Par Nancy Roc
Soumis à AlterPresse le 30 avril 2004
Un mois après la prise de fonction du gouvernement, l’après Aristide se révèle être sinon un cauchemar, du moins une véritable gageure. Etat en faillite, insécurité grandissante, gouvernance piétinante sinon absente, black out prolongé dans une capitale ensevelie par les ordures, une communauté internationale aux promesses vaines, manque d’action sur le terrain des forces multinationales : les Haïtiens se noient dans un marasme économique engloutissant toute bonne volonté et la patiente impatience des citoyens devient chaque jour un défi plus éprouvant. Si le Chef du gouvernement a déclaré ’’qu’à l’impossible nous sommes tenus’’ et que ’’le moment est à l’action et non aux paroles’’, de deux choses l’une : ou il a parlé trop vite ou ce gouvernement de technocrates ne se révèle pas être aussi compétent qu’il s’en targuait. Observant un silence incompréhensible à travers un manque absolu de communication, le gouvernement Alexandre/ Latortue doit désormais prêter attention à l’attente des citoyens et à leur volonté de participer à la reconstruction d’Haïti sinon il risque de se voir accuser d’être aussi méprisant que le gouvernement précédent.
Les petits et faux pas de Latortue
La bonne foi de Gérard Latortue n’est pas encore remise en cause, toutefois le Premier Ministre accumule des erreurs qu’une personnalité de son calibre aurait pu éviter. Lors de son passage aux Gonaïves, il a choqué l’opinion locale et internationale en qualifiant les membres de l’ex-armée cannibale de ’’combattants de la liberté’’. Cette grossière erreur a été systématiquement soulignée dans les articles de la presse internationale pendant de longues semaines, alimentant un doute malsain sur les véritables intentions du nouveau gouvernement de transition. Parallèlement, sur la scène locale, il est d’un avis général que ce gouvernement ne communique pas avec la population : communication ne veut pas dire propagande. Ce pays et son peuple ont le droit de savoir quel est le bilan laissé par le cyclone Lavalas et quelles sont les perspectives qui les attendent. Il ne suffit pas de dire que ledit cyclone a ravagé le pays et a laissé un pays en banqueroute : il faut le prouver et le communiquer chiffres à l’appui à travers de vrais audits. Dans le cas contraire, ce gouvernement prendra le même pli que le précédent : accuser son prédécesseur de tous les maux en se déresponsabilisant plutôt qu’en assumant la lourde tâche qui l’attend et qui pourrait, sans aucun doute, être allégée par le concours de nombreux citoyens de bonne volonté. Si Aristide disait, ’’plutôt perdre avec le peuple que gagner sans le peuple’’, le gouvernement Alexandre/ Latortue ne peut se permettre de perdre car si cela arrive, c’est tout le pays qui perdra.
Gérard Latortue a démontré sa bonne foi : lors de sa prise de fonction, il a demandé pardon au peuple haïtien pour les exactions commises par Lavalas, il a déclaré ses avoirs à l’Etat et exigé de ses ministres qu’il suive son exemple. Seulement voilà : ces derniers tardent à le faire. Pourquoi ? Lors de sa dernière intervention sur Radio Caraïbes, le Premier Ministre a déclaré qu’il allait exiger que ce vendredi 23 avril au plus tard, les membres du gouvernement devraient tous déclarer leurs avoirsÂ….aucun résultat jusqu’à présent. De même qu’il a dit qu’il demanderait aux ministres de communiquer plus souvent avec la presse mais cette dernière doit déployer bien des efforts avant qu’un ministre accepte une entrevue de fond. Cette réticence ne peut en aucun cas aider le gouvernement : les explications et déclarations ouvertes valent mieux qu’un silence contrit et soupçonnable. Enfin, la semaine écoulée, l’ensemble des partis politiques aussi bien que l’homme de la rue ont été sidérés par l’insistance du Premier Ministre a vouloir concrétiser la participation du parti Lavalas au prochain CEP (Conseil Electoral Provisoire). Alors que M. Latortue avait annoncé sur les ondes qu’il accordait jusqu’au lundi 19 avril pour obtenir l’accord final des membres du parti Lavalas et que, le même jour, il leur réservait une heure de rencontre ; ces derniers, avec leur arrogance habituelle se sont livrés à un chantage sans nom et tenu le Gouvernement en haleine pendant plus de douze heures de temps ! Quelle honte ! Quelle perte de temps ! Malgré toutes les voix qui se sont élevées contre ce chantage, le délai accordé au parti Lavalas a été prolongé jusqu’au 30 avril prochain. Certains observateurs politiques se déclarent inquiets et, selon eux, Aristide détiendrait toujours d’importantes cartes sur le terrain. Face à cette menace, Gérard Latortue aurait du se rappeler que le parti Lavalas n’a rien d’un parti politique mais tout d’un gang dénoncé par la clameur publique et les partis politiques comme un ramassis d’assassins, d’affairistes, de malfaiteurs, de voleurs et de menteurs. D’autre part, la sortie de crise proposée le 31 décembre 2003 par la Plate forme Démocratique incluant le parti Lavalas dans le prochain CEP, était un compromis politique et non un document juridique liant ce gouvernement à une quelconque obligation. Le Premier Ministre n’avait donc pas à se montrer plus royaliste que le roi ou plus démocrate que tout vrai démocrate avec une bande de malfrats qui ont ruiné la nation ! Espérons que ces derniers ne perdent rien pour attendre : lors de sa première visite à Cité Soleil le 21 avril, le Chef du gouvernement a annoncé la publication prochaine d’une liste de lavalassiens impliqués dans des détournements de fonds tout en insistant sur le fait qu’il n’acceptera pas de corruption au sein de l’équipe gouvernementale. On attend donc ladite liste avec impatienceÂ…tout comme les résultats de l’enquête sur le carburant de l’EDH commandé par le Ministre Hérard Abraham ’’au nom de son autorité morale’’, comme il l’avait spécifié sur les ondesÂ…Notons que Gérard Latortue a marqué un point en visitant Cité Soleil, le plus grand bidonville du pays. Il doit être sans doute le premier technocrate gouvernemental à le faire et même Yvon Neptune n’avait pas osé ou daigné s’y rendre pendant tout le règne du parti Lavalas.
Si le Premier Ministre a semblé être sur tous les fronts avant la réunion des bailleurs de fonds internationaux le 22 avril, il lui reste encore de nombreux défis à relever. Espérons qu’il saura comment surmonter les pièges et la mentalité qui prévaut dans notre pays afin qu’il puisse rapidement concrétiser son rêve et celui de tout haïtien honnête et progressiste : changer le système politique de ce pays pour le bien être de tous. Si le pays compte sur le Premier Ministre, il doit aussi déceler et savoir sur qui compter.
Une absence criante de bonne gouvernance
En choisissant les membres de son gouvernement, Gérard Latortue avait préconisé la compétence, l’honnêteté et l’intégrité comme critères de choix. Or, aujourd’hui, on peut questionner ces derniers. Caractérisent-ils vraiment ou déjà les membres de ce gouvernement ? Même en essayant de l’accompagner et de le soutenir, il est fort difficile d’en trouver la preuve : la capitale croule sous les immondices depuis la chute du dictateur, le black out est généralisé et l’insécurité grandissante notamment à travers des kidnappings hebdomadaires qui s’enchaînent à un rythme effrayant et sans action efficace des forces de l’ordre. Dans le premier cas, le gouvernement aurait pu s’entendre avec le secteur privé pour parer au plus pressé. Si certes un plan global de gestion des détritus doit être étudié au plus vite, il n’en demeure pas moins inacceptable de laisser les citoyens s’enliser dans une telle saleté. Le gouvernement devrait avoir recours au plus vite au secteur privé, en particulier celui des transports, pour redonner à la capitale un semblant de dignité. En effet, comment retrouver sa fierté en pleine année de notre Bicentenaire et, surtout, comment se faire respecter de l’étranger lorsqu’on est incapable de ramasser ses propres ordures ? Dans le second cas, les promesses gouvernementales de fournir quatre heures d’électricité par jour sont restées vaines : la majorité des habitants à Port-au-Prince sont plongés constamment dans l’obscurité et n’ont pas ces quatre heures de courant par semaine ! Aucune explication du Ministre des TPTC ou du nouveau directeur de l’EDH. De son côté, le SMCRS ( Service Municipal de Collecte de Résidus Solides ). Quant à l’insécurité grandissante, les familles dites aisées ne savent plus à quel Saint se vouer : les kidnappings s’enchaînent n’épargnant ni les femmes ni les jeunes. Ce phénomène est en train de créer une véritable psychose au sein de ces familles qui pour la plupart appartiennent au secteur des investisseurs qui ont encore le courage (ou la folie) de rester dans leur pays. Or lorsque l’on sait dans quel état se trouve l’économie nationale il est urgent que des mesures drastiques et efficaces soient prises au plus tôt pour contrecarrer les kidnappings. Le Premier Ministre a affirmé que cette insécurité est organisée par les lavalassiens et les chimères pour déstabiliser le gouvernement de transition. Le constat est peut-être flagrant mais où est l’action gouvernementale ? Pas un mot des responsables pour tenter de rassurer les citoyens. Le dernier attentat mené en plein jour contre l’épouse de l’Ambassadeur des Bahamas est venu assombrir davantage encore ce triste tableau, surtout quand on sait que plusieurs menaces avaient été proférées par téléphone à différentes chancelleries la semaine précédente. Le Premier Ministre s’acharne à la formation du prochain CEP mais comment envisager des élections dans un tel climat d’insécurité ? D’autre part, ce climat fragilisé s’étend dans les provinces à travers des actions et des opérations de différents groupes armés, dont des partisans du régime déchu, des ex rebelles, des militaires démobilisés, des militaires de la force multinationale et des membres de différents gangs. Selon la Plate-forme des Organisations Haïtiennes des Droits Humains (POHDH) ces hommes armés agissent en toute quiétude à Savanette à cause de l’absence de forces légales constituées dans la zone. [1] A ce propos, signalons que la présence des ’’anciens rebelles’’ ou ’’anciens militaires’’ peut, comme le souligne le Nouvelliste dans son édition du 15 avril 2004, constituer une bombe à retardement (Â…) et un danger pour la stabilité politique recherchée âprement pour ce pays. N’est-il pas indispensable que l’Etat statue sur leur cas ? [2] Or, les propos du Ministre Hérard Abraham ne tendent pas à rassurer la population. Ce dernier a une fois de plus déclaré son intention de recruter ou d’intégrer les anciens militaires démobilisés dans la police. Non seulement ses propos vont une fois de plus à l’encontre de ceux du Premier Ministre qui, samedi dernier sur Caraïbes FM, a répété que le sort de ces militaires et de la refonte de l’Armée d’Haïti dépendraient du prochain gouvernement élu, mais, de plus, les militaires démobilisés ont eux-mêmes déclaré sur les ondes de plusieurs radios qu’ils n’étaient pas intéressés à intégrer la nouvelle police ! Pourquoi Hérard Abraham est-il tellement obnubilé par la question de l’Armée en dépit de l’avis public du Chef de Gouvernement et de celui des Américains ? Cherche-t-il à se brûler les ailes ou est-il mal conseillé ? En effet, les propos du Général James Hill, commandant des forces américaines pour l’Amérique du Sud ont été explicites : le journal International Herald Tribune a révélé qu’il a déclaré : ’’il n’y a pas de raison d’avoir une Armée haïtienne. J’étais ici lorsque le Président Aristide l’a dissoute et c’était la chose à faire à ce moment là ’’ [3] Le journal n’hésite pas à appeler l’administration Bush à émettre des ordres pour arrêter les anciens officiers, soldats, paramilitaires impliqués ou accusés dans des assassinats et des massacres et rappelle que beaucoup d’entre eux ont été déportés des Etats-Unis pour Haïti afin qu’ils soient jugés, mais ils ont été ou relâchés ou ils se sont évadés pendant la révolte qui a précédé le départ d’Aristide. Rappellons que lors de sa visite en Haïti le 5 avril 2004, le Secrétaire d’Etat Colin Powell a également précisé qu’Haïti n’avait pas besoin d’une armée mais devait plutôt consolider sa police nationale. Enfin, si le Général Abraham prône constamment que l’Armée d’Haïti est constitutionnelle, il oublie que le gouvernement dont il fait partieÂ…n’a rien de constitutionnel. Interrogé sur la problématique de l’insécurité, l’ex Colonel Himmler Rébu pense que les kidnappings sont des tests adressés au gouvernement pour tester ses structures de sécurité et n’écarte pas la possibilité que la situation s’aggrave dans les jours à venir si le gouvernement n’agit pas au plus vite. Il suggère une meilleure coordination et synchronisation de la sécurité publique, la nomination d’un Secrétaire d’Etat à la Sécurité qui serait obligatoirement un homme de terrain pouvant faire le lien entre les ministères de la Justice, de l’Intérieur et de la Sécurité Nationale, le Chef de la Police et le Premier Ministre. Quant à la communauté internationale, ’’elle ne peut se risquer dans certaines opérations et ce n’est pas son mandat’’, a précisé Himmler Rébu. Il faut une structure stratégique qui puisse anticiper les kidnappings.
Tous ces faits démontrent tragiquement une absence criante de bonne gouvernance de la part de l’équipe gouvernementale. Qui est au pouvoir ? Où est le pouvoir ? Où est l’autorité de l’Etat prônée par Gérard Latortue à son arrivée ? L’économiste Jean Erich René dans sa dernière analyse intitulée ’’Une transition d’exclusion’’ est catégorique : ’’L’inertie qui caractérise le Gouvernement de transition ne laisse percevoir aucune lueur d’espoir sur les garanties de sécurité qui doivent entourer les prochaines élections. Le CEP une fois formé, les tractations politiques vont commencer. Les querelles de chapelle vont éclater sur toute l’étendue
du territoire national. Gouverner c’est prévoir. Le Gouvernement de transition
avec ou sans les moyens de sa politique sera tenu pour responsable de ce
grand chambardement social qui s’annonce. Il faut de toute urgence mettre
sur pied un dispositif de sécurité nationale’’. [4] Ainsi, si les citoyens sont désemparés face à l’insécurité grandissante, le gouvernement est quant à lui, au pied du mur et devra faire preuve très vite d’autorité pour rassurer la nation.
Cynisme et exigences de la communauté internationale
Enfin, puisque nous évoquons les moyens de la politique du gouvernement, on doit faire le triste constat que l’aide internationale se fait non seulement attendre mais, au grand dam des observateurs politiques et de l’ensemble du peuple le plus pauvre du continent américain, elle se marchande ! En effet, si Colin Powell a promis 55 millions de dollars en aide humanitaire lors de sa visite, on retiendra aussi qu’il a conditionné l’aide au développement en exigeant le désarmement des gangs et civils armés ainsi que l’épuration de la police. Or comment remplir ces exigences sans un appui concret et financier de la communauté internationale ? Le ministre français de la Défense a promis une aide bilatérale à Haïti mais n’a avancé aucun chiffre pour corroborer les intentions de coopération de la France. Quant aux Nations Unies, son appel international aux insignifiants 35 millions de dollars d’aide d’urgence tarde à être entendu : 7 millions seulement de cette somme ont été collectés ! Pour l’économiste haïtien Jean Erich René, ’’Gérard Latortue ambitionnait vraiment de tirer Haïti de ses ornières mais il n’a pas du tout les moyens de sa politique et refuse d’adopter la politique de ses moyens. Sa première déception dérive de la défaillance des bailleurs de fonds internationaux en dépit du support de la Maison Blanche. Les Institutions financières internationales évoluent en marge des Centres de décisions politiques afin de garder leur autonomie et leur éthique. Même si personne n’ose l’avancer publiquement, si le Gouvernement Alexandre/Latortue bénéficie de la reconnaissance des pays riches de l’hémisphère, il n’en demeure pas moins vrai un Gouvernement illégal. Les prêts et les avances de fonds se font sur la base de documents légaux. Point n’est besoin de se leurrer à ce sujet, pas un sou ne sera décaissé sinon de manière dérisoire et à titre de dons dans le cadre de l’aide humanitaire. La rencontre du 22 avril 2004 annoncera définitivement les couleurs’’, écrit-il. [5] à€ cette réunion, le Gouvernement haïtien devrait présenter un programme élaboré autour de quatre axes : l’électricité, les infrastructures routières, la formation des ressources humaines et le développement rural. Toutefois, nous avons appris cette semaine qu’il n’y aurait pas de présentation de projets concrets pour Haïti. Cette réunion devrait plutôt déboucher sur un accord de confiance avec les bailleurs de fonds à travers un calendrier de travail, nous a révélé une source après une réunion récente avec le Chef de Gouvernement. Cette dernière a qualifié le support apporté par les partis politiques à l’équipe gouvernementale de ’’compromis momentané’’ mais a déclaré que la réunion préparatoire qui s’est tenue entre le Premier Ministre et les partis politiques avant la rencontre avec la Communauté Internationale ’’était plus du show biz qu’une vraie réunion de travail’’. Cette source a déploré le fait que le Premier Ministre ne semblait pas intéressé à connaître les grands choix stratégiques des partis politiques pour l’avenir du pays. D’autre part, elle nous a indiqué que ladite réunion s’est déroulée en présence de quelques bailleurs de fonds ainsi que celle de deux journalistes convoqués spécialement en cette occasion parmi lesquels, le Responsable de la Salle des Nouvelles de SIGNAL FM, Ces présences ont ’’totalement changé le ton de la réunion’’, nous a précisé cette source.
Si le gouvernement veut redresser la barre, il lui faudra déployer des efforts considérables pour parer au plus pressé, écouter les conseils des citoyens de terrain et responsables, s’ouvrir aux attentes de la population, mettre sur pied une politique de communication, élaborer et publier au plus vite sa politique générale pour les vingt prochains mois, oser être audacieux et sainement ambitieux. Plus vite le pays se relèvera du ’’cyclone’’ lavalassien, moins les tentatives d’Aristide et de son parti de réinstaurer leur influence malsaine seront menaçantes. S’il faut continuer à supporter ce gouvernement pour le moment ; faut-il encore qu’il accepte de l’être et que l’on sache où l’on va. Si ’’Gérard Latortue se découvre des talents de bâtisseur, il doit nécessairement se rendre compte que l’implantation de son projet de reconstruction nationale dans un relief aussi accidenté exige une révision complète de ses calculs. Les projections faites à partir des USA ne concordent pas avec la réalité nationale. Il lui faut une analyse profonde de la situation politique et sociale actuelle du pays afin de mieux ajuster ses tirs. Sans quoi son échec est certain. Son gouvernement, dans les prochains jours
sera pris en sandwich entre les feux croisés des revendications populaires et les
pressions d’une Communauté Internationale atteinte de myopie’’, prévoit l’économiste Jean Erich René. Les obstacles et pièges qui l’attendent seront nombreux, notamment dans le cadre de la création du prochain CEP sur lequel nous reviendrons dans un prochain grand dossier. L’équipe Alexandre/ Latortue doit donc s’allier aux citoyens de bonne volonté pour pouvoir réaliser l’impossible et s’assurer d’un soutien populaire malgré son inconstitutionnalité. En mobilisant et rassemblant les forces vives et saines du pays aussi bien qu’en utilisant rationnellement les fonds de l’Etat et l’apport financier de la diaspora, le gouvernement de transition pourra attendre dignement l’aide internationale indispensable au développement du pays. Il devra aussi faire preuve d’autorité mais pas d’autoritarisme, d’audace mais pas d’aventurisme, d’innovation mais pas de fabulation et surtout d’une gouvernance saine, éclairée et constructive pouvant redonner l’espoir et la fierté à tous les citoyens du pays en cette année de notre Bicentenaire.
Nancy Roc, le 21 avril 2004