P-au-P, 21 août 2012 [AlterPresse] --- Une véritable machine est mise en marche, par l’administration politique, ce mardi 21 août 2012, pour l’installation, dans la capitale haïtienne, d’un organisme électoral permanent de 6 membres qui viennent de prêter serment en début d’après-midi au siège du conseil électoral, observe l’agence en ligne AlterPresse.
En dépit d’une vague de protestations nationales, les 6 membres (au lieu de 9), nommés dans des conditions de suspicion et de controverse, ont pris fonction comme officiers électoraux permanents, pratiquement sur volonté de l’exécutif politique.
Dans un message au « peuple haïtien », le soir du lundi 20 août, Michel Martelly,dit avoir « opté pour la solution constitutionnelle », en proclamant à nouveau fermement son intention de mettre en place un conseil électoral permanent prévu par l’article 192 de la Constitution amendée.
Martelly place cette initiative d’institutionnalisation dans la lignée des grands événements du pays, notamment le soulèvement des esclaves du 21 août 1791.
Dans son discours du 20 août 2012, un peu à la manière des grandes sorties politiques de la période des Duvalier, le chef de l’État se présente comme l’instaurateur d’un État de droit dans une « gouvernance réellement démocratique » et situe son action dans une rupture d’avec « la tradition du provisoire ».
La proclamation d’un conseil électoral permanent, après 16 conseils provisoires en un quart de siècle (1987 - 2012), symbolise cet « esprit » d’institutionnalisation de l’État haïtien que Martelly inscrit dans une série de mesures.
« J’ai fait publier la loi relative à la Constitution amendée (…), j’ai également formé le conseil superieur du pouvoir judiciaire (Cspj) » et « j’ai mis fin au vide inadmissible qui persistait depuis sept ans à la Cour de cassation », avance t-il.
La déclaration de Michel Martelly de lundi soir apparaît aussi comme une rupture, car elle semble surtout vouloir trancher un nœud gordien après une période d’agitation au sein même des trois pouvoirs.
En affirmant que « le conseil électoral est donc un défi relevé » et qu’il a « opté pour la solution constitutionnelle », Martelly semble basculer dans l’ironie.
Les trois représentants du parlement sur les neuf (9) membres du conseil electoral permanent, prévus par la Constitution amendée, n’ont toujours pas été choisis et les négociations sont au point mort.
L’on évoque même des conseillers provisoires pour siéger au sein du conseil permanent.
Rythmée par les ultimatums de l’exécutif, la constitution du conseil électoral permanent semble avoir eu comme leitmotiv la vitesse, un peu à rebours de l’affirmation de Michel Martelly : « [La démocratie] se construit au jour le jour ».
Un état d’urgence, qui a pu finir par bloquer les procédures au parlement, quasiment dans une réalité de dysfonctionnement depuis l’aboutissement, le 14 mai 2012, du processus de ratification, du premier ministre Laurent Salvador Lamothe.
Au bout du compte, le rôle de l’exécutif dans le conseil électoral permanent parait aller bien au-delà du choix de ses trois représentants.
L’opacité des nominations des représentants du pouvoir judiciaire ainsi que l’accélération constante du processus, au détriment du parlement, viennent rappeler que les intérêts du pouvoir exécutif dans cette affaire sont l’organisation des élections, et donc des mandats.
« J’invite les différents secteurs de la vie nationale à jouer leur partition, au nom de la patrie commune, au lieu de fragiliser davantage les institutions de notre jeune démocratie », affirme Michel Martelly pour clore son discours plutôt enjoué. [cp kft rc apr 21/08/2012 11:35]