Correspondance Ronel Odatte
Hinche, 3 oct. 2012 [AlterPresse] --- La ville Las Matas de Farfan (une municipalité de la province de San Juan de Maguana, République Dominicaine) a accueilli, les vendredi 28, samedi 29 et dimanche 30 septembre 2012, une rencontre officielle entre les maires frontaliers des deux pays partageant l’île d’ Haiti, selon les informations obtenues par l’agence en ligne AlterPresse.
Plusieurs questions ont été touchées, telles : la légèreté dont font montre les autorités locales haïtiennes en matière de gestion de frontière, le vol de bétail qui fait rage, l’immigration clandestine, le commerce illicite et la protection des droits fondamentaux des personnes menant des activités commerciales le long de la frontière.
Cette rencontre a été l’occasion pour les membres de l’association des maires frontaliers de s’entretenir avec leurs homologues dominicains sur l’épineuse question de ‘’vol de bétail’, confirme le maire titulaire de la municipalité de Thomassique, Marino Étienne, interrogé par l’agence en ligne AlterPresse.
Le vol du bétail a occasionné une décapitalisation de la majorité de paysannes et paysans, résidant dans les localités limitrophes, comme : Bocbanic, Dondiègue, Barranque, Tilori,et Sabana Cruz (dans les communes de Thomassique et de Cerca-la-Source), dit-il.
En revanche, Étienne reconnait une participation non négligeable d’Haïtiens dans les vols du bétail dominicain.
« Il y a une semaine, en un seul jour, des Haïtiens ont pu franchir la frontière avec plusieurs bovins. Mais, grâce à notre dévouement, les dominicains ont pu récupérer ces têtes de bétail ».
Les responsables des municipalités de Pedro Santana, de Elias Pina, de las Matas de Farfan en ont profité pour dénoncer les autorités locales haïtiennes, qui auraient exigé trop d’argent pour la restitution des têtes de bétail (pourtant volées) par des Haïtiens en territoire dominicain.
Cette affirmation est correcte, souligne le maire principal de Thomassique, qui, de son côté, promet aux Dominicains de tout faire pour remédier à cette situation.
Le ministère de l’intérieur et des collectivités territoriales devrait placer, tout au long de la frontière, des postes de police, des bureaux du service d’immigration et d’émigration, en vue d’avoir un meilleur contrôle sur les allers et retours. recommande Étienne.
" Les droits de nos compatriotes sont foulés au pied et, parfois, des commerçants sont victimes d’exactions de la part de nos voisins, tandis que les Dominicains traversent la partie frontalière haïtienne sans donner d’explications à personne", déplore le responsable.
« Thomassique et Cerca-la-Source ne disposent que de 12 policiers nationaux. Comment peut on avoir un contrôle réel sur ce qui se passe dans les régions frontalières du Plateau Central », déclare un agent de la police nationale d’Haïti (Pnh), qui veut garder l’anonymat.
Une habitante de la zone frontalière, Yvrose Marin, qualifie d’humiliante cette réalité de deux poids et deux mesures, à partir de laquelle les Dominicains se déplacent librement, à l’heure voulue, pour se procurer de la pintade ou autre produit haïtien, tandis que les nationaux font face toujours à des restrictions.
A l’exception du tamarin, du pois congo [une des variétés typiques d’haricots en Haïti] et de la pintade, les activités commerciales sur la frontière apportent beaucoup plus d’avantages économiques et financiers aux Dominicains qu’aux Haïtiens, critiquent les habitants des zones frontalières.
Une grande variété de produits alimentaires, consommés au Plateau Central, à l’exemple des matériaux de construction, viennent quotidiennement de la République Dominicaine. [ro kft rc apr 3/10/2012 12:00]