Spécial genre
P-au-P, 11 oct. 2012 [AlterPresse] --- Des marchandes, mères de famille, continuent d’exprimer leurs préoccupations une semaine après la rentrée scolaire du début d’octobre 2012, alors qu’elles n’ont pas pu réunir les moyens pour envoyer leurs enfants en classe, dans des interviews accordées à l’agence en ligne AlterPresse.
« Je ne les ai pas encore envoyés à l’école, puisqu’ils n’ont pas encore d’uniformes et de chaussures », affirme Idonide Théolien, mère de 3 enfants, marchande d’oranges au marché de Delmas 32 (périphérie nord-est de la capitale).
Réfléchissant sur cette situation, Idonide considère que la scolarisation gratuite, prônée par l’actuelle administration politique, est un mythe, puisqu’elle ne touche pas toutes les franges de la population haïtienne.
Une position, partagée par d’autres commerçantes de la place qui dénoncent l’irresponsabilité et le manque de volonté des autorités à changer la réalité alarmante, à leurs yeux.
Marlyne Jacques, qui vend des valises usagées au marché de Gérald Bataille (périphérie nord-est), estime que cette activité ne lui permet pas de subvenir véritablement aux besoins de sa famille.
Mais, elle n’a pas d’alternative.
« Parfois, je sors dès 6:00 am (10:00 gmt) pour rentrer vers les 7:00 pm, sans rapporter un sou à la maison », souligne-t-elle.
Pour sa part, Roselène, vendeuse d’avocats dans le même marché, fustige l’indifférence des autorités qui ne se soucient pas du sort des marchandes.
Ces marchandes sollicitent l’aide des responsables pour l’amélioration de leurs conditions de vie.
En dépit du fait que les activités du secteur informel ne rapportent que de faibles revenus, elles demeurent, tout de même, pour plusieurs marchandes interrogées, la principale source de rentrées financières pour faire face, en partie, à des charges sociales.
En Haïti, les femmes qui travaillent sont essentiellement occupées dans le commerce (43.9 % - petites marchandes, madan sara...), dans l’agriculture (37.5 %), le secteur des services (10.7 %) et 6 % dans les autres secteurs.
Selon les statistiques officielles, plus de 53% des ménages haïtiens sont dirigés par des femmes dans l’ensemble du pays, avec une prédominance de femmes cheffes de famille dans les milieux urbains (plus de 60%).
Le secteur informel est en expansion, alors que l’économie stagne et que les opportunités d’emplois font défaut, relève l’organisation de promotion des droits des femmes Kay Fanm, qui souligne une invisibilité du travail des femmes dans la société.
Haïti est le pays qui possède le taux le plus élevé de femmes économiquement actives de la région Amérique Latine et Caraïbes, avec 50.5 %.
Cependant, ces femmes sont loin d’être les bénéficiaires des activités les plus rentables. [bd gp apr 11/10/2012 13:20]
Dépêche réalisée dans le cadre d’un partenariat d’information sur les questions de genre avec le réseau des femmes des radios communautaires haïtiennes (Refraka)