Par Emmanuel Marino Bruno
P-au-P, 2 nov. 2012 [AlterPresse] --- Le gouvernement français entend œuvrer au renforcement des capacités des institutions étatiques en Haïti dans une perspective de développement économique, souligne le ministre chargé du développement, Pascal Canfin, lors d’un point de presse donné à la base logistique (logbase) de la force onusienne à Clercine (nord de Port-au-Prince) au terme d’une visite de trois jours (23 au 25 octobre 2012) dans la république caribéenne.
Le renforcement de la capacité de l’État est l’une des priorités de la France, indique le ministre français, estimant que « le développement économique d’Haïti ne peut pas passer que par la création de la nouvelle zone franche » (controversée de Caracol / Nord-Est) inaugurée officiellement le lundi 22 octobre 2012 en présence, notamment, de la secrétaire d’État américaine, Hillary Roddham Clinton, de l’ancien président étasunien William Jefferson (Bill) Clinton, et du président de la banque interaméricaine de développement (Bid), le colombien Luis Alberto Moreno.
Malgré plusieurs études ayant alerté sur les risques environnementaux, qui entourent l’installation d’une zone franche industrielle à Caracol, une des réserves naturelles du pays, le président Joseph Michel Martelly n’hésite pas à avancer que son implantation marque un « pas décisif » dans le désenclavement d’Haïti en matière de développement économique.
Le ministre français, Pascal Canfin, préconise plutôt un renforcement des capacités des ministères, des départements géographiques et des villes du pays, dans le sens d’une meilleure mise en œuvre des politiques publiques relatives aux projets en Haïti.
« Le plus grand problème est l’incapacité des politiques publiques à se mettre en place », selon Canfin, relevant combien les organisations non gouvernementales (Ong), présentes en Haïti, ne contribueraient pas à cet objectif.
Les Ong ont tendance à construire un système parallèle à celui de l’État haïtien, fait-il remarquer.
« Le développement économique d’Haïti c’est d’abord la montée en puissance de ses ressources humaines, son capital humain », fait-il valoir.
Canfin souhaite un déploiement de la formation professionnelle et supérieure dans le cadre du développement économique d’Haïti.
« Le développement ne se résume pas à l’aide publique », d’après le ministre français, chargé du développement.
« L’aide au développement est nécessaire », mais elle traduit aussi une absence de souveraineté, nuance t-il, applaudissant, dans le budget national haïtien de l’exercice 2012-2013, la place prioritaire accordée aux recettes fiscales.
C’est la première fois que le budget national s’appuie sur plus de la moitié de recettes fiscales venant des impôts prélevés par l’État haïtien, au lieu de l’aide au développement, souligne-t-il.
Ce changement, dans la politique fiscale d’Haïti, est un élément symbolique, très fort, du chemin qui est en train d’être parcouru, par ce pays, pour recouvrer sa souveraineté politique qui a pu paraître comme confisquée en quelque sorte, au lendemain du tremblement de terre du 12 janvier 2010, croit Canfin.
Après l’urgence du séisme, une nouvelle ère s’ouvre, tente de rassurer le ministre français, chargé du développement, signalant qu’il y a de plus en plus d’entreprises françaises qui veulent apporter leur savoir-faire dans le pays, en matière, notamment, d’énergies éoliennes.
En Europe, des combats sont en train d’être menés en vue d’exiger la transparence autour des investissements des entreprises européennes dans les pays du Sud, dont Haïti, fait savoir Pascal Canfin. [emb rc apr 02/11/2012 13:12].