correspondance Ronel Odatte
Hinche, 23 août 2012 [AlterPresse] --- La production et la vente du rapadou, sucre brun artisanal, semblent reprendre leurs droits après une décennie de ralentissement dans la zone du Plateau Central, constate AlterPresse.
A Marmont, Thomonde, Maïssade, Thomassique et Cerca-la-Source, entre autres, des producteurs rencontrés par AlterPresse affichent un air réjoui.
La raison ?
La rapadou est en train de revenir timidement dans les cœurs de plusieurs consommatrices et consommateurs au détriment du sucre industriel (communément appelé sucre blanc ou « crème »).
Mirana Althéas, une Haïtienne qui vit à New York, n’en démord pas.
Depuis son arrivée au pays pour les vacances, elle exige à sa famille de lui donner du rapadou dans son jus, son café et même son thé.
« Je voudrais conseiller à tout le monde de consommer le rapadou ou le sirop local, parce que c’est meilleur pour la santé », préconise t-elle.
La grande gagnante dans tout ceci, c’est notamment la culture de la canne-à-sucre, de laquelle est extrait le rapadou.
Propriétaire d’un moulin à cannes-à-sucre dans la localité de Savanne Longue (2e section de Marmont), Gary Lochard se félicite d’avoir produit des milliers de bâtons de rapadou en l’espace d’un mois et demi.
« Nous travaillons, jours et nuits, pour satisfaire notre clientèle », affirme t-il.
Dans la foulée, le prix de ce sucre brun artisanal a augmenté.
Le bâton de rapadou est passé de 125.00 gourdes à 175.00 gourdes (Us $ 1.00 = 43.00 gourdes ; 1 euro = 58.00 gourdes aujourd’hui).
Plus près de la frontière avec la République Dominicaine, les prix sont encore plus élevés.
« Le baril de sirop coûte dix mille cinq cents gourdes. Je ne veux pas parler de cherté, parce que notre bénéfice est déjà garanti », souligne, sans détour, Jules Sanon , un camionneur qui assure la distribution du sirop de canne-à-sucre, depuis 2010, entre Port-au-Prince et Hinche.
Ce sont les femmes qui s’adonnent le plus au commerce du sucre artisanal (rapadou).
Elles l’achètent sur le lieu de la production pour le revendre dans les marchés ou ailleurs, tandis que celles - qui ne peuvent pas faire le commerce en gros - achètent le rapadou à 175.00 gourdes le bâton, qu’elles revendent par rondelles (au prix de 5.00 gourdes chacune).
Dans certaines localités de la commune de Thomonde, les femmes sont nombreuses à gérer de petits commerces de rapadou ou à le produire.
Jeanne Louis, qui a quitté Port-au-Prince en 2010, après le séisme, s’adonne à la culture de la canne-à-sucre et travaille dans un moulin à Marmont.
« J’ai des contacts avec beaucoup de gens, qui habitent dans les villes qui me demandent toujours de leur apporter du sirop et du rapadou. Mes sœurs font la même chose. Elles ont des clients à Port-au-Prince et au Cap-Haïtien, qui ne veulent plus utiliser le sucre industriel. Grâce à cette activité, je n’ai plus à revenir à Port-au-Prince. Je compte rester à la campagne pour faire des affaires », confie t-elle.
Le rapadou est produit exclusivement à partir du jus de canne, mis à bouillir pendant une période de 5 à 6 heures.
Une fois séché, le produit obtenu est enroulé dans des feuilles de palmier, qui servent de moules.
Ensuite, le rapadou est mis en vente sous forme de cylindre d’environ un mètre (appelé "kayèt’’ en Créole haïtien) ou en rondelles. [ro kft rc apr 23/08/2012 1:00]