Par Jeremie Postel
P-au-P, 20 août 2012 [AlterPresse] --- Le Parti Haïtien Tèt Kale (PHTK) a été légalement enregistré au Ministère de la Justice, le jeudi 16 août dernier, conformément aux conditions prévues par le décret du 31 juillet 1986 sur les partis politiques, soulevant par sa création plusieurs questions.
Présidé par la Chef de Cabinet du Président Martelly, Anne Valérie Timothé Milfort, « c’est un parti de centre droit à tendance libérale, favorable au désengagement de l’Etat dans l’économie, à la transformation profonde et durable du pays », a rapporté M. Jean Roudy Aly, directeur général du ministère de la Justice au Nouvelliste.
Le paysage médiatique haïtien soulève unanimement la question d’un parti probablement appelé, de par sa proximité avec la présidence Martelly, à fédérer d’autres formations dans une coalition électorale de grande envergure.
L’ex-sénateur Joseph Lambert, coordonnateur de Konbit Sidès, et l’ex-sénateur Youri Latortue, à la tête du parti Ayiti An Aksyon, seraient intéressés par une plateforme alliant leur formation au nouveau venu, le PHTK, poursuit le Nouvelliste. Le parti qui avait porté M. Martelly à la magistrature suprême, Repons Peyisan, se tient pour l’instant à l’écart.
La nébuleuse Tèt Kale s’est donc complexifiée. Mouvement Tèt Kale, Académie du mouvement Tèt Kale, Parti Haïtien Tèt Kale : on ne sait encore si la création du parti vise à donner à l’ensemble une cohérence, une voix, et de véritables moyens d’action. Cependant, la proximité du mouvement-parti avec la présidence offre quelques pistes de réflexion.
Leitmotiv de la campagne de Martelly, Tèt Kale est d’abord un état d’esprit politique, un slogan de présidentiable alliant la détermination à la sérénité. C’est également une référence au crâne rasé du candidat devenu président, qui sait jouer, en homme habitué des publics, de son image et créer des symboles évocateurs et fédérateurs. L’expression Tèt Kale avait même permis quelques légères mais graveleuses plaisanteries, quand le président a dérapé lors de l’inauguration d’une école.
Ce qui pourrait passer pour un renouveau dans le paysage politique correspond, en réalité, à un phénomène déjà largement observé dans nos frontières. C’est dans cette optique que l’on a pu comparer la création de ce parti aux tentatives – peu abouties – des Présidents Jean Bertrand Aristide et René Préval à construire des plateformes politiques leur assurant une large adhésion populaire.
Le rôle de cette formation politique dans un futur proche devra probablement être observé à la lumière, d’une part, des batailles menées par l’exécutif, et d’autre part, des élections sénatoriales et municipales. [jp kft apr 20/08/2012 16 :10]