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Electricité et assainissement : les Port-au-Princiens invités à prendre leur mal en patience

P-au-P., 27 avr. 04 [AlterPresse] --- Une amélioration substantielle dans la distribution de l’énergie électrique n’est pas pour tout de suite.

Rompant un long mutisme contrastant avec le rationnement des plus drastiques de l’électricité dans l’aire métropolitaine de Port-au-Prince, le ministre des travaux publics, transports et communications (TPTC), Jean Paul Toussaint, n’a promis ce 27 avril, qu’une légère amélioration pour la mi-mai 2004.

Les quartiers les plus chanceux de la capitale devront se contenter dans l’intervalle de quatre à cinq heures de courant par jour. D’autres quartiers moins « gâtés » ne reçoivent depuis plusieurs semaines que trente minutes d’électricité par jour, quand ils n’en sont pas privés pendant des jours.

Pour justifier le « black out », Jean Paul Toussaint évoque des facteurs bien connus des abonnés de la compagnie nationale d’électricité (ED’H) comme par exemple les moteurs de diverses centrales nécessitant réparations.

La légère amélioration annoncée par le ministre des TPTC se fonde sur le retour attendu sur le réseau d’ici au 15 mai 2004 de la centrale hydro-électrique de Péligre qui est actuellement en réparation.

Une amélioration plus sensible consistant en la fourniture de huit à neuf heures d’électricité à la capitale haïtienne ne devrait intervenir que dans les six prochains mois.

Mais pour cela, il faudra réparer les moteurs des diverses centrales de production électrique pour faire passer la production dans l’aire métropolitaine à quatre-vingt-dix mégawatts, a fait savoir le ministre Toussaint.

« L’ED’H est une entreprise déficitaire. Nous comptons sur l’appui des partenaires d’Haïti pour atteindre cet objectif », a ajouté Jean Paul Toussaint.

Actuellement, la demande quotidienne de la région métropolitaine oscille entre cent trente et deux cents mégawatts, dépassant très largement la production actuelle et celle promise pour la mi-mai 2004 et les six prochains mois par le titulaire des TPTC.

Ces quatre dernières années, la production de courant électrique n’a cessé de baisser alors que les factures d’électricité ont suivi une courbe ascendante.

Plusieurs anciens et actuels employés syndiqués de l’ED’H expliquent sa faillite actuelle par le fait que le régime déchu de Jean Bertrand Aristide et d’anciens responsables de cette entreprise ont dilapidé une grande partie de ses actifs et se sont adonnés à des pratiques scandaleuses de corruption.

Après l’électricité, un autre défi que la nouvelle administration haïtienne est appelée à relever de toute urgence, c’est l’assainissement.

Le ministre des travaux publics fait état d’efforts communs avec l’actuelle force multinationale en Haïti en vue du ramassage des détritus à la capitale.

Plusieurs artères de Port-au-Prince sont sous l’assaut des immondices depuis plusieurs semaines.

Ces derniers jours, des éboueurs et véhicules lourds des TPTC et du CNE (conseil national des équipements) sont remarqués à pied d’ouvre dans certains points jonchés de détritus et aux abords de quelques égouts.

Mais ce n’est pas encore la grande toilette attendue par les habitants de la capitale. D’autant que les résultats des maigres efforts de nettoyage constatés sont souvent annihilés par les inondations provoquées par les averses.

C’est ainsi que la capitale a renoué, en plusieurs de ces artères, avec son aspect hideux après des pluies diluviennes enregistrées les 23, 25 et 26 avril 2004.

La situation était particulièrement critique, après ces averses, au niveau de la commune de Carrefour, sortie sud de la capitale. La circulation automobile et piétonne était quasiment impossible.

Pour résoudre durablement les problèmes posés par les immondices et les alluvions venus du Morne l’Hôpital (Protection Naturelle de Port-au-Prince), le ministre Jean Paul Toussaint reconnaît qu’il ne faut pas exclure le recours à des mesures impopulaires.

En ce sens, il a fait savoir que les marchés populaires pullulant aux abords de certaines voies très fréquentées, gênant la circulation et enlaidissant la capitale, ne seront pas tolérés.

Outre le problème d’insalubrité, plusieurs experts ont maintes fois fait savoir que Haïti vit au jour le jour l’imminence d’une catastrophe écologique immédiate, à cause du laxisme des autorités successives qui ne prennent aucune disposition pour freiner la dégradation accélérée du milieu ambiant. [vs apr 27/04/2004 21:00]