Soumis à AlterPresse le 30 avril 2004
La jeunesse haïtienne d’aujourd’hui, dans la continuité des meilleures traditions du mouvement estudiantin national depuis 1929, s’est positionnée comme fer de lance d’un important mouvement social qui abouti au renversement d’un régime dont le fonctionnement se situait aux antipodes de nos valeurs fondamentales, de nos aspirations et de nos espérances.
Une fois de plus, nous saluons le courage, proche de la témérité, la détermination et la générosité des centaines voire des milliers de jeunes de toutes les régions du pays, protagonistes remarquables de l’écriture de cette nouvelle page d’histoire.
Cependant, cette importante victoire ne doit pas nous faire oublier les difficiles combats à venir. Il vous faut mener et gagner aux côtés du peuple haïtien la bataille contre l’obscurantisme, l’individualisme destructeur, l’effritement des valeurs morales et l’exclusion.
Le combat d’aujourd’hui étant autre, il exige de nouveaux outils à la dimension des défis à relever. Le défi majeur c’est de refonder la société haïtienne.
Parmi les outils disponibles, nous pouvons citer les nouvelles technologies de l’Information, notamment l’Internet dont l’accès demeure trop limité il est vrai.
Quelles possibilités offrent-elles aux jeunes ?
Pour ceux qui peuvent y accéder, elles sont nombreuses :
1. Quand nous nous rappelons l’absence ou la faiblesse des infrastructures d’information en Haïti.
Bibliothèques Universitaires ou communautaires, vidéothèque, cinémathèque, journaux et revues. C’est donc une opportunité extraordinaire de consulter des ouvrages traitant des thèmes les plus variés, littéraire, historique, scientifique, artistique. N’est-ce pas un support précieux dans la préparation de travaux pratiques, de recherches, de mémoire, Â…
2. L’Internet offre de ce fait l’occasion rêvée de découvrir des cultures, des coutumes, l’histoire et les religions d’autres peuples. Connaissances nouvelles qui peuvent se révéler des plus enrichissantes pour les jeunes.
3. C’est aussi la possibilité de découvrir ce que font et ce que pensent les jeunes d’ailleurs, du premier comme du Tiers-monde : leurs préoccupations, très souvent proches des nôtres, leurs rêves, etcÂ… N’est-ce pas aussi l’occasion pour les jeunes de faire connaître d’autres facettes du pays dans un contexte où l’image d’Haïti est tellement ternie aux yeux des étrangers. L’occasion aussi de partager avec d’autres jeunes les valeurs les plus positives de notre patrimoine historique et culturel.
4. Les débats et les échanges multiformes entre jeunes peuvent aussi nous aider à renouer avec les meilleures traditions d’honneur, de simplicité digne, d’amour du pays. Et sans doute l’occasion aussi d’adopter de nouvelles valeurs de respect de l’autre et du bien public, d’intégrité et de solidarité sociale, toutes, indispensables à la refondation de la société nouvelle que nous appelons de tous nos vœux.
L’histoire se répète souvent, les opportunités ne se répètent jamais. Un des grands atouts de notre pays est la jeunesse de sa population (61% a moins de 24 ans). Que l’année 2004 soit celle de la rédemption nationale, portée des jeunes haïtiens dignes de leur passé et mûs par un sens profond de l’accomplissement et des hautes valeurs morales et qui sachent, cette fois-ci, profiter des opportunités.
Au promoteur de cette initiative, le Groupe Média Alternatif, Bravo et merci. Bravo pour la pertinence de ses actions dans notre milieu. Et merci de nous offrir l’occasion de nous adresser aux jeunes de notre pays.
Port-au-Prince le 30 avril 2004
POUR LE RECTORAT DE L’UEH
Fritz DESHOMMES, Vice Recteur à la Recherche
Wilson LALEAU, Vice Recteur aux Affaires Académiques