Correspondance Ethzard Cassagnol
Fonds-Verrettes, 18 oct. 2012 [AlterPresse] --- Aux yeux et au su de tout le monde, des individus non identifiés exploitent, constamment et de façon désordonnée, des « bois gras » à la forêt des pins (Fonds-Verrettes, Ouest), la principale réserve en pins d’Haïti, observe l’agence en ligne AlterPresse.
Ces pins coupés sont destinés à différents usages, notamment la fabrication de planches, mais également l’extraction de la partie grasse (du tronc d’arbre) - communément connue sous le nom de bwa pen généralement appropriée pour l’allumage du feu (avec le charbon de bois) dans différents ménages haïtiens.
« Une personne coupe (en moyenne) 2 arbres par jour pour la fabrication de planches à la forêt des pins. D’autres personnes peuvent creuser quotidiennement dans un minimum de 25 troncs d’arbres, dans le but d’exploiter la partie grasse. Ce qui est vraiment grave », rapporte Walner Camilus, membre d’une organisation paysanne à Fonds-Verrettes.
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La pratique de l’abattage des pins gras à Fonds-Verrettes remonte à « plusieurs années, souligne l’agriculteur Antoinié Bouzi, qui déplore le fait que ces exploiteurs ne se soucient pas de « la sauvegarde » de la forêt des pins, nommée habituellement « la forêt ».
La présence des gardes forestiers ainsi que les messages de sensibilisation ne semblent pas dissuader les personnes, qui exploitent sauvagement la forêt des pins à des fins lucratives.
Anticipant les impacts négatifs sur l’avenir et l’écosystème de la forêt des pins, les habitantes et habitants de la zone appellent à des décisions institutionnelles sévères pour mettre fin aux pratiques d’abattage systématique des pins à Fonds-Verrettes.
« Si rien n’est fait pour freiner ce désastre, nos enfants devront faire face à une dure réalité », présage Rossiny Sainlouinice, membre de Òganizasyon peyizan agrikòl oryani (organisation paysanne agricole oriani / Opao).
Ce sont, pourtant, des pratiques, entretenues ouvertement et sans aucune crainte par ces coupeurs d’arbres.
La forêt des pins est entourée par différentes localités, comme Oriani, Gros cheval, Barassa, Bwa nègès et Boukan chat, toutes regorgeant de pins et ayant comme production principale les cultures maraîchères (pommes de terre, choux, carottes, oignons, betteraves, divers types d’haricots comme le pois France), des céréales (maïs, blé progressivement en diminution), .des arbres fruitiers (avocats - la variété dite guatémaltèque -, pêches, prunes et pommes – ces deux fruits étant en voie de disparition -, tamarino – qui n’est pas du tamarin -), des cultures pérennes (café, progressivement remplacé par les cultures maraîchères), des tubercules (patates, tayo).
La vente des bois de pins (bwa pen) gras constitue une source de revenus pour un groupe de ces fonds-verrettiennes et fonds-verrettiens.
Les incendies, qui se déclarent souvent dans ces bois à la forêt des pins – qui devait être une zone effectivement protégée - ne manquent pas, non plus, de détruire cette espèce de pins gras (dont le nom scientifique est pinus occindentalis).
La coupe des arbres à Fonds-Verrettes a déjà occasionné maints dégâts dans la vie des communautés riveraines.
Parmi les dommages, il convient de mentionner la destruction du bourg de Fonds-Verrettes, le 23 mai 2004, en aval de la forêt des pins, une leçon que les exploiteurs des pins semblent avoir oublié huit ans après. [ec jep srh rc 18/10/2012 10 :27]