikatè ak Kominikatèz Popilè (AKP) et le Cercle d’Etude et d’Intervention en Travail Social (CEITS) dénoncent toute utilisation populiste du droit des étudiants et des étudiantes à bénéficier d’une allocation légale de l’Etat dont ils sont des boursiers. Elles profitent de l’occasion pour réclamer un cadre légal de compléments de bourses en lieu et place de cette allocation empreinte de bienfaisance et d’assistantialisme.
Par complément de bourse, nous entendons un ensemble de mesures d’accompagnement et d’avantages sociaux émanant d’une loi ou d’un décret et non cette tentative d’inféodation des étudiants et des étudiantes à une cause qui n’est pas la leur à travers cette pseudo-allocation. Ces mesures et avantages doivent avoir un caractère pérenne et ne doivent se présenter sous forme de petits projets de la présidence. Ainsi, à des problèmes collectifs doivent être apportées des solutions collectives. De ce fait, l’université, en tant qu’espace de vie collective et de réflexion systématique, ne peut être réduite au « sòt ki bay enbesil ki pa pran », c’est-à-dire à promouvoir l’égoïsme et l’individualisme battant leur plein dans la société et qui tuent la solidarité réelle.
En plaçant ce programme sous l’égide du Fonds d’assistance économique et sociale (FAES), le gouvernement en place foule aux pieds les principes d’autonomie et d’indépendance de l’UEH consacrés par les dispositions transitoires de février 1997 qui régissent l’Université.
Nous protestons contre la participation du gouvernement dans l’imposition de l’utilisation de la compagnie monopolistique de téléphonie mobile Digicel aux étudiants et étudiantes. Le gouvernement serait-il responsable de la promotion des produits Digicel ?
Nous dénonçons également la discrimination faite à l’égard des étudiants-es de plus de 30 ans qui ne sont pas pris-es en compte dans le cadre de l’attribution de cette pseudo-allocation. C’est un fait qui prouve que les dirigeants haïtiens (s’il y en a) ne sont pas conscients du fait que le système éducatif haïtien contient beaucoup de suragés.
Ainsi, nous étudiants-es conséquents-es réclamons : un budget décent pour l’UEH qui doit être utilisé en toute transparence, des campus universitaires, une allocation légale qui tient compte des variations du coût de la vie, des bibliothèques standards, des avantages sociaux (réduction sur les coûts des matériels didactiques : livres, lap top, etc.), un cafétéria central au centre ville où 10 des 11 entités de l’UEH s’y trouvent, des centres de reproduction (photocopie), des moyens de transports, etc. De telles mesures seront profitables à toute la société et non à un groupe restreint de privilégiés. Etant donné que les frais d’études des étudiants-es de l’UEH sont payés à partir des taxes collectées et qu’en Haïti ce sont les appauvris qui paient des impôts, nous exigeons que l’UEH prenne des mesures pour que les étudiants-es après l’obtention de leur diplôme retournent à la population ce qu’elle leur a donné sous forme de service à la communauté.
Encore une fois, nous appelons les étudiants-es à la prudence et à la vigilance. Et nous retirerons notre mise en garde contre tous/toutes ceux/celles qui veulent utiliser à des fins politiques les conditions précaires des étudiants-es en leur attribuant une pitance.
Port-au-Prince, ce 7 décembre 2012
AKP, Sèk Gramsci, CEITS