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HaitiWebdo, semaine du 26 août au 1er septembre 2012

Une semaine dans le sillage d’Isaac : Repasser de l’urgence au long terme en Haïti

P-au-P, 04 sept. 2012 [AlterPresse] --- La dernière semaine d’août 2012 illustre la division quasi-permanente des forces vives d’Haïti sur deux échelles temporelles faisant rarement bon ménage : l’urgence et le long terme, selon les informations rassemblées par l’agence en ligne AlterPresse.

Malgré la précarité de l’habitat, les 24 victimes et les imposants dégâts agricoles, les scenari les plus catastrophistes - imaginés à l’approche d’Isaac - ne se sont pas réalisés.

Force est aussi de constater que le dispositif général de prévention, mis en œuvre à l’échelle nationale par l’ensemble des unités du système national de gestion des risques et désastres (Sngrd) et coordonne par la protection civile, se renforce de saisons en saisons.

Malgré tout, le grand Sud du pays est à nouveau en situation de convalescence : dresser le bilan, réparer les dégâts, trouver une riposte à une crise alimentaire dans les communes du Sud Est, enrayer les risques d’épidémies…

Cependant, la riche actualité de la semaine témoigne de la permanence du débat démocratique et de l’état de vigilance, dans lequel se maintiennent les organisations sociales.

Isaac : dégâts et choléra

Le mardi 21 août, la pré-alerte jaune est décrétée à l’approche de la neuvième dépression tropicale de la saison cyclonique.

Cette neuvième dépression tropicale se transforme, le jeudi 23 août 2012, en ouragan de catégorie 1, entraînant l’alerte rouge sur le territoire national.

Les vendredi 24 et samedi 25 août 2012, la tempête atteint les départements du Sud-Est, de l’Ouest, de Nippes et de la Grande Anse (Sud-Ouest).

« On comptabilise 24 personnes décédées, 42 blessés et un peu de 6,000 familles [ayant] besoin d’un abri », indique Georges Ngwa Anuongong, responsable de communication au sein du bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (Ocha).

Le secteur de l’agriculture (y compris de l’élevage) est durement touché, tout particulièrement dans le Sud-Est : plus de deux mille têtes de bétail emportées par les flots, des ravages dans les cultures estimés à 80% des surfaces dans plus de 10 communes.

Pendant que de nouveaux cas de choléra sont à déplorer, le ministère de la santé publique et de la population (Mspp) écarte une situation de relance de l’épidémie.

Cependant, Isaac a aggravé la situation sanitaire de nombreux foyers plus vulnérables.

Au total, l’Organisation des États-Unis pour la paix, la sécurité et le développement (Oas), estime à 242 millions de dollars américains (US $ 1.00 = 43.00 gourdes ; 1 euro = 58.00 gourdes) les dommages sur les infrastructures en Haïti.

Insécurité : Assassinat du Professeur Serge Luc Bernard

Le président de l’Université de Port-au-Prince, Serge Luc Bernard, a été tué par balles, le vendredi 31 août 2012, par cinq bandits, dans le quartier Turgeau de Port-au-Prince.

Ces derniers - qui l’avaient suivi, alors qu’il sortait de la banque, où il venait d’effectuer un retrait - ont ouvert le feu sur sa voiture.

Le directeur départemental de l’Ouest de la police nationale d’Haïti (Pnh) indique avoir procédé à l’arrestation de deux (2) des cinq (5) meurtriers.

Cet acte de violence sauvage – les voleurs n’ont pu emporter leur butin –visant le fleuron même des forces pensantes du pays, intervient dans un contexte d’insécurité croissante dans la zone metropolitaine de Port-au-Prince.

En deux jours, trois (3) autres personnes ont ainsi trouvé la mort dans des conditions similaires, suite à un retrait bancaire.

Suite à ces affaires, des mesures ont été adoptées, notamment dans la sensibilisation au danger auprès des clientes et clients des banques, et dans la règlementation des transports : notamment l’amélioration du système de plaques d’immatriculation, et la tolérance zéro pour les motos montées par plus de deux personnes.

Attendue au tournant, la police déçoit

Car, c’est elle qui vous attend, et gare au non-port de la ceinture.

Dans ce contexte d’insécurité croissante, une partie de la police s’est trouvé d’autres automobilistes à fouetter.

Ces conducteurs habitent Pétionville, Peguyville et d’autres quartiers huppés, conduisent de belles voitures et ont en commun de rechigner à s’attacher au volant.

Sécurité routière, disent les uns ; harcèlement lucratif disent les autres.

Devant la quantité d’infractions, potentiellement plus dangereuses laissées impunies, la balance ne penche pas vraiment du côté des autorités…

Université d’été high-tech

Le jeune parti Politik Peyizan a ouvert son université d’été, le mardi 28 août 2012, sur le thème : « Les partis politiques et les nouvelles technologies de l’information et de la communication »(Ntic).

« Il ne suffit pas que les partis politiques comprennent les différents enjeux et se servent des Ntic pour parler […] du fonctionnement moderne de ces structures. Il faut que les dirigeants pensent l’éducation et la formation à différents niveaux des membres de ces partis, pour que ces derniers puissent être à même de s’approprier efficacement ces puissants outils de communication et participer réellement au développement », explique le Docteur Max Paul, rapporté par le Nouvelliste.

Issu de la plate-forme –aujourd’hui caduque - Repons Peyizan, qui avait porté Joseph Michel Martelly au pouvoir, le parti repense sa filiation avec celle-ci et son affinité avec ses anciens membres, argumentant que les orientations - prises par l’actuel pouvoir - ne résoudront pas les problèmes structurels du pays.

Consécration de la Miss Tourisme d’Haïti

La ministre du tourisme, Stéphanie Balmir Villedrouin, voit les choses en grand.

Elle exposait le 30 août 2012, à l’hôtel Delta du centre-ville de Montréal, son plan de réhabilitation d’Haïti sur les cartes touristiques du monde.

Trois départements sont concernées par ce projet de taille. La liste des tâches est longue.

Créer un circuit touristique intégrant Labadie, la Citadelle, la communauté de Milot et le centre historique du Cap-Haïtien. Aménager 1.5 km de plage à Chouchou Bay (Nord) pour l’horizon 2014 avec le concours de la compagnie mexicaine Fonatour.

Faire de la côte des Arcadins un paradis balnéaire, ouvert sur les cascades de Saut-d’Eau (plateau central) et le fort de Drouet (Artibonite / Nord) . Développer le tourisme de montagne et l’éco-tourisme à Furcy (Est), Belo (Est), Vallue (Ouest, au sud de la capitale) et Seguin (Est).

Raviver la flamme de Jacmel [Sud-Est] (jadis rayonnante dans toutes les Caraïbes) dans le domaine de arts et de la culture, améliorer ses hôtels, couler une grande avenue bordant la mer, bâtir un amphithéâtre et un centre de convention d’une capacité de 800 personnes.

Un aéroport international pour le Cap Haïtien, agrandir celui des Cayes (Sud), créer des infrastructures aéroportuaires pouvant accueillir des transporteurs de 70 à 120 places à Jacmel…

Entre autres mesures, toutes plus sensées, les unes que les autres.

Mais si personne, connaissant le pays, ne doute de son potentiel touristique, force est de constater l’ambition d’un tel plan à la lumière de la longueur des mandats politiques, et des moyens disponibles.

Le tourisme offre de grandes opportunités de développement.

Le plan, tel que proposé, serait pourvoyeur de 10,000 emplois directs.

C’est aussi une mesure de long terme, créatrice de réponses aux problèmes à venir.

A espérer que les dossiers brûlants ne la consument pas.

« La poésie n’est pas souvent à l’honneur »

Succédant aux grands noms de la littérature haïtienne - comme Frankétienne, Lyonel Trouillot, André Fouad ou Angélique Jules -, le poète Claude C. Pierre a remporté, le mercredi 29 août 2012, le prix Joseph D. Charles de la bibliothèque Georges Castera du Limbé 2012, pour son livre intitulé « Le voyage inventé ».

Il est également auteur de Huit poèmes infiniment, Prix littéraire de l’Outaouais en 1984, et de Le coup de l’étrier, 1987 (prix de poésie de l’Alliance Française, Ottawa-Hull et prix littéraire Le Droit d’Ottawa).

« […] pas souvent à l’honneur », disait Saint John Perse lors de son allocution au Banquet Nobel en 1960. Dans les remous d’une actualité éprouvante pour le pays, où tout semble éternel recommencement des épreuves, « poète est celui qui rompt pour nous l’accoutumance ». [jp kft rc apr 04/09/2012 0:25]