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Haïti-Littérature/Contes : Charlot Lucien signe « san bri san kont »

par Milo Milfort

P-au-P, 19 nov. 2012 [AlterPresse] --- Le conteur haïtien Charlot Lucien a signé, le samedi 17 novembre 2012, son quatrième volume de contes et de lodyans (genre haïtien du récit) sous le titre « San bri san kont » (littéralement en français : sans bruit, sans heurt), lors d’un spectacle organisé à Pétionville, a observé l’agence en ligne AlterPresse.

Lors de cette signature, Lucien a fait rire un public, composé de fans de lodyans, d’étudiantes et étudiants, de professeurs et proches, d’amies et amis.

L’occasion a été, pour lui, de présenter Sonson moun fou( Sonson le fou) sou Boudon, Madan Lefranc ou anbago gen bon do(l’embargo a bon dos) et, plus tard dans la soirée, Madan Sara nan Okay et Ti Oma.

La soirée a été ponctuée par des interventions du chanteur Wooly Saint-Louis Jean, accompagné de sa guitare, tissant la nuit entre chansons envoutantes, rires et « cric-crac ».

« Un plaisir d’être avec Charlot, qui fait un bon travail. Quand j’écoute Charlot, il me fait penser à Maurice Sixto, qui a tracé la voie et que Charlot a bien suivi. Il fait un travail intéressant », dit Wooly Saint-Louis Jean, de Charlot Lucien, dans des propos élogieux.

D’audience en chansons, jusqu’aux drames

Sur la couverture de ce volume, on peut lire : «  N ap tire kont ak lodyans san bay kou, san tire. San bri, san kont »(Nous racontons des contes et des lodyans, sans donner des coups, ni tirer. Sans bruit, sans heurts).

Le volume réunit les récits : les trois dames, Enjenyè Dubreuil, Sonson moun fou, Chansonnette, Madan Sara et Boss ti Boss.

Lors de la présentation de Sonson moun fou, le public a pu, non seulement faire la connaissance d’un personnage politique, Sonson, qui voulait faire autrement, mais aussi et surtout retrouver, chez Charlot Lucien, l’héritage de l’emblématique conteur haïtien, Maurice Sixto.

Ce volume d’audiences, Lucien le considère comme « toute une aventure », « une production débutée en 2009 et interrompue par la nécessité de répondre, en Haïti, en concerné après le tremblement de terre du 12 janvier 2010 ».

« Exactement le même jour, où, par une coïncidence bizarre, ma propre résidence à Boston, bastion culturel de Jean-Claude Martineau (Koralen), Carole Demesmin et Maurice Sixto dans les années 1970, fut victime d’un sinistre qui me rendit moi-même ‘’sans abri’’ pendant un mois », se souvient-il sur la couverture de ce nouveau CD.

« De chambre d’hôtel en chambre d’hôtel, je vécus, à la télé, le drame de mes frères. Mais, dans une chambre, pas dans les rues et les décombres », poursuit-il, pour se rappeler du 12 janvier 2010 qui a fait plus de 200 mille morts et jeter des milliers de sans-abris dans la rue.

Ils ont dit de Charlot Lucien…

Deux (2) grands disparus du tragique séisme de janvier 2010, Georges Anglade et Pierre Vernet, deux amis pour lesquels une minute de recueillement a été respectée lors de la soirée du samedi 17 novembre 2012, voyaient déjà, en Charlot Lucien, une relève pour le genre lodyans.

« Dans la manière de Sixto, sur scène et sur CD, commence à se manifester une relève, dont Charlot Lucien - que j’ai vu et entendu en prestation au Vermont - me semble le plus authentiquement enligné sur la lodyans », reconnait Georges Anglade dans ‘’L’espace d’une génération’’.

Les histoires de Charlot Lucien se déroulent, pour la plupart, en Haïti et dans la diaspora, et décrivent le sort des plus défavorisés de la société en évoquant, avec humour, ce qu’il appelle la « redondance dans l’absurdité » chez les élites.

Poète, artiste, peintre, illustrateur, caricaturiste, Charlot Lucien s’est établi, de façon définitive, dans le domaine de ‘’lodyans’’ ou ‘’istwa kont’’ dans le culturel haïtien, depuis ses CD, ‘’Ti Oma’’, ‘’Ti Cyprien’’ et ‘’ Grann Dede’’, continuant la tradition lancée par les Maurice Sixto et les Jean-Claude Martineau (Koralen). [mm kft rc apr 19/11/2012 15:20]