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Le cri de Gorée

Par Nesmy Manigat

Soumis à AlterPresse le 4 octobre 2012

Depuis le Sénégal, une fois de plus, beaucoup d’émotions à la « porte du voyage sans retour » de la triste maison des esclaves, sur l’ile de Gorée. Cette porte de non-retour que des milliers d’esclaves, aujourd’hui, haïtiens, cubains, brésiliens, afro-américains etc.. ont franchi contre leur gré en direction des Amériques.

Cette sinistre porte où Jean-Paul II, venu demander pardon et Nelson Mandela ayant pardonné, se sont recueillis tour à tour pour tant de souffrances, de larmes et de mort.

Loin de m’inspirer de la rancune, ce macabre commerce sur l’ile de Gorée m’interpelle sur une question : Comment un peuple qui a vécu un traumatisme et une injustice collectifs si forts, n’arrive pas encore à puiser de son histoire et de sa mémoire les ressources nécessaires pour inspirer une rage collective de vaincre l’injustice, l’exclusion et la pauvreté ?

Pourquoi aujourd’hui encore, on persiste à se tromper de bataille, tandis qu’un grand nombre d’Haïtiens, particulièrement ceux à la recherche d’une terre économiquement plus clémente, continuent cette errance, au point de se faire régulièrement mettre à la porte parce que jugés, illégaux ou indésirables ? On n’est pas prêt d’oublier ceux massacrés ou chassés par Trujilio.

Ne faut-il pas refuser cette fatalité car Haïti reste un pays avec une grande histoire et un potentiel important. Peut-être faudrait-il, en plus du parchemin des Gonaïves, un nouveau pacte depuis cette porte de Gorée pour qu’aucun Haïtien n’aie à franchir une porte contre son gré, que ce soit celle d’Haïti, ou d’un autre pays, à moins que ce soit son propre choix.