correspondance Wedlyne Jacques
Cap-Haïtien, 1er oct. 2012 [AlterPresse] ---Protestant contre l’offensive de l’éthanol sur le marché haïtien, les producteurs de clairin (eau de vie locale) dans le Nord appellent l’État à leur offrir un encadrement pour éviter leur disparition, selon les informations obtenues par AlterPresse.
Depuis deux ans, la production de la canne à sucre fait face à de grandes difficultés dans le Nord.
La canne, qui sert à la production, entre autres, de sirop, rapadou, clairin, souffre de la commercialisation de l’éthanol, qui mélangé à l’eau, remplace facilement le clairin local pour moins de débours.
Plus d’une dizaine de distilleries ont fermé. Des barils de clairin restent dans les dépôts, attendant sans doute un miracle.
Un peu plus réalistes cependant, plus d’une douzaine de distillateurs, de travailleurs ainsi que des représentants des associations de la société civile du Nord, ont organisé, la semaine dernière, des états généraux autour de la question.
Ces associations dénoncent entre autres, le mépris de l’État, qui ne prend pas en compte les problèmes de la filière de la canne à sucre.
La filière n’est pas protégée, ni ne bénéficie de crédits, susceptibles d’encourager les producteurs, se plaignent-ils.
Les participants à ces états généraux, dont l’ancien sénateur Kelly Cledor Bastien, le député de la circonscription Limonade/Quartier Morin, Glick Teophil, les distilleries Gérard, Innocent, la Rue et autres demandent au gouvernement de stopper l’importation de l’éthanol.
Ils plaident également en faveur d’une politique d’encadrement de la production agricole, notamment celle de la filière de la canne-à-sucre.
Au nombre d’une cinquantaine, les grandes plantations et distilleries de la canne-à-sucre dans le Nord se situent dans la partie est de l’entrée de la ville du Cap-Haïtien, soit surtout dans la commune de Quartier Morin (dont Cadouche, Robillard, Clairisse).
Soutenue par de petites entreprises, pour la plupart familiales, cette filière est l’une des rares à résister aux aléas économiques, à l’instabilité politique du pays, en dépit de la destruction des usines sucrières du Nord, à l’image de WELCH.
La production de la canne génère plus d’un millier d’emplois à différents niveaux, allant de la préparation de la terre pour la culture de la canne, jusqu’à la fabrication du clairin comme produit fini. [wj kft rc apr 02/10/2012 0:50]