Par Roody Edmé *
Spécial pour AlterPresse
De violents combats ont lieu à Alep, ville métropolitaine du sud de la Syrie. Damas, la capitale résonne encore du bruit de l’abondante artillerie utilisée par les forces fidèles au président Assad confrontées dans un combat au finish avec les forces de l’Armée syrienne libre.
Ces dernières avaient, il y a quelques jours, réussi une opération d’une rare audace au cœur même du dispositif sécuritaire syrien.
Des officiers du cercle le plus proche du pouvoir sont restés sur le tapis, suite à une rencontre plutôt explosive dans laquelle un kamikaze a déclenché une charge suicidaire.
Cet attentat, signe patent des failles qui cisaillent un régime longtemps emmuré dans la logique de force semble sonner l’hallali du clan Assad.
Bashar el Asad qui a été à la dure école de son père tente, depuis un an, de maîtriser au fil de l’épée et de la mitraille, une conjoncture insurrectionnelle susceptible d’emporter son régime héréditaire jusqu’ici considéré par l’Occident comme l’un des verrous du Moyen Orient face au « péril islamiste ».
Le président Syrien n’est pas seul. En plus de ses alliés russes et chinois avec lesquels la Syrie développe de lucratives affaires et des accords secrets de sécurité, le chef de l’Etat syrien est de la Tribu des Alaouites et sa chute pourrait entraîner des représailles contre les membres les plus en vue de son clan. La peur peut donc augmenter l’ardeur au combat de ses hommes.
Les observateurs craignent qu’une guerre ethnique qui ne dit pas son nom aurait commencé en Syrie. L’agonie apparente du régime syrien risque d’être lente et sanglante et un lion blessé est encore plus dangereux.
La Syrie dispose d’un arsenal chimique que suivent à la trace les Etats-Unis et Israël qui craignent qu’il ne tombe entre les mains peu amicales des kamikazes du Hezbollah qui opèrent à quelques encablures de la frontière syrienne, au Liban voisin.
Ce matin (2 aout 2012), Marcus de la radio haïtienne Mélodie FM, reprenant une dépêche de l’agence Reuters a évoqué le soutien des Etats-Unis, officiellement logistique, aux forces opposées au régime syrien. Tandis qu’on signale la présence de bateaux soviétiques dans des ports syriens. Tout se passe comme si dans ce cas, l’Histoire repassait les plats avec un arrière goût de guerre froide.
Sur le terrain, dans l’âpreté des combats, une confusion règne au milieu de la grande mêlée des combattants venus de partout dans une région qui n’en manque pas. Quel groupe finira par tirer les marrons du feu ?
L’opposition syrienne, en pleine érosion, ne semble pour le moment pas en mesure d’offrir une alternative sereine et démocratique. On peut craindre le risque de la partition d’un pays qu’une guerre insoutenable a plongé dans l’Humanitaire. Et un effet domino dans une région qui peut facilement s’embraser.
Aux dernières nouvelles, Kofi Annan a démissionné de son rôle de médiateur dans la crise, laissant encore plus étroite l’impasse diplomatique dans laquelle s’est embourbée une crise aux « racines profondes et nombreuses ».
* Enseignant, éditorialiste