P-au-P, 03 déc. 2012 [AlterPresse]--- La cour interaméricaine des droits humains (Cidh) reconnait la culpabilité de l’État dominicain dans l’évènement, au cours duquel six (6) migrants haïtiens et un ressortissant dominicain ont été tués et plusieurs autres blessés par des militaires dominicains, le 18 juin 2000, à Guayubín (Nord de la République Dominicaine), dans un résumé officiel émis le 24 octobre 2012 et dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.
Les corps des personnes, décédées après le massacre, ont été enterrés dans des fosses communes, sans être clairement identifiés et rendus à leurs familles.
Le tribunal international accuse la République Dominicaine d’avoir violé les droits à la liberté personnelle, à une procédure régulière, et la loi contre la discrimination.
La Cidh relève un « usage excessif de la force » par les soldats dominicains contre les migrants haïtiens dans cette affaire, désignée sous le nom de Nadège Dorzema (l’une des migrantes décédées dans le massacre).
Les faits
Le 18 juin 2000, à Guayubín, dans la province de Monte Cristi, des soldats dominicains - chargés de surveiller la frontière - ont ouvert le feu, à plusieurs reprises, sur un camion qui venait d’entrer dans le territoire dominicain. Ils ont ainsi provoqué la mort de sept (7) personnes et blessé plusieurs autres.
Les survivants du massacre, qui ont subi de graves violations de droits humains, ont été maintenus en détention, puis expulsés du territoire dominicain.
En vue de réparer les torts, faits aux familles des victimes, la cour recommande à l’État dominicain de rouvrir une enquête sur les faits de la cause, afin d’identifier, de poursuivre et de sanctionner, le cas échéant, les responsables de tels actes.
La Cour réclame de la République Dominicaine une indemnité compensatoire pour les dommages matériels et immatériels en faveur des victimes haïtiennes.
L’État doit fournir, gratuitement et immédiatement, des soins médicaux et psychologiques aux victimes, y compris des médicaments gratuits, préconise la Cidh.
Concernant l’utilisation de la force par les agents d’application de la loi, elle souhaite le respect du principe de l’égalité et de la non-discrimination, en particulier vis-à-vis des travailleurs migrants, l’égalité des sexes et la protection de l’enfance.
L’État doit faire une campagne médiatique sur les droits des migrantes et migrants, en situation régulière et irrégulière sur le territoire dominicain, et mettre sa législation interne en application, en intégrant les normes internationales sur l’utilisation de la force par les agents de l’application de la loi, encourage la Cidh.
Elle entend aussi veiller au respect intégral des recommandations par l’État dominicain.
L’audience sur cette affaire a eu lieu le 21 juin 2012.
Durant deux jours, des représentants des victimes ont pu fournir des témoignages pour éclairer l’événement, qui reste l’un parmi les plus terribles qu’ont connus les deux peuples. [emb kft rc apr 03/12/2012 14:00]