Español English French Kwéyol

Haïti-Justice : le dossier de l’assassinat de l’étudiant Damael D’Haïti transféré au cabinet d’instruction

Forte tension dans la capitale

P-au-P, 13 nov. 2012 [AlterPresse] --- Le présumé assassin de l’étudiant Damaël D’Haïti, le policier national Pierre Paul Macéus, a été auditionné, ce mardi 13 novembre 2012, par le commissaire du gouvernement près le tribunal civil de la capitale, Lucmane Delille, pendant qu’une forte tension a régné dans la capitale haïtienne, a observé l’agence en ligne AlterPresse.

La justice dispose déjà de preuves solides pour inculper le policier, qui a été pris en flagrant délit, avance Delille indiquant avoir transféré le dossier au cabinet d’instruction.

Pierre Paul Macéus, agent de l’administration pénitentiaire nationale (Apena), a quitté son poste à l’hôpital de l’université d’État d’Haïti (Hueh), le samedi 10 novembre dernier, pour s’inviter à une fête d’intégration à la faculté de droit et des sciences économiques (Fdse) de Port-au-Prince, où il a abattu Damaël D’Haïti [1] en usant d’une arme d’origine inconnue (la police nationale ne lui avait pas encore fourni d’arme de service), selon des témoins oculaires.

Macéus a immédiatement été mis en isolement, se félicitent les autorités policières, cependant bien aidées par les témoins qui se sont saisis de l’accusé.

Entre-temps, le gouvernement multiplie les appels au calme à l’endroit des camarades de la victime, mobilisés depuis le lendemain du meurtre.

La présidence (par le biais de son porte parole, Lucien Jura) ainsi que le premier ministre Laurent Salvador Lamothe ont condamné le crime, tout en promettant que justice sera rendue.

Toutefois, l’impunité, souvent au tournant des bonnes volontés judiciaires affichées, semble faire obstacle à l’apaisement.

Ce mardi 13 novembre, la capitale haïtienne était à nouveau tendue.

Une manifestation de syndicalistes - contre les mauvaises conditions de travail des enseignantes et enseignants, et la taxe de 2% imposée aux salariés du public et du privé depuis octobre 2012 - a été renforcée par des étudiantes et étudiants, déjà mécontents contre le pouvoir en place qui peine à faire face à une recrudescence inquiétante de l’insécurité.

Un mot d’ordre de grève a été lancé pour les lycées notamment.

Des établissements publics, qui n’ont pas suivi le mot d’ordre, auraient été contraints, circonstance oblige, de suspendre les cours.

Une panique a été notamment constatée au lycée de jeunes filles, lorsque des protestataires auraient exigé la cessation des cours.

Des élèves auraient été blessés et des dégâts matériels enregistrés dans certains lycées.

Des barricades ont été dressées par des manifestants qui, en lançant des pierres, ont brisé les pare-brise de plusieurs véhicules.

Dans la foulée, des unités spécialisées de la police nationale d’Haïti (Pnh), comme le corps d’intervention et de maintien de l’ordre (Cimo), ont fait un usage massif de gaz lacrymogènes, inhalés dans l’aire de la principale place publique de Port-au-Prince (le Champ de Mars), à proximité du palais présidentiel.

Des bandits armés ont profité du mouvement enclenché pour rançonner des passants dans l’aire du Champ de Mars.

L’assassinat de l’étudiant Damaël D’Haïti a, de manière plus générale, vivement touché la communauté universitaire haïtienne.

Le conseil de l’Université d’État d’Haïti (Ueh) a décidé un arrêt de fonctionnement, ce mardi 13 novembre, dans toutes les onze entités de l’Ueh, en signe de protestation, .

Réunis à l’extraordinaire, les membres du conseil de l’Ueh ont annoncé des dispositions, comme la mise sur pied d’une commission d’enquête sur les circonstances du meurtre et de suivi du dossier.

Des avocats ont été recrutés par l’Ueh en vue de fournir une assistance aux parents de l’étudiant Damaël d’Haïti, selon une note du rectorat. [jep kft rc apr 13/11/2012 13:35]


[124 ans, Damaël D’ Haïti était étudiant en 4e année en sciences économiques à la Fdse et étudiant finissant d’agronomie à l’université épiscopale d’Haïti.