Correspondance Shella Chauvette
Belladère, 28 sept. 2012 [AlterPresse] --- L’absence d’établissements scolaires sur la frontière de Belladère (Centre, est), plus précisément à Cachiman (1ère section communale de Belladère) pousse de nombreux enfants haïtiens à laisser le territoire national pour aller à l’école à Carisal (République Dominicaine), constate l’agence en ligne AlterPresse.
« L’Etat ne nous prend pas en charge. On dirait que nos enfants ne sont pas haïtiens/haïtiennes », déplore un Belladerois.
2 à 3 kilomètres séparent Cachiman de Carisal. Un parcours qui n’est pas de tout repos pour les écoliers et écolières haïtiens. Quand le portail frontalier, pour une raison ou une autre, est fermé, ces petits et petites sont forcés d’escalader des murs ou de couper à travers champs.
« Quand il y a crise entre ces deux pays, les écoliers ne peuvent pas traverser la frontière. En général les écoles [de Carisal] sonnent la rentrée à 7 heures du matin (11:00 gmt), et l’heure d’ouverture de la frontière est 8 heures. Aussi ces élèves arrivent toujours en retard », explique le vice président de l’Organisation pour le développement et la survie de Belladère (Odsb), Jean Claude Salomon.
Ces enfants sont exposés aux coups des militaires dominicains quand ils les surprennent en train de se faufiler clandestinement. Pire, quand la frontière, zone souvent survoltée, ferme brusquement avant le renvoi, les enfants haïtiens restent bloqués de l’autre coté, coupés de leur famille et de leur terre.
La langue de ces enfants, comme de tout Haïtien, reste le Créole. Le Français, autre langue officielle, consacrée par la Constitution, fait figure de langue d’enseignement, avec des conséquences souvent critiquées.
Mais dans le cas de Cachiman, cette section de Belladère, la langue de l’enseignement et d’apprentissage est l’Espagnol, parlé exclusivement en République Dominicaine.
La grande distance qui les sépare de leurs écoles et tous les écueils ne découragent pourtant pas ces enfants. La raison est que l’absence d’infrastructures scolaires dans leur section communale, Cachiman, attise l’attraction dominicaine.
Les écoles de Carisal pour ne rien arranger en ce sens, offrent en plus des fournitures scolaires, l’uniforme et la cantine.
En dépit des humiliations, des risques et dangers, les parents, qui n’ont donc pas à se casser la tête, envoient, sans hésiter, leurs enfants en République Dominicaine.
Aide et Action, une organisation non gouvernementale, devrait construire une école dans la section communale, d’après les habitants de Cachiman.
Selon le maire de Belladère, Roselor Alcide, il est difficile pour l’administration municipale de trouver des fonds pour construire cette école.
La mairie a fait une demande auprès du fonds d’assistance économique et social (Faes), mais toujours sans réponse, d’après le maire.
Des matériaux tels 42 camions de sable, 10 camions de roches, et 1 camion de graviers, sont déjà disponibles, sur le terrain qui doit accueillir la structure scolaire, explique Jean Claude Salomon de l’Odsb, qui appelle à un sursaut en faveur de la section de Cachiman.
Le président Michel Martelly a pourtant lancé un programme de scolarisation universelle et gratuite (Psugo). Seulement l’an dernier (année académique 2011-2012), un million d’enfants seraient allés à l’école, selon le chef de l’Etat, qui a ainsi défié les statistiques les plus réalistes.
A Belladère, une telle performance est, en tout cas, loin d’avoir été réalisée. [sc apr 28/09/2012 10 :45]