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Haïti/Post-séisme : Des victimes du 12 janvier 2010 ont gardé leur sourire et leur espoir

Plus de quatre (4) mille personnes amputées après le séisme

Augmentation du nombre de personnes handicapées, estimées à 800 mille en Haïti, avant le 12 janvier 2010

Actualisé le 20 septembre 2012

P-au-P, 17 sept. 2012 [AlterPresse] --- « La santé mentale des handicapés du 12 janvier » - un documentaire qui expose la volonté des personnes amputées du 12 janvier de surmonter leurs souffrances et leurs douleurs suite à l’accompagnement qui leur est donné - a été projeté, pour la première fois, le vendredi 14 septembre 2012 à la fondation connaissance et liberté (Fokal).

Au fil des images, des femmes se font danseuses en dépit de leur handicap et expriment leur joie de vivre.

Le film-documentaire de 26 mn se déroule comme un appel aux autorités de s’impliquer davantage dans la prise en charge des personnes handicapées.

Réalisé par le licencié en psychologie à la faculté de l’ethnologie de l’université d’État d’Haïti (Ueh), Kevins Villefranche, le documentaire « la santé mentale des handicapés du 12 janvier » est inspiré de son mémoire de sortie, soutenu en mai 2012. La réalisation a duré six mois.

Basée sur un échantillonnage non probabiliste, la recherche, menée par Villefranche, a été effectuée sur 30 victimes amputées, âgées entre 20 à 60 ans, en réadaptation dans un centre de Handicap International, une organisation non gouvernementale internationale, à Port-au-Prince.

La plupart des personnes devenues handicapées, après le tremblement de terre du 12 janvier 2010, ont bien traversé le choc subi, selon les résultats de réinsertion et réadaptation obtenus par Handicap International.

76 pour cent de l’échantillon ne montrent pas, respectivement, de symptômes de troubles relationnels, 54.66 % de troubles émotionnels et 39.33 % de troubles cognitifs, suivant les mêmes résultats présentés dans ce film-documentaire.

La recherche de Kevins Villefranche vise à contribuer à l’amélioration de la prise en charge des victimes de traumatisme psychologique, notamment les personnes amputées après le tremblement de terre de janvier 2010.

Il s’agit aussi de sensibiliser les institutions de la santé sur les effets du traumatisme psychologique (après un événement majeur comme le séisme du 12 janvier 2010) et d’insister sur la nécessité d’investir davantage dans un accompagnement psychologique.

Plus de quatre (4) mille personnes, amputées après le séisme, ont grossi la population des personnes handicapées, estimées à 800 mille en Haïti avant le 12 janvier 2010.

Les problèmes des personnes handicapées sont le plus souvent d’ordre social, souligne Kevins Villefranche critiquant, à ce niveau, une absence d’infrastructures appropriées en Haïti.

La question de la santé mentale est très complexe et récente, ajoute t-il.

La chambre des députés n’a voté que récemment une loi reconnaissant la personne handicapée comme une personne à part entière, signale la psychologue Linda Métayer, déplorant le caractère très pauvre de la littérature, existant sur la problématique des personnes handicapées en Haïti.

Les personnes souffrant d’un handicap sont des personnes comme nous avec les mêmes besoins et souffrances, fait-elle remarquer.

« Ce film-documentaire se situe entre la vie et la mort » et montre à quel point la vie humaine est fragile, souligne la psychologue clinicienne, Edwige Millien.

Il expose aussi la place des personnes handicapées dans la société, indique t-elle, évoquant la volonté de ces victimes de dépasser la souffrance et de se réinventer un corps.

« Ce qui compte pour la personne handicapée est sa vie sociale ».

Edwige Millien souhaite que la question de l’handicap devienne une préoccupation à l’université d’État d’Haïti (Ueh).

Ce film-documentaire devra servir d’introduction à des débats sur la problématique des personnes handicapés dans le pays, suggère le réalisateur Arnold Antonin, qui encourage les responsables d’université à utiliser le cinéma comme un outil pour accompagner la recherche scientifique, telle la réalisation des thèses documentaires.

La réalisation du court métrage « la santé mentale des handicapés du 12 janvier » a été rendue possible grâce au support de la fondation connaissance et liberté (Fokal), la secrétairerie d’État aux personnes handicapées, de Handicap International, de l’unité (haïtienne) de recherche et d’action médico-légale (Uramel) et du centre Pétion Bolivar. [emb kft rc apr 17/09/2012 14:40]