Par la Plate Forme Nationale de Sécurité Alimentaire
Soumis à AlterPresse le 21 avril 2004
Depuis 1992 la République d’Haïti connaît une succession de programmes d’urgence, sans articulation les uns aux autres et définis en dehors de toutes stratégies de développement durable. Cet état de fait a rendu difficile une coordination des actions de développement au niveau national et a accru la faiblesse des institutions étatiques.
L’absence d’un cadre de relance économique et de politiques sociales explique en partie cette situation. De plus, l’autoritarisme et le centralisme ont toujours freinés la participation des citoyens à la définition et mise en œuvre des politiques publiques.
Au sein de l’Etat, il manque à l’heure actuelle des structures institutionnelles aptes à mettre en application des politiques et programmes visant la sécurité alimentaire et l’élimination des inégalités extrêmes. Sur le terrain la coordination des actions est nettement insuffisante et il y a peu de concertation entre les acteurs intervenant dans le développement. Fort de ce constat et au moment des négociations d’un programme de coopération entre le gouvernement de transition et les bailleurs de fonds, la Plateforme nationale de sécurité alimentaire (PFNSA) [1]
estime qu’Haïti devrait recevoir une aide massive à la reconstruction qui privilégie les domaines et secteurs suivants :
Les réformes judiciaires et de la police en vue de l’instauration rapide et pérenne d’un climat de sécurité, ce qui aura des incidences bénéfiques sur tous les aspects de la vie nationale,
- le renforcement des institutions publiques, la restructuration de l’Etat avec la déconcentration comme priorité afin que l’Etat haïtien reprenne sa fonction de planificateur stratégique du développement national..
- l’Etat haïtien devra aussi rapidement instaurer un nouveau mode de relation avec la société civile en vue de l’aménagement de l’espace territorial national en amorçant une vraie politique de décentralisation et de participation. Ainsi donc à l’échelle nationale et locale, il serait nécessaire d’aménager les structures de participation permettant aux différents groupes sociaux de prendre une part active dans la détermination des priorités de développement économique et social.
- De plus il s’impose la nécessité de construire un contexte favorable à la création d’emplois, la production et la commercialisation de biens et la fourniture de services adaptés aux caractéristiques de l’ensemble de la population Haïtienne
Dans le domaine de la sécurité alimentaire, il est primordial d’appuyer l’agriculture. Ce secteur occupe 50 % de la population active du pays et couvre 55% des besoins alimentaires nationaux.. La relance du secteur agricole pourrait se faire à partir des politiques et programmes de développement rural qui mettent l’accent sur les aspects suivants :
La constitution de réserves alimentaires stratégiques ;
La sécurité foncière aux petits et moyens producteurs ;
des ressources productives aux cultivateurs (accès au capital financier, aux ressources hydriques, aux intrants) ;
l’augmentation et la mise en culture des terres cultivables ;
l’appui aux différentes filières agricoles ;
la construction et la réhabilitation des infrastructures en priorité celles d’irrigation ;
l’octroi des services agricoles et non agricoles ;
le développement de l’agro industrie ;
un système de contrôle des produits de consommation et de l’eau ;
un soutien aux femmes agricultrices et commerçantes de façon à améliorer leur position dans le système de production et de commercialisation et au sein de leur ménage ;
le suivi de l’évolution de la situation de sécurité alimentaire afin de pouvoir prendre les mesures qui s’imposent.
Dans le très court terme l’Etat haïtien doit surveiller à ce que l’aide humanitaire en particulier l’aide alimentaire ne perturbe pas les marchés agricoles en déstabilisant les prix, en décourageant les producteurs, en entraînant la baisse de la production alimentaire nationale. Un des volets de cette aide alimentaire peut prendre la forme de l’achat des produits périssables dans les zones enclavées du pays ; ce qui apporterait un revenu complémentaire à l’exploitation paysanne.
Des dispositions devraient donc être prise dans l’immédiat afin de coordonner une aide à la reconstruction d’Haïti et créer les pré conditions à la mise en en valeur des potentialités et richesses du pays.
Pour le Comité Executif
Margareth Mathurin
du Groupe haitien de recherches et d’actions pédagogique( GHRAP)
[1] La Plate Forme Nationale de Sécurité Alimentaire (PFNSA) est créée en juin 1999 et est constituée de dix huit (18) institutions. L’un des principaux objectifs de la PFNSA est de Contribuer à l’élaboration et la mise en œuvre de stratégies et programmes garantissant l’amélioration de la situation de sécurité alimentaire en Haïti et l’éradication de la pauvreté. Les institutions membres de la Plate Forme interviennent en majorité dans le champ du développement économique et social : au niveau du secteur agricole, de la formation et de l’accompagnement des communautés de base.
Ces institutions sont les suivantes :
1) AGRO Action Allemande (AAA),
2) Action Aid
3) Association Française des volontaires du Progrès, (AFVP)
4) Bureau de Nutrition et Développement,
5) Centre de Recherche et d’Action pour le Développement (CRAD),
6) Coordination des Opérations de Développement de l’Eglise Méthodiste en Haïti (CODEMH),
7) Comite Protos Haïti,
8) Centre International de Coopération pour le Développement Agricole (CICDA),
9) Christian Aid,
10) Groupe Haïtien de Recherches et d’Actions Pédagogiques (GHRAP),
11) Groupe de Recherche et d’Appui en Milieu Rural (GRAMIR),
12) Groupe de Recherche et d’Appui au Far Ouest (GRAF)
13) Plate-forme haïtienne de Plaidoyer pour un Développement Alternatif (PAPDA),
14) Association Suisse pour le développement et la coopération (HELVETAS),
15) Parole et Action,
16) Protos,
17) Service Chrétien d’Haïti.,
18) Société Internationale pour le Développement (SID).