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HaitiWebdo, semaine du 5 au 11 août 2012

Haïti-Conjoncture : Incertitude

P-au-P, 13 août 2012 [AlterPresse] --- Des décisions susceptibles de troubler la sérénité politique, des projets d’urgence en guise de politiques publiques clairement présentées et des promesses continuent de rythmer la première année de la présidence de Michel Martelly et les 3 premiers mois du gouvernement dirigé par Laurent Salvador Lamothe, constate l’agence d’information en ligne AlterPresse.

Un conseil qui perd le cap

Établi le 3 juillet dernier(2012), le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (Cspj) vient de se priver du service de 2 de ses membres, les délégués des associations de défense des droits de la personne, Dilia Lemaire, et des barreaux de la République, Néhémie Joseph.

Des départs qui arrivent suite à la nomination des représentants du Cspj au Conseil électoral permanent. Cette nomination serait le fait de la présidence qui dicterait au Cspj ses moindres décisions.

Composé originellement de 9 membres, près de la moitié des membres de ce conseil ont paraphé une lettre pour nier avoir désigné ces fameux représentants.

« Je n’ai rien fait de mal », a, pour sa part, déclaré Arnel Alexis Joseph en guise de défense, tout en affirmant qu’en aucun cas il ne « rendra son tablier ».

Un Conseil électoral permanent à tout prix ?

La version reproduite de la Constitution amendée stipule que le Conseil électoral doit être permanent et constitué des 3 représentants de chacun des trois pouvoirs de l’État (exécutif, judiciaire et législatif).

Les délégués du pouvoir législatif et de l’exécutif sont prêts et il ne manque que les joueurs du corps législatif. Mais le parlement reste divisé entre ceux qui optent pour la mise en place d’un Conseil électoral provisoire et ceux qui souhaitent l’établissement d’un Conseil électoral permanent.

Certains parlementaires craignent la mise sur pied d’une machine électorale « présidentielle ».

Et la présidence haïtienne n’accorde au pouvoir législatif que 8 jours (à partir du 9 août) pour choisir ses représentants, autrement le Conseil ne comptera que 6 membres.

de son côté, le bureau du premier ministre juge nécessaire d’organiser les élections à la fin de l’année pour remplacer le tiers du Sénat (10 sénateurs sur 30) et les autorités chargées de la gestion des municipalités.

En tout cas, le président continue de nier qu’il entend contrôler le Conseil électoral, tout en considérant d’« attitude jalouse et envieuse » les déclarations qui portent à croire cela.

En tout cas « si c’est le peuple qui me juge, il me jugera bien », croit le président Michel Martelly.

Le temps de la souffrance …

« … On souffrira comme tous les autres pays », c’est la conclusion du chef de l’État haïtien sur la question de la crise alimentaire, occasionnée par la sécheresse et qui touche plusieurs pays.

Une prise de position qui n’arrive pas avec des mesures pratiques, sinon l’annonce d’un projet de création d’un parc agricole qui a été analysé avec la Banque interaméricaine de développement (Bid).

Et, de son côté, le ministre de l’agriculture Jacques Thomas n’a annoncé, au cours du conseil gouvernemental tenu dans la ville des Cayes (Sud) le mercredi 8 août 2012, qu’un programme d’urgence qui devra employer 8 à 10 mille personnes.

Prévu pour les Cayes, ce programme durera seulement 2 mois. Il coûtera 1 milliard de gourdes (US $ 1.00 = 43.00 gourdes ; 1 euro = 58.00 gourdes aujourd’hui), toujours selon le ministre.

D’autres programmes tels, "ti manman cheri - petite maman chérie" - ou "Aba grangou - non à la faim" - ne semblent pas pouvoir servir de bases argumentatives pour Michel Martelly.

Une autre rentrée scolaire reportée

La rentrée des classes pour l’année académique 2012 -2013 annoncée initialement au 3 septembre a été reportée au 1er octobre par l’administration de Martelly.

Pour certaines organisations impliquées dans l’éducation, cette décision ne garantit pas que les parents soient réellement prêts.

A l’inverse, les élèves haïtiens risquent de passer moins de jours à l’école que leurs petits voisins caribéens. Les organisations déplorent aussi le fait de ne pas avoir été contactées par le gouvernement.

Les enseignants, de leur côté, annoncent déjà une grève pour la rentrée, dans le but de réclamer de meilleures conditions de travail.

Néanmoins, l’ex-ministre de l’éducation, Réginald Paul (jusqu’au lundi 6 août 2012), avait annoncé que le gouvernement allait travailler pour permettre aux élèves de récupérer les jours perdus et garder le nombre de jours scolaires entre 190 à 200 jours.

Modification de l’équipe gouvernementale

L’exécutif a décidé de remplacer les titulaires de quelques ministères.

Ainsi, Pierre Richard Casimir, Vanneur Pierre et Jean Vilmond Hilaire remplacent-ils respectivement Laurent Lamothe au poste de ministre des affaires étrangères et des cultes, Réginald Paul au poste de ministre de l’éducation nationale et de la formation professionnelle et Ronald Toussaint à celui de ministre de l’environnement, selon une decision en date du 6 août 2012 du premier ministre Laurent Salvador Lamothe.

Quant aux permutations, Laurent Lamothe (premier ministre) - qui a été ministre des affaires étrangères - est devenu ministre de la planification et de la coopération externe, à la place de Josepha Gauthier mutée aux Affaires sociales et au travail, un poste qu’occupait Ronsard Saint-Cyr.

Ce dernier remplace Thierry Mayard Paul au ministère de l’intérieur et des collectivités territoriales.

Néanmoins, à la fin de la semaine (5 au 11 août 2012), Thierry Mayard-Paul a été nommé "conseiller privé du président de la république avec rang de ministre’’.

Le Sud exposé à la drogue…

Les côtes Sud du pays sont exposées au trafic de la drogue, selon une déclaration du chef de la police Mario Andrésol.

La zone Sud est la plus exposée, explique le directeur général de la Pnh.

Une cargaison de 1,600 kilos de marijuana et de 400 kilos de cocaïne a été saisie et brûlée à Ganthier/Ouest (3 août 2012). Trois Colombiens ont été arrêtés.

Des ministres appelés à donner des résultats

Après la ville du Cap- Haïtien au mois de juillet 2012, c’est la ville des Cayes qui a accueilli le cinquième conseil gouvernemental déroulé le 8 août 2012 sous le thème, « konsèy gouvènman, fòk pèp Sid la jwenn : Conseil gouvernemental, le peuple du Sud doit en bénéficier ».

Cela a été l’occasion pour les ministres de présenter les travaux qu’ils comptent entreprendre aux Cayes. Le premier ministre a également visité plusieurs chantiers.

Certains habitants, questionnés à Boudet - à moins d’un kilomètre de la ville - n’étaient pas au courant de la tenue du conseil.

Le prochain conseil doit avoir lieu dans la capitale, Port-au-Prince. [srh kft gp apr 13/08/2012 10:00]