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HaïtiWebdo, semaine du 12 au 18 août 2012

Haïti-Politique : L’avion électoral de Martelly prêt à décoller

P-au-P, 20 aout 2012 [AlterPresse] --- Sans se soucier de la proposition du président de l’assemblée nationale de surseoir à la mise en place du Conseil électoral permanent, qui a provoqué une crise au sein du Conseil supérieur du pouvoir Judiciaire, le Chef de l’Etat, Michel Martelly, a paraphé, mercredi 15 août 2012, un arrêté nommant 6 des 9 membres du Cep.

Un jour après, le 16 août, le ministre de la justice, Jean Renel Sanon, confie à la presse que son ministère a délivré l’autorisation de fonctionner au « Parti haitien Tèt Kale (Phtk) » dont, il est lui-même membre. Le Phtk est dirigé par des proches de Michel Martelly, dont Anne Valerie Milfort, sa cheffe de cabinet.

Martelly forme un Cep de 6 membres. Pas content ? « Anbake » !

Mercredi 15 août, avant de se rendre en République dominicaine pour participer à l’investiture du nouveau président dominicain Danilo Medina, le chef de l’Etat haïtien prend en plein congé de la Notre Dame, un arrêté nommant 6 des 9 conseillers électoraux permanents.

Du coup Martelly entérine le choix « unilatéral » des trois représentants du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire par Anel Alexis Joseph, président du Cspj, réputé « dépendant » de l’exécutif.

Dans la liste des 6 membres nommés au nouveau Conseil Electoral Permanent figurent les représentants de l’exécutif, Josué Pierre-Louis (ex-ministre de la justice), Gustave Acacia et Reynaldo Bonnet et les représentants du pouvoir judiciaire, Yves Benoit Jean-Marie, Salnave Exantus, Patrick Métellus, reconnus proches de Martelly.

Quel est le véritable motif de l’empressement du chef de l’Etat à constituer le Conseil électoral permanent ? L’opposition aura-t-elle raison de parler de Conseil électoral présidentiel ? Quel est le niveau d’implication de l’international ?

Le pouvoir « tèt kale » a son parti… « Parti haitien tèt kale »

Pas question pour le pouvoir de ne pas avoir son chapeau légal pour participer aux prochaines joutes électorales. C’est ce que semblent se dire les proches de Michel Martelly en présentant sur les fonds baptismaux un nouveau parti politique dit de tendance "centre droit libéral" : le parti haïtien tèt kale.

C’est le ministre de la justice et de la sécurité publique, Jean Renel Sanon, membre de ce parti qui a fait l’annonce, le 16 août 2012.
Ce parti est favorable au désengagement de l’Etat dans l’économie c’est-à-dire pour le triomphe des capitaux privés dans l’économie nationale.

Vingt proches de Martelly dont Yanick Mézil, ministre à la Condition féminine et aux Droits des femmes, Antoine Joseph, Yasmine Saba, Guy William, Clémenta Délice, emmenés par Anne Valérie Thimothé Milfort, chef de cabinet du président Martelly, forment le noyau central du parti.

« Pati politik peyizan »,« Parti haitien tèt kale », « Ayiti An Aksyon », « Konbit Sidès » sont pressentis dans la formation d’une éventuelle plateforme ou alliance politique pour participer aux prochaines élections haïtiennes. Sensation de déjà vu, disent certains.

Martelly serait-il en train de s’arranger pour tout rafler aux prochaines compétitions électorales ? Aura-t-il appris cette leçon de son prédécesseur René Préval : toujours mettre en place sa plateforme présidentielle pour gagner les élections sénatoriales, communales et locales ?

Conseil électoral Permanent…sans le pouvoir législatif

Le président de l’assemblée nationale, Dieuseul Simon Desras, dans une lettre datée du dimanche 12 août 2012 fait part à Martelly officiellement de l’incapacité du pouvoir législatif à rentrer dans la démarche de constitution d’un Cep comme le veut la constitution 1987 amendée.

Desras appelle Martelly à régler à court terme une crise de longue haleine dont plusieurs secteurs espèrent la résolution depuis l’adoption de la Constitution amendée.

Le sénateur n’a pas fait l’économie du rappel du scandale au sein du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire suite au choix jugé autoritaire et unilatéral par son président, Anel Alexis Joseph, des personnalités réputées proches la présidence de Martelly.

Comment faut-il donc définir Cep ? Conseil électoral permanent ou Conseil électoral présidentiel se demande déjà l’opposition politique ? A quelle distance est-on de la crise électorale ?

Haute cour de justice pour Anel Alexis Joseph et retrait de l’arrêté de Martelly

Lundi 13 août 2012, l’assemblée des bâtonniers prend une résolution dont l’un des points autorise la fédération des barreaux d’Haïti à porter plainte contre le magistrat Anel Alexis Joseph, président du Cspj, devant la chambre des députés.

La lettre d’introduction de la « mise en accusation pour forfaiture » devait être adressée vendredi 17 août aux députés.

L’article 12 de la loi créant le Cspj rend ses membres traduisibles en justice et vu leur statut de haut fonctionnaires de l’Etat, c’est la haute cour de justice qui les jugera.

Dans la même lignée, dix organisations et plateformes de promotion et de défense des droits humains exigent de l’executif le retrait immédiat de l’arrêté présidentiel nommant les six membres du Conseil électoral permanent (Cep), dans une note publiée ce 16 août 2012.

Parmi ces organisations, on retrouve la Plate-forme des organisations haïtiennes des droits humains (Pohdh), Haïti Solidarité Internationale (Hsi), Mouvement des Femmes Haïtiennes pour l’Education et le Développement (Moufhed) et l’Association des Juristes pour la Défense des Droits de la Personne en Haïti (Ajdph).

Elles s’alignent sur la même position que la Fédération des barreaux d’Haïti (Fbh) en appelant le parlement haïtien à traduire par devant la haute cour de justice le président du Cspj et également de la cour de cassation, Anel Alexis Joseph, ainsi que tous ceux qui sont impliqués dans l’affaire.

Entre temps Anel Alexis Joseph se dit ferme à son poste.

Le parlement haïtien, fragilisé et foulé aux pieds à plusieurs reprises par l’exécutif, saura-t-il utiliser ses prérogatives constitutionnelles ? Quel avenir pour la démocratie dans cette crise au plus haut sommet de l’Etat impliquant les 3 pouvoirs ?

Chaise musicale chez Martelly-Lamothe...petite revanche aussi ?

Certains fidèles de l’administration Martelly-Lamothe, ont eu une bonne raison de célébrer la Notre-Dame, le 15 août 2012.

Parmi les heureux, le journaliste, secrétaire général de Sos journalistes, Guyler C. Delva, est nommé secrétaire d’Etat de la communication. Sous l’administration de Préval, ce journaliste présidait une commission présidentielle sur les cas de journalistes assassinés.

Wilner Valcin, Robert Labrousse, Nixon Myrthil sont respectivement les nouveaux secrétaires d’Etat de la Planification ; de la Coopération externe et des Affaires Etrangères.

Le même jour le Commissaire divisionnaire Godson Orélus, jusque-là directeur de police judiciaire, a été nommé à la fonction de « Directeur général a.i. de la police nationale » en remplacement de Mario Andressol dont le mandat se rapproche de son terme.

Toutefois, il revient au sénat de ratifier le choix d’Orélus.

Ces remaniements, sont-ils véritablement dus à la recherche de résultats pour le "décollage" du pays, s’interroge-t-on ?

Un lobbyste américain de l’administration Martelly auprès de Washington

Walter Corley est le nom du lobbyste américain engagé par l’administration de Martelly, auprès du gouvernement etasunisien et les congressmen.

Pendant un an, Corley doit tenter de convaincre les responsables américains à adopter des législations favorables à l’aide au développement et la reconstruction en Haïti.

Il est sous contrat depuis le mois d’avril 2012.

Que se passera-t-il si monsieur Corley ne réussit pas son lobby ?

Quand un citoyen haïtien dénonce l’épouse et le fils du président Martelly

Jeudi 16 août 2012, Le citoyen haïtien exerçant la profession d’avocat, Newton Louis St Juste, a dénoncé par lettre au commissaire du gouvernement de Port-au-Prince, Sophia Saint- Rémy Martelly, épouse du chef de l’État, et son fils Olivier Martelly pour« usurpation de titre ou fonction et association de malfaiteurs ».

La mise en mouvement de l’action publique contre les concernés est requise par le dénonciateur du magistrat Jean Renel Sénatus.

Une copie de cette dénonciation a été adressée également aux commissions justice du Sénat et de la chambre des députés via leur bureau aux fins d’enquêter sur la question conformément à l’article 118 de la constitution haïtienne.

Quelle chance, ce citoyen a-t-il de voir sa requête prise en compte par le commissaire du gouvernement nommé par le chef de l’Etat ?

Déjà de la grogne contre l’interdiction des sachets en plastique

A partir du 1er octobre 2012, l’Etat haïtien interdit sur son territoire la fabrication, l’importation et la commercialisation de certains récipients en plastique.

Sont rangés dans cette catégorie les sachets en polyéthylène noir, les objets fabriqués en polystyrène expansé (PSE), lequel, ajouté à un gaz permet d’obtenir des ustensiles (gobelets, assiettes, de bouteilles et des plateaux) de couleur blanche destinés à servir des aliments.

Cette décision est prise à travers un arrêté le 9 août 2012, informe un communiqué émanant du bureau du premier ministre, Laurent Salvador Lamothe.

Une première manifestation d’employés d’usines de traitement d’eau Alaska, aux cris de « A bas Martelly » est déjà enregistrée à Port-au-Prince en début de semaine.

Les Zamor, propriétaires de cette entreprise et Anne Marie Issah, responsable de communication d’Alaska ont brandi la menace du chômage pour contrecarrer cette décision liée à une préoccupation environnementale du gouvernement.

Rappelons que les entreprises Alaska en partenariat avec une autre entreprise ont commercialisé de l’alcool dans les mêmes sachets en plastiques.

Quel est l’avenir de cette mesure dans un pays où les intérêts économiques priment généralement sur l’équilibre environnemental ? [efd kft gp apr 20/08/2012 09 :10]