Paris, 8 avr. 04 [AlterPresse] --- La présence des forces étrangères en Haïti depuis le départ du pouvoir de Jean-Bertrand Aristide, ne fait pas sourire le leader de l’Organisation du Peuple en Lutte (OPL). Pour Gérard Pierre-Charles, « le contexte haïtien aujourd’hui est un contexte de traumatisme national ». Il qualifie de « tragédie » la présence de troupes étrangères dans le pays au cours de l’année du bicentenaire de son indépendance.
Gérard Pierre-Charles fait partie de ceux qui pensent que la présence étrangère était presque indispensable vu le chaos dans lequel le pays s’aventurait durant les derniers jours du pouvoir lavalas. D’ailleurs il tient à rappeler à la presse internationale -au cours d’une conférence de presse au Centre d’Accueil de la Presse Etrangère (CAPE), à laquelle a assisté ce 8 avril le correspondant d’AlterPresse - que l’intervention a été « souhaitée » et « demandée » par Jean-Bertrand Aristide. Le seul bémol de la question c’est que les militaires étrangers ne sont pas venus le protéger comme il le souhaitait.
Aujourd’hui, face à cette présence des troupes étrangères, certains secteurs ont de l’amertume. Mais aucune hostilité ne s’est dégagée de la population. Ce n’est pas que les Haïtiens ne soient plus patriotes, souligne Abel Descollines (journaliste haïtien qui a du fuir le pays durant le régime Aristide) qui participait également à cette conférence de presse, mais la situation dans laquelle lavalas a mis le pays et le contexte international actuel facilitent la présence des soldats étrangers.
Seulement, la présence des forces internationales dans le pays ne doit être ni une intervention coloniale, ni impériale. Ce ne doit être non plus une mission de maintien de la paix comme le veut faire entendre les Nations-Unies. Mais une mission de construction nationale, estime Pierre-Charles.
Réagissant aux déclarations d’un conseiller spécial de l’Organisation des Nations Unies, Réginald Dumas, qui a précisé que l’assistance internationale à Haïti devrait s’étendre sur 20 ans pour que le pays puisse prendre le train du développement, Gérard Pierre-Charles s’est exclamé : « 20 ans d’assistance internationale à Haïti c’est trop ! »
Pour le responsable de la Convergence Démocratique, « la présence étrangère n’a qu’un effet de dissuasion. Elle aura son vrai sens que lorsqu’elle sera conforme aux besoins de la population. ». Et, la mission de stabilité de l’ONU qui doit remplacer, en juin, la force internationale (composée des Etats-Unis, de la France, du Canada et du Chili) doit avoir un mandat clair.
Pour cela, des pas doivent être faits et du côté haïtien et du côté des amis d’Haïti pour que cette étape soit la plus fructueuse que possible pour Haïti. « Il faut trouver la meilleure formule pour que la mission étrangère nous aide à reconstruire un consensus en Haïti », déclare Gérard Pierre-Charles. [wa apr 08/04/2004 22:00]