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Haïti – 18 novembre : Nouveau détonateur dans le mouvement de rejet de la politique gouvernementale

Les chefs de l’exécutif, absents du pays à l’occasion du 209e anniversaire de la bataille de Vertières

P-au-P, 18 nov. 2012 [AlterPresse] --- Des milliers de personnes ont gagné les rues de la capitale, ce dimanche 18 novembre 2012, pour exprimer leur rejet de la politique gouvernementale, notamment l’absence des principaux dirigeants politiques à l’occasion du 209 e anniversaire de la bataille de Vertières (le 18 novembre 1803), dernier grand moment de l’insurrection indigène contre les colons français, avant la proclamation de l’indépendance d’Haïti le 1er janvier 1804, a observé l’agence en ligne AlterPresse.

« L’absence, dans le pays, du président Joseph Michel Martelly et du premier ministre Laurent Salvador Lamothe, en cette date-anniversaire de la bataille de Vertières, témoigne du mépris de l’exécutif politique envers la lutte menée par les ancêtres … », indiquent les manifestants.

« Martelly a échoué… Il nous faut organiser d’autres élections… pour remplacer l’équipe actuellement au pouvoir », ont encore scandé les manifestants du 18 novembre 2012, qui soupçonnent la présidence d’implication dans divers actes répréhensibles répertoriés ces dernières semaines dans le pays.

« Au lieu d’être présent dans le pays, à l’occasion de cette date historique du 18 novembre 2012, Martelly a préféré aller se pavaner en Espagne… », déplorent-ils.

Présent dans la manifestation antigouvernementale, l’ancien ministre de la justice (sous l’administration de René Garcia Préval) et dirigeant de la plateforme politique “Inite” (Unité) – dont plusieurs membres au parlement soutiennent l’actuelle administration -, Paul Denis, se demande si l’attitude de Martelly et de Lamothe ne vient pas corroborer la thèse de double, voire de multinationalité du président et du chef du gouvernement.

Ce dimanche 18 novembre 2012, en guise de cérémonie officielle, des ministres du gouvernement ont seulement déposé une gerbe de fleurs au musée du panthéon national (Mupanah). Absents du pays, Martelly et Lamothe avaient d’autres priorités… qu’une commémoration du 209 e anniversaire de la bataille de Vertières.

A l’instar d’une tendance à la banalisation des symboles et du respect de l’histoire nationale, ce nouveau geste de l’administration politique actuelle paraît, aux yeux d’analystes, pour le moins révélateur d’un amateurisme et d’une absence de planification institutionnelle, quelques jours après l’acte de vandalisme sur le monument de Vertières (au Cap-Haïtien) et la Barrière Bouteille (entrée sud de la deuxième ville du pays) bariolée de couleur “rose et blanc” (symbole de campagne de Martelly).

Les manifestants du 18 novembre 2012 ont également dénoncé un manque d’actions concrètes contre divers maux qui les accablent, comme la vie chère, l’inexistence de programmes de changements sociaux véritables, l’application d’une nouvelle taxe de 2% sur les salaires (à partir d’octobre 2012), entre autres revendications.

Martelly assume être absent du pays, ce dimanche 18 novembre 2012, en vue d’aller chercher des opportunités d’investissements et d’emplois pour le pays, dans une déclaration pré-enregistrée et diffusée sur des stations de télévision.

« Je réitère ma ferme volonté de continuer à travailler mettre sur pied la force publique nationale constitutionnelle », fait savoir Martelly, promettant de rétablir l’armée en Haïti parallèlement à un retrait progressif « des forces étrangères » (la mission des Nations Unies de stabilisation en Haïti / Minustah) du territoire national.

30 jeunes haïtiens devront laisser le pays d’ici janvier 2013 pour l’Équateur, où ils recevront une formation en génie civil, annonce Martelly rappelant que 10 autres y sont déjà (depuis septembre 2012) pour une formation similaire.

La création du ministère de la défense et de la sécurité nationale entre dans cette vision du retour des forces armées d’Haïti, ajoute Martelly.

En ces temps de manifestations contre la vie chère et de réclamations de justice pour l’étudiant Damaël D’Haïti, tué par un policier national dans la soirée du samedi 10 novembre 2012 dans l’enceinte de la faculté de droit et des sciences économiques (Fdse / Université d’État d’Haïti) à Port-au-Prince, Martelly semble lancer une mise en garde contre une “mouvance de déstabilisation”.

« Ceux qui sont contre la stabilité sont des ennemis de la démocratie. Ce sont des ennemis du développement », considère Martelly, invitant à « l’assaut ! » des obstacles à surmonter pour l’accessibilité de l’instruction, la création d’emplois, la réhabilitation de l’environnement naturel et l’établissement d’un État de droit. [srh rc apr 18/11/2012 21:09]