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Haïti-Violences policières : le RNDDH exige l’ouverture d’une enquête sur les exactions commises à Martissant

P-au-P, le 27 août 2012 [AlterPresse] --- Le 16 août, le RNDDH publiait son rapport sur l’expédition punitive des policiers contre la population de Nan Beny et Ti Bwa, dans le haut Martissant.

Son enquête relatait les faits, pointait du doigt les responsables, et dressait le bilan humain et matériel de ce déchainement de violence. Surtout, il appelait les autorités à ouvrir une enquête : l’Etat ne pouvait passer sous silence de telles exactions. Et pourtant…

Haut Martissant, le 31 juillet 2012, 8 heures du matin

Les témoignages récoltés par Alterpresse et le rapport RNDDH concordent, à l’exception de la question de la MINUSTAH. Ce matin-là, une bande armée non identifiée ouvre un feu nourri sur une voiture de police, blessant deux policiers. Ceux-ci répliquent dans une apparente indifférence pour les passants, pris par surprise entre deux feux.

Bientôt rejoints par 5 véhicules de l’Unité départementale pour le maintien de l’ordre (UDMO), les forces policières opèrent une manifestation de force dans la zone, mêlant fouilles et recherche des suspects à des actes de violence gratuite, punitive.

Le bilan dressé par le RNDDH est lourd : deux membres de la population sont blessés par balles. Sept motocyclettes et quinze habitations sont incendiées, des pare-brise sont cassés, des fonds de commerces détruits, des marchandises dispersées. Economies volées, papiers officiels partis en fumée, bastonnades et humiliations ont été rapportés.

Une attitude mitigée de la MINUSTAH

D’après le rapport, « toute l’intervention est réalisée en présence des agents de la Mission des Nations-Unies pour la Stabilisation en Haïti (MINUSTAH). En effet, lorsque les agents de l’UDMO sont arrivés sur les lieux, ils étaient accompagnés d’agents de la MINUSTAH, qui ont décidé d’assister passivement à l’intervention. Par la suite, ils ont aidé la population à éteindre le feu. Les sapeurs-pompiers haïtiens ne sont intervenus qu’après ».

Contactés par AlterPresse, les services de communication de la MINUSTAH n’ont pas encore donné suite à notre volonté de connaître leur version des faits. Nous publierons leur déclaration dès qu’elle nous sera communiquée.

Pour une réaction des autorités digne d’un État de droit

Le rapport appelle naturellement les forces de l’ordre à reprendre le contrôle de zones où se dissimulent des bandes armées, mais également de « mettre à la disposition de la justice tous les agents de la Police nationale haïtienne impliqués dans l’intervention ». A ce jour, l’appel pressant passé par le RNDDH pour l’ouverture d’une enquête est resté sans réponse de la part des autorités. [jp kft gp apr 27/08/2012 14:00]