Communiqué de presse de la Commission antisexiste de l’OPL
Transmis à AlterPresse le 22 novembre 2012
A l’approche de la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, qui a lieu le 25 novembre de chaque année, la commission antisexiste de l’Organisation du Peuple en Lutte (OPL) exprime sa profonde inquiétude face à la large diffusion de chansons sexistes observée dans les lieux publics. Ces chansons, il faut sans cesse le rappeler, ont pour effet de perpétuer un modèle de société où les femmes sont ramenées en permanence à des objets sexuels ; ce contre quoi les organisations de femmes haïtiennes se sont toujours battues.
Après « Ti tou, Ti sourit, Ti blodè pa nan bese triye, Sa k santi konsa pitit ? » pour ne citer que celles-là, c’est la chanson « Fè wanna mache » de MOSSANTO, à travers laquelle les femmes s’en trouvent une fois encore dénigrées, qui connait actuellement un succès impressionnant, notamment auprès des jeunes. Cette chanson dont la version Remix est travaillée par le DJ Tonymix est diffusée principalement dans les clubs, les journées récréatives, les tap tap et les taxis motos.
La commission observe avec regret que les femmes sont aussi nombreuses à reprendre les refrains de cette chanson quand elles sont diffusées.
Fè wana mache est une atteinte à la dignité et à l’intégrité des femmes ; c’est une chanson d’une violence inouïe ! : « Lè blodè kase madanm ou, piga w panike ! Al lakay blodè a, kase manman blodè a, kase sè blodè a, kase nyès blodè a, balewouze kay blodè a (…) Fè Wana mache, fè Wana ponpe,… !. li fin manje pen a mamba w , fè l mache ! si l pa vle mache, mete zo reken, mete fildefè, mete gren madyòk, mete moso boutèy nan dada wana… »
La commission antisexiste de l’OPL est consciente que le phénomène de féminisation de la pauvreté, rendant les femmes de plus en plus vulnérables aux violences sexistes et à l’exploitation sexuelle, ne facilite pas le combat antisexiste menée essentiellement jusqu’ici par les organisations de femmes.
Ainsi, la commission en appel à la responsabilité de l’Etat y compris le parlement et les autorités municipales. Car il revient d’abord à l’Etat d’offrir des alternatives réelles et durables aux femmes, notamment aux plus jeunes et aux plus pauvres, de lancer des campagnes d’éducation non sexistes dans les écoles et médias d’Etat, d’élaborer des lois contre le sexisme, d’interdire et de condamner toute diffusion de chansons dégradantes pour elles. Toute personne mérite d’être traitée avec dignité.
Tolérer la diffusion de chanson comme « Fè Wana mache », c’est appuyer la banalisation des violences faites aux femmes et aux filles !
Marie Claude DORCE
Présidente a.i. de la commission