P-au-P., 17 avr. 04 [AlterPresse] --- Le climat social est demeuré fragile dans plusieurs points du territoire national, par suite de l’action et d’opérations de différents groupes armés, dont des partisans du régime déchu, des ex rebelles, des militaires de la force multinationale et des membres de gangs, d’après un ensemble de faits et d’événements parvenus à AlterPresse.
Le calme ne fait que revenir peu à peu à Plaisance (nord) après le climat de violence instauré depuis la chute de Jean Bertrand Aristide par des partisans du régime déchu de l’ex président Jean Bertrand Aristide, selon des informations fournies à AlterPresse par le Rassemblement Démocratique Populaire (RDP).
Cette évolution survient 2 semaines après que Anthonal Mortimé porte-parole du RDP, regroupement d’une trentaine d’entités des secteurs démocratiques et populaires, ait alerté l’opinion publique sur des actes de représailles exercés contre la population et une opération de la police, accompagnée par des soldats de la force internationale, le 12 avril dernier.
Anthonal Mortimé maintient que les violences, qui ont fait 3 morts à Plaisance le 23 mars, ont été conduites par des membres du Parti Populaire National (PPN), allié de l’ancien parti gouvernemental, Famille Lavalas.
Un dirigeant du PPN, Georges Honorat, avait, dans l’édition 7-13 avril 2004 de l’hebdomadaire Haïti-Progrès (appartenant au chef du PPN, Benjamin Dupuy), démenti les propos d’Anthonal Mortimé et s’en était virulemment pris à AlterPresse (qui est transformée depuis quelques temps en cible privilégiée d’Haïti-Progrès).
« Les agresseurs sont des personnages connus à Plaisance et se sont identifiés comme des partisans de PPN », a insisté Mortimé dans une interview à AlterPresse.
Les membres des familles des victimes, qui ont donné une conférence de presse à Port-au-Prince le mercredi 07 avril ont soutenu les mêmes accusations et, selon des informations obtenues par AlterPresse, envisagent d’intenter une action en justice.
L’Association des Jeunes Progressistes de Plaisance (AJPP), qui existe depuis plus de 10 ans, va également dans le même sens. Un ancien maire de Plaisance, Audney Alcide, qui appartient à cette organisation, a pointé du doigt le PPN dans les violences de mars dernier à Plaisance.
Ces partisans du PPN, a indiqué Mortimé, ont été « armés par d’anciens élus contestés lavalas dont le maire Exalus Jeanty et l’ancien député Théodore Saintilus ».
Mortimé a dit ignorer si ces individus détenaient encore leurs armes au moment de s’enfuir lors de l’intervention policière. Suite à l’opération, 5 policiers ont demeuré sur place, a-t-il précisé.
Mortimé a affirmé que le RDP est déterminé à lutter pour sauvegarder le mouvement populaire qui, selon lui, subit des attaques de plusieurs secteurs.
Il a ainsi réitéré ses alertes sur une situation de tension qui persiste à Savanette, dans le Plateau Central (Est). La population vit constamment dans la crainte d’actions de groupes armés qui se sont identifiés comme des membres du Front des insurgés contre l’ancien régime.
Le premier avril, une personne avait été tuée et 3 autres blessées par ces individus armés à Savanette. Le 2 avril, un contingent du Front basé dans les communes voisines de Lascahobas et Belladère, etait intervenu à Savanette, avait procédé à l’arrestation de Jacques Lorédan, auteur présumé du meurtre, tandis que les autres agresseurs avaient pris la fuite.
Par ailleurs, Mortimé a rappelé que dans la même région, d’anciens militaires avaient entrepris, fin mars 2004, une opération d’intimidation contre les membres d’organisations populaires. Dans ce cadre, a-t-il souligné, un membre du Rassemblement des Jeunes de Savanette, Gabriel Guerrier, Directeur du Lycée Jean Pierre Louis, avait été arrêté par d’anciens militaires puis libéré le 29 mars.
Un nouveau directeur départemental de la police, Nazaire Noà« l, a été installé le 14 avril dernier dans le Plateau Central par le directeur de la police, Léon Charles, accompagné du général Ronald Coleman, commandant de la force multinationale.
A propos de la force multinationale, la Plateforme des Organismes Haïtiens de Défense des Droits Humains (POHDH) a dénoncé ce 15 avril des actes multiples de violation des droits humains par des militaires étrangers opérant dans plusieurs régions du pays.
Plusieurs incidents ont été rapportés par la presse durant les dernières semaines, au cours desquelles des personnes ont été tuées ou blessées à Port-au-Prince lors d’opérations de la force multinationale.
La POHDH a insisté sur l’occupation de l’Université Populaire de Tabarre par les marines américains qui l’ont transformée en quartier général de la force multinationale.
« C’est une violation du droit à l’éducation », a dit au téléphone à AlterPresse, Eliphète St-Pierre, dirigeant de la POHDH, critiquant le silence du gouvernement sur la question.
Par ailleurs, des cas d’agression et d’insécurité, liés à des conflits terriens (Ouest, Artibonite, Nord-Ouest), des opérations de rançonnement et d’abus, ont été enregistrés dans plusieurs localités de départements géographiques, encore dépourvues d’autorités administratives officielles et vouées aux combines de gens malintentionnés. [rv gp rc apr 17/04/2004 19:00]