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Haïti - Isaac : Un bébé de 5 jours, mort au camp Grace Village lors du passage de la tempête

Par la section Communication et Plaidoyer
du groupe d’appui aux rapatriés et réfugiés (Garr)

Soumis à AlterPresse le 27 août 2012

Suite à l’affaissement de la tente, où il se trouvait, le bébé a éprouvé des difficultés pour respirer. Mais les parents n’ont pas pu l’emmener rapidement à l’hôpital, car les barrières du camp avaient été fermées par les agents de sécurité engagés par le propriétaire du terrain.

L’enfant a trépassé, au moment où sa mère tentait vainement de le traverser sur le mur de clôture du camp pour l’emmener à l’hôpital.

C’est depuis plusieurs mois que les habitants de ce camp - situé à Carrefour (Zone Saint Charles) - vivent sous un régime de prisonnier, imposé par le propriétaire du terrain où ils sont hébergés depuis le tremblement de terre.

Ce dernier, qui les menace quotidiennement d’expulsion, a placé, à l’entrée du terrain, des agents de sécurité qui décident de qui peut entrer et sortir du camp. Le soir du passage de la tempête Isaac, ces derniers ont décidé d’enfermer tout le monde et sont partis avec la clé.

Selon la famille endeuillée, le bébé aurait eu le temps de recevoir des soins appropriés, si les parents avaient pu l’emmener à l’hôpital.

Mais, les barrières du camp étaient fermées et les agents de sécurité absents.

Alertés après un tel évènement, des responsables de la mairie de Carrefour sont entrés en contact avec le propriétaire et lui ont exigé de laisser les déplacés sortir et entrer librement sur le site.

Les pluies et vents violents, qui ont accompagné le passage de la tempête Isaac, ont rudement affecté les déplacés du Camp Grace Village.

Des tentes déchirées, des arbres arrachés par les fortes bourrasques, le sol en terre battue transformée en une nappe boueuse : telle est l’image que présente le camp ce 25 août 2012, au lendemain du passage de la tempête. Le spectacle désolant laisse entrevoir que les déplacés ont vécu une nuit de calvaire.

« J’ai passé une nuit blanche avec mes deux enfants sur mes genoux. C’était terrible », raconte Germina, assise sous une tente de fortune, entourée de ses deux petites filles âgées de 3 et 7 ans.

Cette mère de famille avoue qu’elle n’était pas préparée pour ce cyclone ; elle avait seulement, sous la tente, un avocat et du pain pour donner à ses enfants.

« Heureusement, ici, nous vivons en famille. Quand j’ai quelque chose, je le partage avec ma voisine. Ce qui fait que mes filles trouvent toujours de quoi à se mettre sous les dents », dit-elle d’un sourire forcé.

Même si une certaine forme de solidarité existe dans le camp, les déplacés disent y vivre dans un enfer permanent.

Malgré tout, ils sont obligés d’y rester, parce qu’ils n’ont pas d’autre endroit pour aller. Ils sont pressurés quotidiennement par les agents de sécurité, engagés par le propriétaire et qui agissent à leur guise, sans aucun respect des droits des déplacés.

« C’est un moyen utilisé par le propriétaire pour nous forcer à quitter l’espace. Il nous accuse de voleurs, de casseurs pour avoir toujours gain de cause. Pour rentrer dans le camp, on doit avoir une pièce exigée par les agents, sinon on reste dehors », informe Enock, un déplacé.

Le camp Grace Village est établi à la Rue Saint Charles (Carrefour, au sud de Port-au-Prince) sur un terrain appartenant à un certain pasteur Joël. Environ 350 familles déplacées y vivent.