correspondance Shella Chauvette
Belladère, 14 sept. 2012 [AlterPresse] --- La frontière de Belladère (département du centre), reliée à la République Dominicaine (Commendador / Elias Pina) fait face à une carence en infrastructures routières et de mauvaises conditions sanitaires, qui constitue une source de préoccupation pour les commerçantes et commerçants haïtiens exerçant leurs activités économiques.
Ces marchandes et marchands se plaignent du mauvais état des routes, de la dégradation de l’hygiène, du manque d’eau potable et d’électricité, qui affectent surtout leurs activités commerciales sur la frontière, selon les témoignages recueillis par AlterPresse.
« La route (en Haïti) conduisant à Belladere (en passant par Lascahobas) devient impraticable à chaque période de pluies. En plus des retombées négatives sur le commerce, cette situation est la cause de pas mal d’accidents de motocyclistes et de chauffeurs de camions », déplore Smith Hervé, un motard qui assure le trajet de Belladère à Elias Pina sur la frontière (4 kilomètres de route).
« Des milliers de dollars circulent sur la frontière. Pourtant, les conditions d’assainissement sont déplorables », dénonce, pour sa part, Dr. Leo Grandin, un natif de Belladère.
L’absence de travaux de curage rend difficile l’évacuation des eaux usées. Ce qui entraîne une dégradation de l’environnement sur la frontière haitiano-dominicaine.
« Les eaux usées non évacuées forment des flaques d’eau, qui, par leur accumulation un peu partout dans le bourg, sont considérées comme très dangereuses pour la santé des personnes qui fréquentent la frontière de Belladère » avertit une marchande, Benita Soy.
La frontière de Belladère présente l’aspect d’une zone attractive en termes d’activités socio-économiques, mais les conditions d’insalubrité (faute d’un programme d’assainissement approprié) sont susceptibles d’affecter l’économie locale, critique Soy.
« Une quantité importante de bétail, en provenance de la République Dominicaine, tend à augmenter l’insalubrité sur le territoire haïtien (notamment dans le complexe administratif) tout en causant également la destruction des plantations paysannes sur le territoire haïtien », relate Rose Cadi, une habitante de la zone.
Contrairement à Belladère, sont constatés, de l’autre côté de la frontière, une présence considérable de militaires dominicains assurant la sécurité de leur zone frontalière ainsi qu’un service d’immigration qui contrôle les rentrées et sorties de toutes personnes sur le territoire dominicain.
« L’absence d’un commissariat et l’effectif limité (seulement 6 agents au bourg de Belladère et 4 au quartier de Baptiste) de policiers haïtiens pour sécuriser la frontière de Belladère occasionnent des trafics incontrôlés de toutes sortes », souligne un entrepreneur, Louima Altidore.
Dans un complexe administratif construit en 2008 avec un financement canadien, seule la Douane fonctionne normalement parmi l’ensemble des structures (immigration, commissariat, etc.) qui devraient desservir les usagères et usagers sur la frontière.
Toute personne, qui sort du pays ou qui revient de Comendador (Elias Pina), passe uniquement au service dominicain d’immigration, le service haïtien d’immigration n’étant pas fonctionnel sur cette partie de la frontière commune avec les 2 pays.
Dans le même projet de complexe administratif, était prévue la construction d’un marché binational sur la frontière pour les commerçantes et commerçants haïtiens en vue de faciliter les transactions entre les deux peuples.
« Malheureusement, cette construction n’a jamais eu lieu », regrette un habitant de Belladère, Edbert Jules. [sc emb kft rc apr 14/09/2012 11:10]