P-au-P, 16 nov. 2012 [AlterPresse] --- Le chef du gouvernement haïtien, Laurent Salvador Lamothe, critique les méfaits de la dette externe du pays et prend l’engagement de contribuer à l’application de la nouvelle approche des pays en situation fragile, réunis sous le label du G7+, pour le développement de la République haïtienne.
« La dette nous coupe du marché financier mondial et déprime l’investissement privé qui est celui capable de porter notre croissance », déplore le premier ministre à l’occasion du lancement de la deuxième retraite ministérielle des pays du G7+ à Port-au-Prince les 13 et 14 novembre.
Cette retraite a réuni à l’est de la capitale une cinquantaine de représentants venant des 17 pays membres du groupe.
Le surendettement haïtien est un « problème de politique internationale », poursuit Lamothe. Il souligne également le fait que l’allègement de la dette haïtienne après le passage du séisme du 12 janvier 2010 représente un facteur « dissuasif » pour les investisseurs étrangers, lequel bloque la route du marché international au pays, soutient le premier ministre.
Lamothe souligne à l’intention des bailleurs et des partenaires bilatéraux que « l’assistance ne se réduit pas à dupliquer de soi-disant bonnes pratiques plaquées sans prendre en compte les dimensions culturelles et historiques des États fragiles », dont Haïti.
Leurs situations précaires ne les dénuent « d’expérience et de savoir », ajoute Laurent Lamothe. Il encourage tous les pays dont les conditions des populations sont difficiles et qui dépendent de l’aide extérieure à « regarder le model »du G7+ comme un « New Deal » possible, capable d’occasionner de grands changements socio-économiques, selon lui.
Le pays s’engage… mais à quel point ?
Haïti promet d’adopter dans une perspective « ferme et raisonné », « toutes les reformes structurelles additionnelles et nécessaires » en vue de permettre la bonne application du New Deal, affirme le premier ministre.
Construit sur 3 composants repartis en 5 objectifs le New deal (disponible en anglais ici) préconise l’implication première et active de tous les pays dits fragiles dans tout ce qui les concerne.
La trinité basique de cette approche est la construction de la paix, des États (institutions) et l’établissement d’un cadre sécuritaire pour la parfaite réalisation des activités socio-politico-économiques.
Les cinq objectifs sont définis comme conditions sine qua non à l’atteinte des objectifs du millénaire de développement pour lesquels les pays du G7+ sont à la traine.
Il s’agit de la création d’un espace de dialogue commun où les populations peuvent s’exprimer librement, l’accès à un minimum de justice pour les citoyennes et les citoyens, la création d’emploi pour les jeunes, l’établissement d’un climat de sécurité sociale passant par le renforcement des polices et la gestion des ressources naturelles et des revenus qu’elles génèrent pour le financement de projets nationaux dans chaque pays membre du G7+.
La vision du New deal veut que les recettes recueillies à partir de l’exploitation des ressources minières d’un pays restent sur son territoire et servent ses intérêts.
Reste à savoir à quel point le gouvernement haïtien compte s’engager dans cet accord si l’on considère notamment sa façon d’aborder les questions minières.
Un pays comme la Sierra Leone, frappé jadis par une absence de réglementation de l’exploitation de ses richesses minières, a créé en janvier dernier un répertoire en ligne de toutes les activités minières sur son sol, dans la lignée du New Deal. Haïti connait encore un problème de transparence à ce niveau.
Dix-sept pays de l’Afrique, de l’Asie, du Pacifique et de la Caraibe font partie du G7+. Son approche est déjà acceptée par une quarantaine d’autres pays et d’organisations internationales dont la Banque Mondiale et les Nations Unies. [srh apr 16/11/2012 12 :35]