Belladère, 22 nov. 2012 [AlterPresse] --- Les contrebandiers font la loi à la douane de Belladère, privée de sécurité adéquate et en proie à toutes sortes de dérives, selon les informations obtenues par l’agence en ligne AlterPresse.
Pas de clôture de sécurité, ni d’alimentation en énergie électrique au niveau du complexe administratif de la douane de Belladère.
Pourtant, y sont logées plusieurs institutions, dont le service de l’immigration et le bureau de la brigade de protection des mineurs (Bpm).
Pour couronner le tout, un seul agent de la police nationale d’Haïti (Pnh) est en poste à la douane. Une aubaine pour les contrebandiers, qui, pour certains, n’ont qu’à tirer des coups de feu en l’air pour se frayer un passage.
« Ils paient la douane quand ils veulent. Ils ne respectent pas les autorités, et cela a occasionné une diminution des recettes. Un seul policier assure la sécurité du complexe administratif », d’après un agent de la douane.
« Les recettes de la douane sont évaluées entre 17 et 29 millions de gourdes [US $ 1.00 = 43.00 gourdes ; 1 euro = 60.00 gourdes] par mois. N’était-ce la mauvaise foi des contrebandiers, elles pourraient fournir à l’ État haïtien près de 50 millions de gourdes par mois »,
signale, pour sa part, le directeur adjoint de la douane de Belladère, Jean Vilner Oscar.
Ces individus ne lésinent pas sur les stratégies pour contourner les contrôles douaniers, incluant l’utilisation d’armes à feu.
« Samedi soir, un chauffeur de camion, qui transportait des marchandises, a tiré des coups de feu pour intimider les gens qui se trouvaient au complexe. Il s’est échappé sans l’intervention de la police nationale d’Haïti. Tout ceci est causé par une absence de sécurité dans le complexe », continue d’expliquer le directeur adjoint de la douane de Belladère.
Cette situation ne profite pas seulement aux contrebandiers, ou commerçants récalcitrants, mais aussi aux trafiquants. Dès lors, l’insécurité prend une autre dimension et tout semble permis.
« Vendredi dernier, deux Haïtiens qui tentaient de traverser la frontière d’Elias Pina, ont été interceptés par les soldats dominicains. Ils avaient, en leur possession, des armes à feu, alors que, du coté d’Haïti, ils sont passés sans trop de difficulté », déplore un citoyen qui vit à la frontière.
Les fonctionnaires de la douane travaillent, cependant, dans des conditions précaires. Sans électricité et avec une génératrice en panne, les appareils électriques sont sur place comme autant d’objets du décor.
L’espace alentour n’est pas entretenu et pose, au regard des fonctionnaires de la douane, la question de l’image du pays vis-à-vis de son voisin dominicain.
Un appel est, en même temps, lancé aux autorités de Port-au-Prince pour qu’elles agissent rapidement en faveur de ce bout de frontière, situé à une centaine de kilomètres seulement de la capitale. [sc kft rc apr 22/11/2012 15:20]