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Haïti - Choléra - Minustah : "Le gouvernement se fait l’avocat du diable"

P-au-P, 06 nov. 2012 [AlterPresse] --- "L’administration Martelly/Lamothe ne manifeste aucun respect pour les victimes du choléra et leurs familles".

Le Collectif de mobilisation pour le dédommagement des victimes du choléra (Komodevik) réagit ainsi, suite à une déclaration du ministre haïtien des affaires étrangères, selon laquelle "il n’y a aucune preuve indiquant que la force onusienne est à l’origine de cette épidémie dans le pays".

Pierre Richard Casimir s’exprimait devant la commission Santé de la chambre des députés, le 19 octobre 2012.

"Cette position du ministre des affaires étrangères porte atteinte au respect des victimes du choléra et de leurs familles", estime le Collectif dans une note transmise aux médias.

« Le pouvoir en place décide de se faire l’avocat de la Minustah au lieu d’entreprendre des démarches pour le dédommagement des victimes du choléra et du pays par les Nations Unies », déplore l’organisation.

Plusieurs études ont révélé que la Minustah est bel et bien à l’origine de l’épidémie du choléra en Haïti, rappelle Komodevik, citant notamment celles effectuées par l’expert français, Renaud Piarroux, et le spécialiste américain Danielle Lantagne, également professeur de l’Université Harvard.

Les résultats des travaux d’un groupe de chercheurs américains ont en effet démontré que l’épidémie de choléra - apparue au cours du mois d’octobre 2010 - s’est répandue à partir de la base d’un contingent népalais de la mission onusienne, basé dans le Plateau Central (Centre d’Haïti). Les résultats de cette observation ont été publiés le 23 août sur le site du laboratoire de la société américaine pour la microbiologie.

Le 7 juillet 2011, les conclusions d’une autre enquête dirigée par des experts des Centres de Contrôle et de Prévention des maladies ("Centers for Disease Control and Prevention") des États-Unis, avaient établi des liens directs entre la présence des casques bleus népalais dans le pays et l’épidémie de choléra.

Le dernier rapport du ministère de la santé publique et de la population (Mspp) fait état de 7 mille 626 personnes décédées du choléra entre le 18 octobre 2010 et le 30 octobre 2012.

Plusieurs institutions de droits humains et chefs d’Etat étrangers dont l’ancien chef d’Etat cubain, Fidel Castro ont reconnu que la Minustah est à l’origine du choléra en Haïti et ont demandé le dédommagement des victimes, rappelle le Collectif.

"Les autorités haïtiennes qui devraient, en premier, prendre la défense des victimes n’hésitent pas à défendre les agents criminels de la Minustah au détriment du peuple haïtien", regrette Komodevik.

« La position cynique de l’administration Martelly/Lamothe montre clairement la face mensongère de ce pouvoir qui donne l’apparence de défendre les intérêts du peuple », relève Komodevik, appelant la population à rester mobilisée contre l’occupation du territoire, le chômage et la vie chère.

A l’appel de l’organisation départementale dénommée "mouvman pou ranmase Chalmay Peralt" (mouvement pour récupérer Charlemagne Péralte), une manifestation s’est tenue, le mercredi 31 octobre 2012 à Hinche (128 km au nord-est de la capitale) pour réclamer, de nouveau, le départ de la Mission des Nations unies pour la stabilisation d’Haïti (Minustah), responsable, selon les protestataires, de l’apparition de l’épidémie du choléra dans le pays. [emb kft vs apr 06/11/2012 12:34]