Spécial genre
P-au-P, 18 Oct 2012. [AlterPresse] --- Des ouvrières de la sous-traitance dénoncent la non-application du salaire minimum fixé à 300 gourdes [US $ 1.00 = 43.00 gourdes ; 1 euro = 58.00 gourdes aujourd’hui] par le gouvernement.
La loi fixant le salaire minimum, publié dans le journal officiel Le Moniteur du 6 octobre 2009, devait rentrer en vigueur le 1er octobre 2012.
Le salaire minimum de référence des entreprises tournées exclusivement vers la réexportation et employant essentiellement du personnel payé à la tâche [pièce, douzaine, grosse, mètre etc...] devra permettre aux travailleurs de totaliser un revenu d’au moins 300 gourdes par jour, selon l’article 2.2 de la loi sur le salaire minimum.
Jusqu’au mois de septembre elles recevaient la modique somme de 150 gourdes / jour et ce n’est que le 1er octobre dernier que les patrons leur ont promis qu’elles allaient recevoir 200 gourdes pour la journée, affirment des ouvrières interrogées par AlterPresse à la Société nationale des parcs industriels (Sonapi).
Ces ouvrières qui dénoncent le non respect de cette loi sollicitent l’intervention de l’Etat en vue de son application.
Yanick Etienne, membre de la coordination de l’organisation « Batay ouvriye » (Lutte ouvrière) abonde dans le même sens et parle de violation de la loi.
Elle dénonce également les conditions de travail des ouvrières, qui travaillent et mangent sous le stress, qui génère chez ces femmes des problèmes de santé.
« Il y’a un système répressif au sein de ces industries qui empêche les ouvrières de revendiquer l’application du salaire de 300 gourdes », critique t-elle.
Wolguine Jean, une jeune femme de 20 ans, originaire de Jérémie (Grand-Anse), qui travaille au Parc depuis 3 mois, affirme accepter de travailler dans de telles conditions à cause du poids de ses responsabilités. « Mes parents sont en province, ils ne peuvent pas m’aider, j’ai des petits frères et sœurs je dois les soutenir », dit-elle.
Wolguine, qui faisait la 8 ème, affirme cependant, qu’elle compte arrêter de travailler afin de retourner à l’école en janvier prochain.
Michelène Pierre, mère d’un garçonnet de 10 ans, embauchée au Parc industriel depuis plus d’un an, compte sur ce salaire, « quoique petit », pour faire l’éducation de son fils, qui est « privé de père ».
La militante de « Batay ouvriye » appelle à plus d’engagement des mouvements de femmes aux cotés des ouvrières, qui constituent le gros du personnel des usines de sous-traitance, où les contraintes familiales les obligeraient à se laisser « exploitées ». [bd gp apr 18/10/2012 15:45]