P-au-P, 27 août 2012 [AlterPresse] --- Deux (2) habitants du camp Avic (situé non loin du siège principal de la compagnie téléphonique Natcom à Port-au-Prince) de personnes sinistrées du séisme de 2010, parmi 9 qui ont été interpellés lors du passage de la tempête Isaac, seront entendus ce mardi 28 août 2012, apprend AlterPresse.
« Sept (7) des habitants en garde à vue ont été relâchés le lundi [27 août] par le juge Ducas », en charge de l’affaire, informe Me. Patrice Florvilus, l’avocat des personnes interpellées, contacté par AlterPresse.
« La garde à vue se poursuit pour les deux autres, qui seront jugés… au tribunal de Paix, section S ».
Il « est rare qu’un juge de paix se déplace aussi rapidement après une affaire de ce type », relève Florvilus.
D’après lui, cette réactivité s’explique par une volonté de clore rapidement l’affaire, puisque, d’une certaine façon, elle pourrait éclabousser le président Joseph Michel Martelly.
Les charges, retenues contre les deux hommes en garde à vue, « troubles de la paix publique » dateraient d’une manifestation antérieure aux événements, durant laquelle ils auraient « brisé des vitres de voitures stationnées ».
Ils seraient considérés par les forces de police comme des « habitués » de ce genre de rassemblements, poursuit Patrice Florvilus.
Le samedi 25 août, la police avait interpellé ces 9 habitants, dont un mineur de 15 ans, suite à un rassemblement d’indignation.
Faisant face à une vulnérabilité critique due aux vents et aux fortes pluies, ayant accompagné le cyclone Isaac, les riverains de la zone, située au pied du siège de la Natcom à Port-au-Prince, avaient appelé en vain la protection civile pour demander de l’assistance depuis deux heures de l’après-midi (18:00 gmt).
Beaucoup de tentes essuyaient de lourds dégâts. Certaines n’avaient pas tenu, exposant des riverains de façon critique.
Restés sans réponse jusqu’à trois heures (de l’après-midi), ils s’étaient rassemblés aux abords du camp et bloquaient pacifiquement la rue, pour attirer l’attention des autorités.
Aucun acte répréhensible n’avait été commis, selon des sources concordantes collectées par AlterPresse.
A environ 15:10, plusieurs unités de police sont arrivées pour disperser la « manifestation ».
Ces agents sont ensuite entrés dans le camp, agissant avec une certaine violence, et ont interpellé : Fené Daniel, Carl Édouard Toussaint, Donald Monéus, Rene Andry, Figaro Domingue, Mechelange St Jean Junior, Bien-Aimé Jacques, Fritz Monuma et enfin Rock Junior, membre du comité du camp.
« La police est arrivée pour sécuriser le passage d’un convoi du président Martelly qui passait dans la zone », explique Jude Janvier, également membre du comité et présent lors des événements.
Sa version des faits est appuyée par les témoignages des habitants du camp, rencontrés sur place par AlterPresse.
Le président se serait arrêté, et aurait demandé aux agents de police de continuer à « pacifier » la situation, selon Janvier.
Les habitants du camp « ne réclament que justice » selon les mots de Carl Édouard Toussaint , le mineur de 15 ans gardé deux nuits en garde à vue, surtout pour ce sentiment d’abandon vécu lorsque, exposés aux pires intempéries, ils étaient restés sans réponse des autorités de secours.
« Nous vivons dans un camp, mais nous avons droit à un minimum de justice », rappelle Toussaint.
Le camp Avic compte environ 80 familles, selon les informations fournies à AlterPresse par l’organisation Force de réflexion et d’action sur la question du logement (Fòs refleksyon ak aksyon sou koze kay / Frakka en Créole).
Plus de deux ans après le séisme du 12 janvier 2010, plus de 300 mille personnes vivent encore dans ces abris spontanés. [jp kft rc apr 28/08/2012 08:50]