correspondance Ronel Odatte
Hinche, 20 aout 2012 [AlterPresse] --- Plus d’une dizaine d’organisations paysannes et politiques élèvent la voix pour critiquer le chef de l’exécutif haïtien, Michel Martelly, pour avoir décidé unilatéralement de mettre sur pied le Conseil électoral permanent.
Le Mouvement paysan de papaye (Mpp) appelle le chef de l’Etat à rectifier le tir, car "personne ne va lui donner la chance de doter le pays d’un conseil électoral taillé sur mesure". Son porte parole adjoint, Philfrant Saintnaré, indique que le président Martelly veut se servir de la constitution amendée pour pérenniser son pouvoir.
« Nous avons un président qui fonctionne sous le diktat de la communauté internationale », déclare Saintnaré. Selon lui, le locataire du palais national voudrait faire main basse sur les prochaines élections, et pour cela, il voudrait s’assurer d’avoir tout sous son contrôle.
Le porte de l’organisation paysanne, qui se dit être en faveur de la formation d’un Conseil électoral provisoire de consensus, soutient que l’ancien chanteur de Sweet Micky, aujourd’hui président, est un producteur de crise. « Depuis son accession au pouvoir, Haïti va de crise en en crise ».
Le coordonateur du Mouvement des jeunes de Hinche (Mjh), Mojelin Pierre Julien, qualifie de "ridicule" la nomination des conseillers électoraux. Selon Mr Mojelin Pierre Julien, cette décision pourrait entrainer une grave crise politique en Haïti.
« L’on ne peut pas constituer un Conseil électoral permanent en dehors des normes juridiques. Je ne veux pas croire que la présidence a les moyens de sa politique pour mener à bien son projet. Martelly veut s’accaparer de tous les pouvoirs et c’est à nous de ne pas lui laisser le champ libre », préconise-t-il.
La Ligue pour la défense et le respect des droits de l’homme au Plateau Central invite la présidence haïtienne à se ressaisir. La porte parole adjointe de l’organisation, Joanne P. Dervilus, dit ne pas comprendre le bien fondé de cette démarche.
Le conseil électoral permanent doit comporter 9 membres tel que prescrit par la constitution amendée en son article 192. « Nous sommes pour la pleine et entière application des lois en vigueur », martèle la responsable.
Dans les communes de Cerca-la-Source et de Thomassique (haut Plateau Central) les organisations paysannes critiquent sévèrement l’exécutif. Le coordonateur de l’association des paysans de Cerca-la-Source, Emanés Faoutine, souligne pour sa part que ce Conseil électoral permanent est "illégal et illégitime" tandis que le président de la fédération des organisations paysannes de Thomassique (FOPTH), Jackson Montpremier, plaide en faveur de la formation d’un Conseil électoral provisoire.
A Maissade, la responsable de l’organisation paysanne de Maissade (OPM) Marie Lucie Adolphe rejette d’un revers de main la formation du Conseil électoral permanent. « Michel Martelly veut suivre les traces de (l’ancien président) René Préval et je pense que la mobilisation ne tardera pas ».
A Lascahobas/Belladère et a Thomonde les organisations paysannes telles que : l’Organisation paysanne pour le changement social de Lascahobas (OPCSL), le Rassemblement des paysans de baptiste (RPB) et l’Organisation des paysans de Benako/Thomonde (OPBT) optent tous pour la mise en place d’un Conseil électoral provisoire.
Le coordonateur régional du parti politiquer Organisation du peuple en lutte (OPL), Esdras veyard, qualifie de "provocation" la nomination de 6 conseillers électoraux sur 9. Veyard annonce pour bientôt des activités de mobilisation pour empêcher le pouvoir de faire main basse sur toutes les institutions de ce pays.
Le président Michel Martelly a nommé le 16 août dernier 6 personnalités au lieu de 9 devant former le Conseil électoral permanent. [ro apr 20/08/2012 13 :40]